Chap 13 : première sortie

12 2 0
                                    


Quand Del ouvrit ses yeux, éblouit par la lumière qui agressait son visage par la fenêtre grande ouverte, le grand lit était vide, du coté de son sauveur. Vide, et froid. Quelle heure était-il ? Tard ? Sûrement pas, le soleil venait à peine de se lever. Où était Azazel ? Le mastodonte s’étira rapidement et se leva, cherchant le petit docteur dans la minuscule chambre d’hôtel. Personne. Il alla à la fenêtre, regardant la rue encore endormie, cherchant cette jolie petite silhouette du regard. Toujours rien. L’angoisse commença à lui tordre le ventre, et alors qu’il allait pour l’attendre sagement sur le lit, la voix du Monstre résonna dans sa tête.

«VȺ łɇ ȼħɇɍȼħɇɍ, søɍŧ. »

Del secoua la tête, Azazel lui avait ordonné de rester ici, il ne voulait pas le décevoir. Mais ses jambes se déplièrent toutes seules, le portant vers la sortie sans qu’il puisse rien y faire. Il ne portait qu’un caleçon trop petit, ses longs cheveux emmêlés sur sa nuque lui donnant des airs de lion grisonnant. Ses jambes le portèrent jusque dans la rue, avant qu’il n’en retrouve le contrôle. Immédiatement il tourna les talons pour rentrer dans la chambre, mais la voix résonna à nouveau.

« VȺ łɇ ȼħɇɍȼħɇɍ. Ɨł ɇsŧ ᵽɇᵾŧ-ɇ̂ŧɍɇ ɇn đȺnǥɇɍ, ħm ? Ɇŧ sɨ øn łᵾɨ ŧømƀȺɨŧ đɇssᵾs… søn ŧøᵾŧ ᵽɇŧɨŧ ȼøɍᵽs, đɇ́ȼħɨ𝚚ᵾɇŧɇ́… øᵾ ᵽɨɍɇ… ɨmȺǥɨnɇ đ’Ⱥᵾŧɍɇs mȺɨns sᵾɍ łᵾɨ… Ɨł ɇsŧ Ⱥ̀ ŧøɨ øᵾɨ øᵾ nøn ? VȺ ȼħɇɍȼħɇɍ ! »

Del aurait voulu rétorquer qu’Azazel n’était pas à lui, et qu’il n’en avait que faire qu’il disparaisse. Mais il savait pertinemment que quelque chose l’attirait au petit brun. Il le savait, c’était son espèce. Il secoua encore la tête, hésitant, et fut convaincu par l’image affreuse d’Azazel battu dans une ruelle sombre, insufflée par le Monstre dans sa tête. Il se mit à courir, cherchant l’odeur du docteur dans les rues nauséabondes de la capitale française. Trop d’odeurs, trop de bruits, trop de gens, trop de chaire. Il était stimulé de partout, et ne passait pas vraiment inaperçu. Rapidement, il se retrouva chassé par des policiers, qui lui hurlaient de s’arrêter et de décliner son identité. Effrayé, Del couru un peu plus vite, avant de se faire coincer dans un cul-de-sac, enfermé entre trois énormes immeubles. Acculé, terrorisé et affamé, le garçon aux cheveux gris se mit à sangloter, tremblant de tout son corps. La voix gronda dans sa tête, emplie de mépris.

« MȺɨs 𝚚ᵾɇł ȼħøᵾɨnɇᵾɍ, đɇ́vøɍɇ łɇs ! »

Del secoua la tête, séchant ses larmes avant de sangloter un peu plus quand un policier lui hurla de lever les mains et se mettre à genoux. Il ne voulait pas être violent, il ne voulait pas être là, il voulait Azazel, ses jolis yeux verts et ses mains douces. Sa peau le brûla fortement, et rapidement, ses jambes se firent à nouveau polissonnes, avançant vers les policiers. Del prit un peu plus peur, se mettant à supplier. Un jeune policier effrayé tira, touchant la bête en pleine poitrine. Del poussa un hurlement de douleur, regardant son torse qui s’était mit à dégouliner de sang. Il émit un grondement bestial, et le plomb tomba au sol, repoussé de la plaie, qui se referma sous les yeux écarquillés des policiers. Del montra les dents, bandant tout ses muscles d’un coup, avant de se jeter sur les hommes qui paniquèrent dans un concert de coups de feu.

