Que le jeu commence.

Chapitre 3 :

Suite au départ du Major d’homme, les neufs autres filles se dévisagèrent et d’autres pleuraient. Jess se laissa tomber dans le fauteuil tout en réfléchissant à la situation. Charles avaient esquivé la dernière question, celle de Kitie. S’il n’y a aucune gagnante, nous mourrons toute, c’était aussi simple que cela. Dans tous les cas, le manoir finira en bain de sang. S’il faut une gagnante et que tous les coups sont permis, cela voudrait dire que les autres filles mourront pour la survivante. Cela devenait ignoble. Sachant désormais que leur ravisseur était un homme, son but restait pour le moins flou. Un jeu. Pour quelle raison ? De ce qu’elle en savait, l’homme aurait besoin de la gagnante pour son but ou cela était seulement pour le plaisir. Sentant son mal de tête refaire surface, Jess cessa de réfléchir et analysa la situation. Les groupes composés se séparaient dans certains coins de la pièce tandis que les solos réfléchissaient chacune de leur côté. La plus dangereuse était sans aucun doute Anya. Voyant sa coéquipière, Jess réprima un frisson, elle semblait pareille que cette dernière. Son cœur, n’ayant jamais cessé de battre aussi vite redoubla de vitesse sachant qu’elle pourrait très bien mourir durant son séjour. Il fallait qu’elle fasse quelque chose. Mais quoi ? Telle était la question. Elle ne pouvait prendre le risque de s’allier avec quelqu’un, elle ne faisait confiance à personne. Elle devrait agir seule. Tendant l’oreille à l’écoute de bribe de conversation, elle entendit des présentations. Concernant le groupe d’Anya, sa coéquipière se nommait Eva. Elle était petite, elle avait les cheveux bruns en carré tandis que ses yeux étaient vert. Elle était vêtue uniquement de noir. Tournant la tête en direction d’un autre groupe de deux personnes, il se composait de Sam et d’une certaine Eve. Elle était très jolie, petite, brune et les yeux verrons. Toute deux se baissaient et complotaient en silence. Le dernier groupe en vue, également un duo présentait Alex et une Nora. Pour elle, elle était cette fois grande, brune et avait les yeux gris. Si la situation n’était pas dramatique, elle aurait très certainement été contente de se faire des amies, qui en plus d’être jolies, avaient l’air très gentille. Cependant, la jeune fille ne put s’empêcher d’avoir de la pitié envers celles-ci. Les trois autres filles restaient pour leur part en retrait. D’un coin se trouvait Kitie, d’un autre une certaine Cami et la dernière, Lorie. Cette dernière était celle qui voulait se confondre avec les murs et surgir de ceux-ci le moment venu pour attaquer. Lorsque les filles auraient quittés le salon, Jess voulait inspecter toute la pièce, voulant trouver une issue ou du moins une cachette. Ayant vu ses nouvelles amies, elle n’était pas sur de dormir la nuit sans penser qu’on l’assassinerait durant son sommeil. Elle n’était en sécurité nulle part. Quelques minutes plus tard, les filles commencèrent à se séparer dans la maison. Pour certaines, dans leur chambre, et d’autre autre part. Se retrouvant désormais seule, la jeune fille, assise sur le fauteuil, se leva et parcourra la pièce du regard. Baissant les yeux au sol, elle remarqua qu’elle était sur un épais tapis rouge grec oriental. Se baissant à son niveau, Jess enleva le tissu et tomba nez à nez avec du parquet ciré. Si elle n’avait pas regardé la télé, elle n’aurait probablement pas su que des lames de parquet irrégulières seraient importantes. Se penchant vers celles-ci, la jeune fille vérifia tout d’abord qu’elle n’était pas surveillée. Elle l’était. Elle laissa immédiatement tombé le tapis et fit mine qu’elle n’avait rien trouvé. Elle se redressa. Regarda le feu et prit la parole.

- Je sais que tu es là. Sors. Lui intima la jeune fille tout en se retournant vers la concernée.

Voyant sortir Lorie de sa cachette, un sourire aux lèvres, Jess le lui rendit, se doutant déjà que c’était elle.

- Qu’est-ce que tu veux ? Lui lança la jeune fille en croisant les bras tout en la toisant.
- J’aimerais qu’on fasse équipe, lui lança-t-elle un sourire en coin.

Soupirant, Jess s’asseyait sur un fauteuil sans pour autant la quitter des yeux.

- Ça ne marche pas avec moi, désolée de te décevoir Lorie. Tu ne m’utiliseras pas à ta guise pour ensuite m’éliminer. Trouve quelqu’un d’autre.

Lorie ria doucement, satisfaite de sa réponse.

