Chapitre 17

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Lee

Bordel de merde. Je vais crever. Je suis beaucoup trop jeune pour mourir et pourtant c'est ce qui va arriver. Je suis un homme mort. C'est lundi. Autrement dit, je vais me faire défoncer par Gary. Je sais pas ce qui va se passer mais je sais que ça va être une journée de merde. J'ai un œil au beurre noir et une entaille au sourcil gauche. Je suis pas prêt à le revoir après ce qui s'est passé ce week-end. Mais j'ai pas le choix.

Aujourd'hui, il y a un grand soleil. Il me nargue, ce con. Il a tellement plu ce week-end que je suis enrhumé. Le nez qui coule et une voix de canard. Super journée ! Franchement, on peut pas rêver mieux.

Ce matin, je me suis mis un sweat à capuche avec une veste par dessus et un jean noir. Je pensais que j'aurai froid. C'est ça, ouais. Sur la route pour aller au lycée, j'enlève ma veste et mon sweat pour rester en tee-shirt. Je transpire maintenant. J'éternue mais j'ai pas le temps de sortir mon mouchoir. Eh merde. Je sors vite un paquet et me mouche.

- Lee ! Lee, il faut qu'on parle.

Je soupire et me tourne vers elle. On peut pas être tranquille dans cette putain de ville ! Je suis plus que de mauvaise humeur, c'est pas le moment de me saouler.

- Expliquer quoi ? Va te faire foutre Sarah.

Elle me prend par le bras et me force à lui faire face. Puis elle pose ses doigts sur mon entaille au sourcil. Je grimace.

- Il t'a vraiment amoché.

Ses doigts descendent le long de mon visage. Je frissonne. Elle a la main froide. J'ai mal au crâne mais je continu à marcher.

- Qu'est-ce tu me veux ?

- Tu peux arrêter de me parler comme de la merde ?! Je suis juste venue m'excuser que Gary ait tout compris. Venir ensemble à la fête, c'est pas la meilleure décision que j'ai prise.

Je marche si vite qu'elle me court après. Alors quand je m'arrête subitement, elle manque de se cogner à moi.

- Compris quoi, au juste ?

- Bah...Tu sais...Nous deux.

J'essuie la sueur qui coule sur mes tempes. Il fait beaucoup trop chaud aujourd'hui. Je comprends rien à ce qu'elle me dit. Gary n'a rien capté du tout. Il croit qu'on est ensemble alors que pas du tout. La réalité est bien plus complexe.

- Nous deux ? Écoute, j'ai pas envie de te parler, Sarah. Je sais même pas pourquoi je suis venu à cette fête de merde.

Je recommence à avancer sans l'attendre.

- Lee ! Je t'en prie, écoute-moi deux secondes ! J'ai lu l'article de l'imposteur. Je...J'ai compris que je voulais plus être immobile. Quand j'étais avec Gary, il me faisait rester au même point. J'étais la même chieuse, insatisfaite, qui gueulait sur tout le monde. Mais quand je suis avec toi...Je me suis rendue compte que je me bougeais le cul. Tu me fais devenir quelqu'un de meilleur.

Je m'arrête et me tourne pour la regarder.

- Je t'aime bien, Lee, achève-t-elle.

Mes sourcils se lèvent tellement haut que ça me fait un mal de chien. Ma mâchoire pourrait en tomber. Putain, on est pas arrivé à un de ces moments gênants de révélations ? Je suis nul pour ça, moi. Je me racle la gorge, essaye de trouver un truc à dire. Je pourrais lui raconter que je suis gay. Le problème c'est que ça va pas arranger mon cas au lycée. Le mieux c'est d'être honnête. J'apprécie Sarah, surtout depuis qu'on s'est rapprochés. Je craque mes doigts et finis par lui dire avec naïveté :

- Moi aussi je t'aime bien.

Je lui tapote l'épaule et souris tandis qu'elle se mord la lèvre et m'insulte :

Confessions d'un féministeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant