L'été sera chaud !

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Après avoir vérifié leur carte d'identité et les avoir fait émarger, les surveillants de salles circulent inlassablement entre les rangs. Pendant ce temps, les élèves de troisième se torturent les neurones, pour répondre au défi mathématique du Brevet des collèges. Certains tournent et retournent les documents donnés, en espérant sans doute un miracle. Heu ! Faut pas rêver, ils n'ont pas mis les réponses, aucun risque !

C'est le cas de ce pauvre Corentin, qui a déjà baissé les bras avant d'avoir essayé. D'autres heureusement, semblent beaucoup plus à l'aise et inspirés. Pierre fait partie de ceux là. Et je suis heureuse de voir que tout va bien pour lui, que son année scolaire n'a pas été fichue en l'air par le divorce de ses parents.

Ce matin, Eve a surveillé l'épreuve de français. Elle a aussi géré en partie l'histoire des arts avec Thomas. J'aurais bien aimé être une petite souris pour les voir. Elle n'a pas raconté grand-chose, elle qui est pourtant si expansive habituellement. Depuis Lucas, elle s'est sacrément calmée côté mec, pas de bellâtre à l'horizon, ça en devient presque inquiétant.

Je n'ai malheureusement pas réussi à jouer les entremetteuses. Je suis navrée pour Thomas.

Jérémie et moi avons pourtant œuvré pour le persuader d'un relooking et le résultat était des plus concluant. Même Cristina Cordula n'aurait pas fait mieux, mais Eve ne mord pas à l'hameçon. Thomas est pourtant très craquant. Si je n'étais pas déjà en couple ... Non, je rigole. L'année scolaire se termine ... Bilan de compétences, bulletins et orientation, cela sent les vacances d'été à plein nez.

Après avoir arpenté de long en large la salle d'examen, je me pose contre l'un des murs. Parcourir ces rangées depuis une demi-heure commence à me sembler monotone. Courage plus qu'une heure et demie !

J'observe les élèves, puis je regarde les affiches accrochées au mur. Un portrait de Molière, les photos d'une pièce de théâtre, j'en déduis que je me trouve dans une salle de français. Je poursuis mon balayage visuel et je m'arrête sur un poème de Victor Hugo : « Demain dès l'aube où blanchit la campagne ... », écrit à la main et très joliment décoré par une certaine Lucille. J'essaie de me remémorer les vers, je ne les ai pas oubliés.

Les rideaux sont tirés pour ne pas éblouir nos jeunes têtes pensantes, et un léger vent chaud vient les soulever délicatement, de temps à autre. Les élèves ont tous leur boisson ainsi qu'un goûter posés sur la table. Houa, ils sont super vigilants ces p'tits jeunes, ils ne risquent pas l'hypoglycémie ou la déshydratation.

Je poursuis ma balade visuelle quand mon regard s'arrête sur Corentin. Je ne rêve pas ? Il n'a vraiment peur de rien, ce loustic. Il tente de zyeuter sur la copie de son voisin. Non, mais j'hallucine !

Ne fais pas ça Corentin, c'est un diplôme national. Comme s'il y avait eu transmission de pensées, il me jette un œil et capte tout de suite le message. Hé ! On a beau se connaître, ce n'est même pas envisageable, mon p'tit gars. Je ne serais pas complice de tes actes.

Mes yeux doivent être très persuasifs car les siens ont instinctivement repris le chemin de sa feuille.

Très judicieux, sale gosse !

La prof de SVT qui surveille avec moi, observe les candidats depuis sa chaise. Elle semble, elle aussi, tout à fait consciente de son petit manège et me sourit. Quelle idée d'espérer profiter de l'ennui des surveillants de salle pour tricher. Taratata ! Je regarde certes, ce qui m'entoure mais justement ... Je fais exactement ce que l'on attend de moi : je surveille, et malheureusement je ne peux rien pour toi.

_ Alors, costaud ce sujet d'math ?

_ C'est clair ! Je n'suis pas sûr pour un exo, j'pense l'avoir foiré : s'inquiète Pierre. Et toi ?

Monsieur G, Mister Freeze et ColégramOù les histoires vivent. Découvrez maintenant