Monsieur G, Mister Freeze et Colégram

Règlement de comptes à OK Corral

Je contemple les deux petites crevettes qui gesticulent en mouvements saccadés. L'une d'entre elles se fige et son corps semble se tordre comme on essore une serpillière. Faustine m'explique que ce sont les coliques du nourrisson qui les torturent. Effectivement, leurs petites bouilles toutes grimaçantes confirment qu'ils sont en train de vivre un moment pas très cool. Mais ils ne pleurent pas, ils souffrent en silence. Respect les p'tits gars !

L'accouchement par césarienne ne fut pas spécialement douloureux selon ses dires, mais la fatigue la submerge depuis. Elle est, il est vrai très pâle et sa taille est restée gonflée. La grossesse a laissé des traces et il lui faudra un peu de patience pour que tout se remette en place. Pour l'heure elle est inquiète, elle a peur de ne pas pouvoir s'en sortir et elle redoute le moment où son mari ne sera plus là pour l'épauler. Baby blues ?

Il est parti depuis une demi-heure à peine et elle panique déjà. Que faire si Léandre pleure pour son biberon en même tant que Lilian ? Lequel contenter en premier ? OUHHH !

Ma mère tente de la rassurer :

_ Regarde, nous sommes là ! S'ils ont faim pendant l'absence de ton mari, nous t'aiderons.

_ Et quand je serais seule ? Son visage se décompose. Elle est au bord des larmes.

_ Ta mère ne travaille pas, elle va pouvoir te seconder dans un premier temps !

_ Peut être ! Elle semble hésiter à se confier mais finit par ajouter tout étant contenant quelques sanglots : pour le moment, elle n'est venue qu'avec mon père faire un coucou vite fait ... de temps en temps. Alors, je ne sais pas. C'est vrai que j'avais imaginé qu'elle m'aurait proposée son aide, je suis un vrai zombi, pour que je dorme un peu, mais non, s'il faut les changer, vous comprenez elle déteste, il paraît, et puis ça pleure un bébé alors deux ... Vous la connaissez, elle n'est pas toujours très simple.

Oh, ce n'est pas la joie, visiblement. Effectivement nous la connaissons, mais bon il s'agit de sa fille et ses petits enfants quand même. Elle pourrait se faire violence si pour elle ce n'est pas « naturel ».

_ Tu ne peux pas avoir une aide à domicile ? Demande ma mère.

_ C'est possible, je ne m'étais pas renseignée, pensant que maman aurait été enchantée de pouponner avec moi ... mais là, je vais le faire. Les journées paternité de Rodolphe se terminent bientôt ... je ne me sens pas la force de gérer les deux toute seule ... je me sens nulle, vous allez penser que je suis une mauvaise mère.

_ Bien sûrs que non ! Une mauvaise mère ne s'inquièterait pas pour ses enfants, au contraire tu vas faire une excellente maman. Il faut juste que tu te reposes et que tu te laisses aider. Une fois que tu auras pris le rythme, que tu sauras comment t'y prendre, tu n'auras plus besoin de personne. Tu vas t'en sortir, j'en suis certaine !

_ Tu viens à peine d'accoucher Faustine, et tout est nouveau pour toi. Avec un, ce ne doit pas être évident, alors avec deux, je te félicite ! Je suis comme ma mère, je suis certaine que tu seras pour eux la meilleure des mamans.

_ Vous êtes adorables ! Oh, et bien regardez qui arrive à la rescousse : le coupable. Voilà celui qui a osé me faire non pas un, mais deux bébés d'un seul coup !

_ Hé, je les ai bien réussi. Bonjour, voici un papa crevé, mais pas autant que la maman. Notre maison ressemble à un vrai capharnaüm, mais nous avons un roulement couches- biberons assez efficace maintenant, pas vrai bébé ? Faustine acquiesce.

_ Ils sont magnifiques. Nous allons vous laisser vous reposer maintenant ... On dirait qu'ils dorment. Cela vous laissera un peu de répit ! Ajoute ma mère.