Laure Lamotte
J'aime mes élèves. Mais ce serait mentir d'affirmer que je n'ai pas de chouchous. Il y a toujours ces ados qui arrivent à vous prendre aux tripes, qui ont ce truc en plus : la passion. La plupart des profs sont là pour appliquer le programme. Mais le programme c'est comme les règles, il est fait pour être enfreint. Et puis, la plupart des élèves s'en fichent pas mal du programme. Ils sont toujours là à demander à quoi ça va leur servir plus tard. Ils ne voient pas l'intérêt d'apprendre un nombre incalculable de connaissances. Et tout ça parce qu'ils ne sont pas passionnés. Quelqu'un qui adore lire ne va jamais se demander à quoi ça va lui servir, il lit, c'est tout. Un enfant qui doit lire un livre pour l'école alors qu'il prétend détester ça, va se demander pourquoi il le fait et à quoi ça va lui servir. C'est pourquoi je ne vois pas l'intérêt de leur faire apprendre des choses. Ce qu'il faut c'est leur donner l'envie d'apprendre. Il faut réveiller la passion, l'envie, le désir.
Être intelligent ce n'est pas connaître toutes ses formules de mathématiques, savoir toute l'histoire de son pays et avoir un bon vocabulaire. Être intelligent c'est avoir envie d'aller toujours plus loin, être passionné, avoir le désir de découvrir ce qui nous entoure. C'est être curieux. Parce que c'est ça la vie. C'est ça être vivant. C'est aimer, pleurer, rire. C'est être en colère, déçu et triste. C'est se tromper et se dire que finalement ce n'est pas si grave que ça. C'est avoir des rêves et y croire jusqu'au bout. C'est ne pas baisser les bras. Oui, c'est ça la vie.
Et tant qu'à faire que rester des heures assis sur des chaises à suivre le programme parce que, quand même, on est bien obligé de le suivre, il faut le faire avec amour, avec passion. Et pour ça, il suffit de rajouter un fragment de vie. C'est pourquoi, je mets un point d'honneur à me parer de ma passion chaque matin. En espérant réussir à la leur transmettre.
Moi, ce que j'adore, ce sont les les mots. Ils ont beaucoup de pouvoirs. Il y a ces mots qui guérissent, ces mots qui détruisent et ces mots qui font du bien. Ces mots d'excuses, ces mots de départ, ces mots d'amour. Et au bout du compte, il y a surtout des mots d'espoir qu'on se murmure tout bas.
Aujourd'hui, c'est le début de la semaine. Ce fameux lundi que tout le monde déteste. Moi, j'aime bien le lundi. Une nouvelle semaine, un nouveau départ.
Je m'installe directement dans ma salle pour ne pas croiser Jacques Robert dans la salle des profs. Mon collègue est très négatif et je ne veux pas qu'il gâche mes ondes positives. De plus, je vais devoir l'éviter pendant plusieurs jours. Il va être furieux s'il apprend ce que je compte faire. Il faudra donc que je me mette à l'abri de ses critiques
Avant tout, j'écris un mot au tableau et satisfaite de mon travail, je bois un petit café tout en lisant du Victor Hugo en attendant mes élèves. J'ai hâte qu'ils arrivent ! Ma première classe est l'une de mes préférées. Il y a énormément de bons éléments. La sonnerie sonne et je me lève pour les accueillir. Je ne peux pas attendre plus longtemps. Le premier à arriver est Walt. Certains professeurs disent qu'il n'est pas normal de les appeler par leur surnom mais, au contraire, ça instaure un climat de confiance et de partage. Au moins, ils se sentent à l'aise. C'est donc dans de meilleures conditions que l'on peut travailler.
- Comment allez-vous en cette belle journée Madame Lamotte ? s'enquit Walter en sortant ses affaires.
Je lui réponds et dis bonjour au reste des élèves. Les éternels retardataires, quant à eux, ne prennent pas la peine de me dire bonjour. Ils s'assoient au fond de la classe dans un de ces vacarme ! Mais je ne dis rien, je suis de bonne humeur et je compte bien le rester !
- Bonjour à tous ! J'espère que vous avez passé un excellent week-end et que vous êtes disposés à travailler puisque tout le monde va participer ! Aujourd'hui est une journée assez spéciale parce que nous allons débattre.
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Confessions d'un féministe
Novela JuvenilMaddie en a ras-le-bol du patriarcat. Des codes vestimentaires de son lycée. De l'homophobie que subit son pote Walt. De la pression sociale qui pèse sur ses amies. Du sexisme de M. Robert. Des machos. Du genre Gary qui critique sa copine. Des blag...