Monsieur G, Mister Freeze et Colégram

Prince Louis

_ Salut !

_ Salut !

Martin m'accueille avec un grand sourire. Je ne fais pas la fière, je suis au contraire très gênée. Mais je n'ai pas résisté à l'envie de venir.

_ Je suis très heureux que tu sois là !

Il est assis à côté de la jument, vêtu d'une espèce de bleu de travail. Il lui caresse la tête et la rassure en même temps. C'est Roger, qui m'a guidée vers cet endroit, un peu à l'écart des bâtiments principaux du centre équestre. La grange est très spartiate mais assez spacieuse. Les murs de pierre sont nus et seuls des ballots de paille « habillent » le lieu. Martin a posé, ce qui semble être du matériel médical sur le sol, et m'invite à approcher :

_ Viens, approche !

_ Je suis désolée pour hier soir ...

_ Oh, hier soir !

_ Heu ! Je ne sais pas ce qui m'a pris de boire autant ... Je n'ai pas l'habitude ... J'ai été pitoyable, il paraît ! Je marmonne merdeuse. J'ose à peine le regarder.

_ Il y a eu des passages très ... enrichissants ! Dit-il en me dévisageant.

Je pique un fard et je détourne le regard vers la jument pour masquer mon trouble.

_ Je peux aider ?

_ Tu peux la caresser et la rassurer pendant que je l'aide, si besoin est ! 

Nous restons là tous les trois un long moment à assister au travail. J'imagine ce petit être qui lutte pour naître, et je trouve l'attente et l'instant magiques. Je m'installe par terre à proximité de la tête de la jument, tout doucement pour ne pas la chahuter, et j'entreprends de la caresser tout en lui parlant à voix basse, comme me l'a suggéré Martin.

_ Tout va bien, ma belle. Nous sommes fiers de toi. Tu es formidable Lady, tu vas avoir un beau poulain ou une belle pouliche. Voilà calme-toi ! C'est bien, tu es courageuse. Encore un petit effort. Détend toi ! C'est bien ma belle ...

C'est la première fois que j'assiste à un tel événement et je suis tellement heureuse que je prends mon rôle très au sérieux. Je souris à Martin et il fait de même.

_ Tu es prête ... il arrive !

La jument sent le moment crucial arriver et manifeste son impatience. Je jette un œil à la sortie du petit, tout en continuant à lui prodiguer mes encouragements. Les sabots apparaissent. Martin aide le nouveau né à sortir avec les gestes de quelqu'un qui a l'habitude de pratiquer ce genre d'intervention. Je le regarde faire, c'est émouvant et fantastique. C'est la première fois que je le vois exercer son métier. Il me regarde lui aussi comme pour vérifier que je ne rate aucun de ces moments privilégiés.

_ C'est émouvant ! Je lui dis avec les yeux qui doivent briller.

_ Je suis heureux que ça t'ai plu. Sa mère va s'en occuper. Ils n'ont plus trop besoin de nous. Juste pour surveiller ! Maintenant, la jument va lécher son petit pour le sécher, le réchauffer et l'imprégner de son odeur.

_ Un poulain, alors Doc ? Lui demande Roger. 

_ Oui, un mâle ! Confirme-t-il.

_ Comment allez vous l'appeler ? Je demande curieuse.

_ Hum ? Tu as une idée ?

Je le regarde perplexe.

_ Tu me demandes de choisir son nom ?