- Je vais droit au but. Tu as l’air de quelqu’un qui sait beaucoup de chose. Je n’ai pas vraiment compris ta conversation avec Charles, et je doute que je sois la seule. En revanche, tu avais l’air contente vers la fin donc tu as eu des réponses. Je veux les connaitre. Dernière chose, quel est ton nom ? Lui déballa Lorie désormais dans la même posture que Jess, face à elle.

« Faites que ce cauchemar se finisse vite s’il vous plait ! »

Avant même de répondre, Jess l’étudia comme à son habitude. Elle était grande, brune et avait les yeux marrons. Elle prit une grande inspiration et se mettait une façade qu’elle n’aimait pas forcément
.
- Lorie. Je ne m’allie avec personne, par conséquent, je ne partage avec personne mes informations. Si tu ne comprends pas, c’est ton problème. Je sais des choses, c’est vrai, mais pas plus que vous. Et je doute que tu sois venue seulement pour connaître la conversation qui a eu lieu plus tôt. Et si tu me disais ce que tu veux vraiment ? Lui dit-elle d’un air neutre.

Plusieurs minutes se passèrent en silence. Jess n’aimait pas vraiment utiliser ce ton et ces mots envers quelqu’un, mais elle n’avait pas le choix. Soit elle se faisait passer pour la faible, soit par la confiante et elle choisissait sans aucune hésitation la deuxième option. C’était sa meilleure condition de survit.

- C’est intéressant. Mais il y a bien une chose à laquelle je ne suis pas d’accord. Tu sais beaucoup plus de chose que nous. Comme si, tu avais fait partie du plan de l’enlèvement. Ce n’est pas normal que tu en saches autant. Et tu as raison, je ne suis pas là seulement pour la conversation, lui dit-elle tout en l’observant de ses yeux luisants.

Se levant, Jess contourna Lorie, et se plaça derrière elle. D’un sourire malicieux, elle se pencha à son oreille.

- Voyons Lorie. Tu es très observatrice, tu sais aussi bien que moi que je ne fais pas partie du plan. Je suis dans le même bateau que vous toutes. Et maintenant, et si tu me disais très franchement ce que tu rêves de me dire depuis bien dix minutes ? Lui susurra Jess au creux de son oreille tout en faisant répercuter son souffle sur le cou de sa camarade.

La sentant frissonner, Jess souria et fit en sorte que cette action se répète.

- Je…je sais. Et sinon, je veux que tu m’aides à éliminer Anya, bredouilla cette dernière en se crispant sur les accoudoirs du fauteuil.
- L’éliminer ? Certainement pas. Je ne t’apporterais aucune aide, surtout qu’en plus tu as un plan bien précis en tête, lui lança Jess en se dirigeant vers l’entrée de la pièce.
- Comment tu sais que j’ai un plan ? Mais tu es qui bon sang ? Lui cria Lorie au bord de l’hystérie.

Sans s’arrêter, Jess lui lança très brièvement sa dernière réplique avant de se cacher sous les escaliers.

- Tu n’es pas la seule observatrice, Lorie.

Tout en se cachant, Jess vit Lorie sortir du salon en furie. La voyant monter rageusement les escaliers, au bout de quelques minutes elle n’entendit plus un bruit.

« Première ennemie : Lorie. Je commence mal, il faudra me montrer prudente »

Sortant de sa cachette, la jeune fille retourna sur ses pas et s’accroupit comme elle l’avait fait plus tôt. Dévoilant le parquet, Jess respira longuement, essayant de calmer la fureur de son cœur. Elle n’aimait pas faire ce genre de chose. Prendre un air et faire peur aux autres. Elle ne voulait en aucun cas recommencer, que ce soit cette façade ou une autre, mais elle n’avait pas le choix. Elle devait survivre. Elle devait tout faire pour survivre. Expirant longuement, elle décida d’ouvrir la trappe. A sa plus grande déception, elle n’y trouva rien. Refermant les planches de bois, elle remit tout en ordre avant de s’assoir. Il était évident que le jeu était une métaphore des échecs. Elles étaient toutes des pions et la gagnante serait la dame. Et le ravisseur, le roi. Désespérée, elle se leva et marcha en direction des escaliers. A peine a-t-elle mis un pied sur la première marche, qu’Anya courra jusqu’à elle, une arme à la main. La voyant arrivée avec rapidité, elle sentit son cœur cessé de battre. Sa respiration se coupe. Elle ne peut détourner le regard de celui d’Anya, celui-ci la glaça jusqu’au sang. Son sourire psychopathe et ses yeux luisants lui donnaient la chair de poule. Anya se rapprocha de vive allure et à seulement quelques mètres d’elle, la jeune fille prit en horreur sa camarade. Son crie tel un animal se faisant égorger qui se traduisit par une phrase, terrifia la jeune fille.

- Que le jeu commence !

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