L'imposteur
De : maddiegrace@gmail.com
À : limposteur@gmx.com
Objet : Action
Cher Imposteur,
J'ai pris conscience qu'il était temps d'agir depuis longtemps. Mais tu as raison, nous nous cachons. Je me cachais derrière ma peur d'être seule à crier au monde entier qu'il est temps de changer. Mais depuis que j'ai trouvé Fleur, je ne peux plus m'escamoter. Je ne suis plus seule.
Par ailleurs, je suis contente que tu ne sois pas un ermite. De ce fait, tu as sûrement eu vent de notre action avec les vernis. Peut-être en portais-tu. Ou alors tu n'en as pas mis pour cacher ton identité. Tu ne peux savoir à quel point il est frustrant d'échanger avec une ombre qui refuse de se dévoiler. Et ça l'est d'autant plus que tu sais pertinemment qui je suis. En tout cas, je salue ton acharnement à ne laisser aucun détails t'échapper. Et je me trompe ou tu as un dégoût prononcé pour les négations ?
Je te laisse, cher Imposteur. J'espère un jour découvrir qui tu es. Il est temps que tu sortes de ta cachette toi aussi...
Amicalement,
Madeleine Grace.
De : limposteur@gmx.com
À : maddiegrace@gmail.com
Re : Action
Salut Maddie !
Sortir de ma cachette, tu dis ? Plutôt crever. Les gens commenceront à juger, non pas ce que j'écris mais ce que je suis. Ils seront influencés par ce qu'ils pensent de moi. Leur avis déjà tout fait. Je suis que des mots et ça me convient. Je veux pas que leurs a priori rentrent en compte.
J'ai suivi cette histoire de vernis. Mes doigts qui sont en train de taper sur mon clavier en sont recouverts. Beaucoup de gens étaient contents de cette journée. Il ne te reste plus qu'à continuer et à faire d'autres trucs. Change le monde, Maddie. Et peu importe si les gens te suivent ou non. Fais les choses pour toi et non pour les autres. T'as pas l'approbation des gens ? Pas grave, qu'ils aillent se faire foutre. Ce sont tes choix, peu importe ce qu'ils en pensent.Bon, je te laisse, Madeleine Grace.
À plus.
PS : J'ai toujours trouvé les négations bien construites trop ennuyeuses.
De : maddiegrace@gmail.com
À : limposteur@gmx.com
Objet : Leurs jugements est mien
Cher Imposteur,
Comment peut-on arrêter d'avoir peur ? De ce qu'ils pensent et de ce qu'ils veulent pour nous ? Quelques fois, j'ai l'impression que j'arrive enfin à m'affranchir de leurs jugements jusqu'à ce que je me rende compte que mon avis est irrémédiablement biaisée par leurs attentes. Pour cette action, la seule fois où que je me suis sentie véritablement bien c'est parce que les autres trouvaient ça bien. J'ai besoin que les gens soient de mon côté pour pouvoir être sûre de moi. Mais comment fait-on pour ne plus dépendre de leur approbation ?
Amicalement,
Madeleine Grace.De : limposteur@gmx.com
À : maddiegrace@gmail.com
Objet : Leurs jugements
Salut Maddie,
Faut dire que dès que t'es petit on te demande d'être docile. Tu fermes ta gueule, tu lèves la main si tu veux dire un truc. Tu dois pas être en colère, tu dois arrêter de chialer, tu dois être sage et rester assis. On t'apprend à pas déranger les autres, à être bien gentil. Tu dois sourire et puis peu importe si t'en a pas envie. On t'apprend à refouler tout ce que tu ressens pour pas que ça dérange. On nous a appris à tout faire pour les autres et rien pour nous. Sois pas en colère parce que personne aime les gens méchants. Et puis aime-toi pas trop, personne aime les gens qui se la pète.
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Confessions d'un féministe
JugendliteraturMaddie en a ras-le-bol du patriarcat. Des codes vestimentaires de son lycée. De l'homophobie que subit son pote Walt. De la pression sociale qui pèse sur ses amies. Du sexisme de M. Robert. Des machos. Du genre Gary qui critique sa copine. Des blag...