Le jour qui suivit cette étrange conversation, Azazel fut un peu dans la lune. Plusieurs fois Del dut l’empêcher de faire des bêtises, et ne comprenait pas bien ce qui arrivait au petit brun. Ils allèrent acheter des meubles et d’autres choses, de quoi terminer de transformer leur ruine en maison douillette. Quand ce fut fait, Azazel se posa sur leur nouveau canapé, avec un verre de vin, enlevant douloureusement ses chaussures. Il regrettait fortement ses jolies bottines à talons, mais avec ses hanches, c’était encore impossible d’en porter sans ressembler à un poulain nouveau né. Il avait presque toujours une sucette de morphine à la bouche, qu’il camouflait avec son masque. De ce fait, il n’y avait que Del qui connaissait l’addiction qu’il c’était forgé. Poussant un soupir, il enleva son masque pour déguster son verre de vin, regardant Del qui c’était pris de passion pour tailler des petites figurines dans du bois, puis les jeter dans le feu qui crépitait dans la cheminée. Il était doué, même si ses figurines avaient toujours la même forme, une silhouette de femme, qu’il jetait toujours au feu avec une forme de haine qu’Azazel ne comprenait pas. Il vit ensuite le cheveux-gris tailler une petite figurine qui lui ressemblait beaucoup, puis une autre où Azazel se reconnu lui même. Del les posa côtes à côtes sur le contrecœur de la cheminée, très proche l’une de l’autre, puis posa son arrière train au sol, s’asseyant avec sa façon bien à lui de le faire, si bestiale. Sa queue se posa autour de lui-même, alors qu’il ne quittait toujours pas des yeux ses petites œuvres d’art, les couvant d’un regard très doux. Azazel ne lui avait jamais vu encore un regard si doux. Il ne comprenait pas bien ce qui se passait sous ses yeux verts, et faisait de rapides allers retours entre l’artiste et ses œuvres, tête penchée.
« Tout va bien 16 ? » demanda le petit brun,
posant son verre de vin à moitié vide. La Chimère tourna la tête vers le docteur, clignant lentement de ses yeux dépareillés, l’air paisible. La première chose qui vint à l’esprit d’Azazel fut cet article qu’il avait lu, disant que les chats clignaient lentement des yeux en fixant leurs humains pour leur témoigner un amour sincère. Le rouge lui monta aux joues en songeant que Del avait du chat, et ne sut trop quoi faire. Répondre ? Si Del ne faisait que battre des cils, il aurait l’air bien stupide ! Mais s’il lui faisait bien une déclaration tendre, et qu’il n’y répondait pas, le cheveux-gris allait être triste et Azazel ne voulait pas ça ! Il déglutit fortement, le cerveau embrouillé, et tapota simplement la place vide à coté de lui sur le canapé, invitant l’homme-bête à venir s’asseoir avec lui. Del, docile, se releva et vint se poser sur le sofa, ronronnant délicatement en venant frotter sa tête à celle d’Azazel. Ha, ça, le petit brun connaissait. Del faisait souvent ça pour demander des caresses, ou pour simplement dire qu’il était bien, et qu’il aimait le moment et la personne. Azazel essaya du mieux qu’il put de faire de même, frottant maladroitement sa tête à Del. Il essayait sans cesse d’adopter les gestes étranges de son compagnon de voyage et de vie, même si certains étaient totalement bizarres. Il fut stoppé dans sa tentative par Del qui venait de glisser son visage dans son cou. Azazel se raidit de tout son long, ses muscles se crispant centimètre par centimètre. Puis il sentit les dents du cheveux-gris effleurer très doucement sa gorge, assez pour qu’il le sente, pas assez pour lui faire mal.
- Ho, la demande de lien, comment à appelé l’Autre ça ? J’ai oublié… que dois-je faire...M-Mais c’est qu’il est sensuel le bourricot ! Songea le docteur, rougissant malgré lui dans un élan de panique.
Il ferma fort les yeux, puis repoussa Del à deux mains, une sur chacune des larges épaules de la Chimère. Il regarda ailleurs un instant, le regard jouant de droite à gauche alors qu’il réfléchissait à toute vitesse. Oui, Non ? Et puis zut, de toute façon, il n’avait aucun avenir ici, alors s’il pouvait aider Del à en avoir un, il serait heureux. Il poussa un profond soupir pour stopper la monté de stress dans son ventre, et hocha doucement la tête en regardant Del. Celui-ci ouvrit de grands yeux, souriant de tous ses crocs, étirant la balafre de sa bouche, qui cicatrisait lentement.
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Le balafré
ParanormalL'histoire de la rencontre entre Azazel, et Del, en Sibérie, il y a presque 20 ans.