Chapitre 8

183 53 28
                                    

Maddie

Je savais que je ne sortirais pas indemne de ce cours d'anglais. C'est ainsi que je n'ai pas été très étonnée quand M. Robert m'a priée de rester. Cependant, je ne peux m'empêcher de ressentir cette petite appréhension face à ce qui va suivre.

- Il faut croire qu'être gentil ne marche pas avec vous, Mademoiselle, commence-t-il avec un grand sourire.

Son sourire ne m'inspire pas confiance. Il est hypocrite. Imprégné d'hypocrisie.

- Écoutez, je ne vais pas vous le dire dix millions de fois, je vous ais déjà dit hier d'arrêter de mettre vos tenues provocantes. Si ça ne rentre pas dans votre tête, je crains d'être obligé de vous renvoyer de mes cours. Ce n'est pas de gaieté de cœur, croyez-moi. Ça ne me dérange pas, loin de là. Mais vous savez, ça peut embêter certaines personnes...

Je serre les poings de toutes mes forces. Je ne me reconnais pas. Je ne me reconnais plus. Je ne sais pas ce qui se passe en moi mais cette boule au ventre prend toute la place. Comme si elle me criait "Eh oh ! Je suis là, ne m'oublie pas." Elle me suit à la trace et aujourd'hui, on ne fait plus qu'un. Ce n'est pas de gaieté de cœur, croyez-moi...Mais je ne peux m'empêcher de laisser sortir un petit rire. C'est un tantinet un peu trop provoquant, je le sais. Rire au nez de son professeur est la dernière chose à faire surtout quand il vous réserve une haine incommensurable. Et pourtant, je ris sans plus pouvoir m'arrêter. Je mets ma main devant ma bouche, tentative vaine pour essayer de cesser de rire. Et une fois que j'arrive à me calmer, je vois dans ses yeux qu'il me déteste un peu plus. Je suis allée trop loin. Mais il faut croire que je suis folle ou totalement suicidaire. J'ouvre et referme ma bouche à plusieurs reprises et quand les mots sortent enfin, cela confirme ce que je pensais, je suis frappée par la folie et ne tiens guère à la vie.

- Êtes-vous sûre de ne pas faire partie de ces "certaines personnes" ?

Si j'avais une feuille sous la main, je lui ferais sortir ses yeux de leurs orbites. Parce que c'est littéralement ce qui est en train de se passer. Mais n'ayant ni stylo, ni feuille, je m'échappe de la salle sans demander mon reste.

En sortant, j'aperçois Walter et Olivia qui m'attendent mais je n'ai pas le temps de les rejoindre que je frôle la crise cardiaque en rentrant de plein fouet dans...Lee ? Mais que fait-il encore là ? Le prochain cours a déjà commencé.

Dans les films, c'est un moment mémorable où le garçon ramasse les affaires de la fille timide qui ne le remercie que d'un simple merci empreint de gêne. Dans la vraie vie, je n'ai aucun livre dans les mains, il n'y a rien à ramasser. Cependant, mon corps chancelant tombe à la renverse. Je peux vous dire que la honte fait mal. Très mal. Et chaque partie de mon corps en est remplie. Par ailleurs, je suis sûre que Margaret, grande amatrice d'histoire à l'eau de rose, serait déçue de savoir qu'en vérité, il n'y a aucun bras musclé qui nous aide à nous relever. En tout cas, Lee ne se donne pas cette peine. Ce n'est qu'une honte cuisante. Walter et Olivia, quant à eux, accourent et me demandent si je vais bien.

- Oh merde, pardon ! Je voulais pas te faire peur ! Ça va ? demande Lee.

Je me relève précipitamment comme une grande en manquant de retomber. Une fois que je suis sur mes deux pieds, je lui réponds :

- Ne t'inquiète pas pour moi, je vais bien. Ce n'est pas grave. C'est moi, je ne regardais pas où j'allais.
Je lui souris. Il me sourit. On se sourit. Puis cela commence à être vraiment étrange et heureusement que Walter est là pour nous interrompre.

- Bon...Ce n'est pas tout mais on a cours les amis !

Je m'apprête à partir en direction du cours de philosophie mais Olivia marmonne dans sa barbe. Je n'arrive pas à saisir ce qu'elle dit mais Lee, lui, a l'air de parfaitement comprendre. Il la regarde avant de lâcher :

Confessions d'un féministeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant