Monsieur G, Mister Freeze et Colégram

« La nuit du chasseur »

_ Tu cours demain matin ?

_ Of course, Mister Jérém ! Tu cours avec moi ?

_ Oui, comme d'hab ! Antoine nous accompagne. Il passe nous prendre à 10 h 00, ça te va ?

_ Oui, c'est bon !

_ Je peux vous accompagner à vélo ? Nous demande Eve.

_ Pas de problème ma belle ! lui répond-il.

_ On pourrait l'inviter un soir avec sa femme, non ?

Vue la tête de Jérémie, mon idée n'est pas géniale. Pourtant Eve rebondit sur ma proposition et acquiesce en mon sens.

_ T'as peur qu'ils viennent avec leurs enfants ? Lui demande-t-elle.

_ Ouais, on verra plus tard pour l'invit ! Nous dit-il.

_ OK, pas de problème !

_ Et moi ? Vous ne me demandez pas si j'ai des secrets à vous raconter ?

_ Non, on sait déjà tout. Clamons nous haut et fort.

J'aimerais même ne pas tout savoir, tellement ça me gave de la voir ramper devant ce macho. Qu'est ce qu'elle lui trouve de si exceptionnel ? Il est sportif, OK mais, ce n'est pas non plus ... une fin en soi. Lucas par ci, Lucas par là ! En plus, sportif est un bien grand mot, il fréquente une salle de musculation, rien de plus. Je le trouve limite un peu trop gonflette, vraiment pas mon genre. Tout ce pataquès pour un « Mister muscles ». Je ne fais pas de commentaires désobligeants car tous les goûts sont dans la nature, et Eve ne s'embêterait pas à me rendre la pareille, en me faisant un portrait peu flatteur de Greg. En plus, n'exagérons rien, il n'est pas moche mon Greg, il est plutôt du genre « commun ». Ok, pas celui sur lequel on se retourne. Il est de taille moyenne, les cheveux bruns, les yeux noirs et de l'allure. Pas de plaques de chocolat c'est sur, mais bien fringué, bien coiffé, manucuré ... élégant même.

Peu importe que le physique de Lucas me plaise ou pas après tout, c'est pas le problème, mais je ne le sens pas ce gars. Il n'est pas réglo, pas sincère et Eve ne voit rien. Et pour rien arranger, Pénélope cavale, elle aussi. Il a commencé par les inviter tour à tour à boire un verre, lors de ses soirées entre potes. Il hésite ... ou se positionne, à voir ! Et comme tout se sait dans notre petite résidence, l'une et l'autre se savent mutuellement en compétition. PITTOYABLE !

Et vas-y que je lui passe la pommade, beurk ! C'est répugnant ! Elles n'ont pas d'amour propre.

Il a le beau rôle, lui. Ça me rend malade de voir comment il endort Eve, en lui affirmant qu'il recherche une relation solide, et tout le tintouin. Pff ! Combien ça me désole de la voir se mettre dans ce pétrin malsain. Mais je suis de mauvais conseil, il paraît. Alors je me tais et j'assiste à ce vaudeville grotesque intra muros. Elle est toute énamourée et en devient pathétique. LAMENTABLE.

Il passe de l'une à l'autre sans états d'âme, comme s'il jouait au Jokari et le pire c'est qu'Eve croit à ses boniments d'arracheur de dents. OK, il n'y a pas trop de mal, si c'était juste pour coucher avec lui, mais ce serait plus craignos si elle s'attachait et espérait plus. Je ne veux pas qu'elle souffre.

_ Je fais des meringues, tu m'aides ?

_ Si tu veux ! Oh là, le carnage, tu nettoies tout ça après, dis ?

_ Mais oui, t'inquiète maniaque ! Tiens deux petites cuillères et fais des petits tas comme ça.

_ Je sais faire les meringues. En quel honneur les meringues ?

_ Lucas adore les meringues, je passe ce soir chez lui, tu es invitée toi aussi.

_ Oh !

_ Il reste une bouteille de blanc ? Me demande-t-elle, tout en s'affairant à la tâche.