Chap 6 : Pardonné

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- j'implore ton pardon.

Ces mots résonnaient dans sa tête comme un puit sans fin. Lui pardonner ? Lui pardonner quoi. D'avoir succombé à quelque chose de bien plus fort qu'eux ? D'avoir été inconscient dans son propre corps et avoir été forcé de commettre un acte odieux ? Lui pardonner d'être un simple homme ? Azazel déglutit, fixant un point au loin, car regarder Del lui était impossible. Ce regard, ces mains, il ne pouvait les regarder.
Le mastodonte tremblait de tout son corps, la culpabilité le rongeait de l'intérieur, comme ce mal qui riait dans sa tête. Del se mit à genoux au sol, et s'inclina, en boule, les épaules secouées de sanglots.

- « Pardon ! Pardon ! Pardon ! » pleurait il.

Azazel se mordit la langue, et posa sa mains sur la tête du possédé. Comment Diable un homme aussi grand et fort pouvait pleurer ainsi. Ses cheveux gris et noirs étaient sales, emmêlés, le petit brun les avaient connus plus doux. Comme un aveugle qui doit tâtonner, il chercha le visage du monstre gris de sa main valide, lui remontant la tête. Sans le regarder, car ça lui était impossible pour le moment, il essuya doucement ses larmes, se criant intérieurement de pas partir en courant. De toute façon, il ne pouvait plus courir.
Azazel soupira en sentant son patient si sale et si négligé.

- « Je t'appellerai 16 maintenant. Et je dois parler à ton parasite. » dit l'italien.

Le russe n'en avait pas l'air ravi. Mais il se tut, et se laissa entraîner, la petite main du psychiatre tenant son grand indexe griffus.
Son seul œil, jaune miel, fixait le jeune homme sûrement un peu plus vieux que lui. Il s'en voulait terriblement de lui avoir fait tant de mal. Le voir ainsi boiter lui fendait le cœur. Sa main bandée aussi. Il n'était qu'un monstre.

-« Pardon.... » répéta t il.

Azazel ne moufta pas, soupirant. Il lui tapota le doigt, comme un « Je sais, je sais. »
Ils entrèrent dans la pièce qui était depuis quelques mois la maison de Del. Le sang et la semence avaient étés nettoyés, il semble par le patient lui même. Il avait volé ici et là des coussins, des couvertures, et c'était fait un nids dans un coin de la pièce. La porte cassée, personne ne l'avait réparée, et personne n'osait remettre de chaînes au monstre, de peur de finir comme leur jeune psychiatre étranger. Tant que Del se tenait tranquille, ils le laisseraient. L'odeur était insoutenable, et Azazel se retint de vomir. Il lâcha le bouclé et le pointa d'un doigt autoritaire.

- « assit. » ordonna t il

D'une petite voix. A sa grande surprise, Del courba l'échine et s'assit sur le sol, de manière très bestiale. Confus, Azazel hésita un instant avant de continuer.

- « j'ai une réunion. Tu restes ici, tu ne bouges pas. Je reviendrai. »

Del hocha la tête, les oreilles basses, et le petit brun fila aussi vite qu'il put. A son retour, il devra parler avec cette Chose, et il espérait sortir de cet entretien avec le Mal, vivant.

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