~

Azazel avait toujours adoré les fraises. Alors quand il en trouva des belles dans le petit magasin où il c’était rendu après son rendez-vous pour louer un appartement, il les acheta avec joie, pressé d’en faire goûter à Del qui n’avait jamais dû en manger. Mais quand la radio du magasin passa les informations en flash spécial, il tendit l’oreille.

«….. Nous avons connaissance à l’instant d’une arrestation qui tourne au drame dans une ruelle sud de Paris, les témoins parlent d’un homme bête se confrontant à une patrouille de police. Nous conseillons aux personnes habitant le secteur de rentrer se mettre en sécurité chez eux…. »

Azazel laissa tomber la petite barquette de fraises qu’il tenait, se mettant à boiter le plus vite possible dans la rue, arrêtant un taxi qui l’amena sur le lieu de l’arrestation. Quand il descendit de la voiture, sa bottine atterri dans une flaque de sang, et il se retint de vomir. Le taxi ne s’attarda pas, dérapant sur le bitume pour disparaître dans la fumée.

« 16 !! 16 répond moi où es-tu !!? » cria-t-il

avec grand peine, toussant par la fumée d’une voiture de police totalement renversée, le métal de sa carrosserie fendu à certains endroits. Quand une de voiture d’intervention spéciale le bloqua dans la ruelle sombre jonchée de cadavres de policiers à moitié dévorés, Azazel se maudit de ne pas avoir plus réfléchit. Il se retrouvait sur les lieux d’un crime de belle envergure, et n’avait aucune raison propre d’être là. Alors quand il fut jeté à terre, sur le ventre, et menotté brutalement, il ne répliqua pas.

C’est quand il vit de la salive couler devant lui, juste à coté de sa tête, qu’il s’agita faiblement, inquiet. Mais pas pour lui. Pour l’homme qui lui tenait le visage au sol.

« Courez ! Courez je vous en pris ! » geint-il

L’homme eut un grand rire, ne faisant pas du tout attention à la salive qui c’était mise à dégouliner juste à coté de lui.

« Haha ! Bah alors, poulette, on chouine ? Comment une petite crevette comme toi à put faire ce massacre ! » ricana l’homme.

Azazel se débattait doucement, essayant de se redresser en vain.

« Ce n’est pas moi ! Lâchez moi et partez s’il vous plaît ! » répondit le

petit docteur, fermant fortement les yeux. L’homme ricana un peu plus, et fit l’erreur de sa vie. Il donna une décharge de taser au brun, le faisant couiner de douleur. Il n’avait pas encore éteint son arme que quelque chose de lourd et puissant lui tomba dessus. Les coups de feu fusèrent rapidement, mais Azazel, qui s’attendait à se faire toucher, ne ressentit nulle douleur de balle.

Quand il ré-ouvrit les yeux, ils n’étaient plus dans la ruelle, il était dans des bras, couverts de sang et d’impacts de balles. Del. Il était blessé de partout, mais ne semblait pas s’en inquiéter, il bondissait de toits en toits, sans effort, faisant des sauts de plusieurs mètres de haut et de long, serrant Azazel contre lui. La bête bondit sur la fenêtre de leur petite chambre d’hôtel, et l’ouvrit d’un coup de griffe, cassant le loquet. Il sauta à l’intérieur, et posa Azazel sur le lit, s’ébrouant violemment, mettant du sang partout. Le pauvre petit brun se retrouva éclaboussé, et faillit vomir encore une fois quand il vit les balles tomber unes à unes sur le sol. Del se mit à couiner un fois saint et sauf, guéri de partout, et vint sur le lit, se blottissant contre Azazel. Le docteur se laissa tomber sur le lit, le cerveau en bouillie. Il n’avait rien compris, tout était passé à une vitesse incroyable, il était totalement éberlué, et ne put rien faire d’autre que caresser le dos de Del contre lui, fixant le plafond d’un air perdu.

« Il faut vraiment qu’on parte… »

Le balafré Où les histoires vivent. Découvrez maintenant