Université parisienne

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Assise sur un banc de la place d'Odéon, Léna savourait son dernier mocha blanc, avant de devenir officiellement étudiante en droit. Elle savait qu'elle allait être enchainée pendant plusieurs années à apprendre des textes de lois, puis à découvrir l'esprit, voir l'interprétation de la loi.

Elle observait d'un œil avisé les nouveaux sacs des étudiantes, fraichement venues dans la capitale pour faire leurs études. Elle avait presque envie de faire un meeting sur cette place, et de leur souhaiter la bienvenue à Paris.

Léna pensait qu'elles avaient tant à apprendre dans cette nouvelle ville, qui ne se laisse pas dresser facilement. Elle les enviait par leurs insouciances, mais elle avait parallèlement mal au cœur pour elles, sachant que la plus part d'entre elles vivaient dans un placard à balai.

Léna n'avait pas ce problème. Elle était issue d'une famille assez aisée de la capitale française et avait ses habitudes dans Paris.

Contrairement à ses paires, Léna avait un plan de carrière bien en vue. Elle souhaitait se spécialiser dans le droits des affaires internationales et finir sa vie in the Big Apple, plus communément appelée New-York.

Paris était devenue un endroit exigu, dont elle connaissait tous les travers, et elle en avait assez. Dix-huit années dans la même ville avaient eu raison d'elle, et tout l'argent de son milieu ne pouvait pas racheter certaines conduites.

Le côté romantique de Paris n'était qu'une façade pour Léna, « Paris la ville de l'amour »? Cela l'a fait froidement rire.

Ce berceau de son enfance, n'était autre qu'une ville pourrie par le vice, l'envie et le sexe à outrance. La notion de fidélité avait quitté depuis bien longtemps les rues de certains appartements des beaux quartiers. Les hommes comme les femmes ne souhaitaient plus se battre pour l'amour. Simplement les gens n'y croyaient plus et n'en trouvaient aucun intérêt. Ils se laissaient seulement emporter par le flot de leurs désirs.

Les parents de Lena en sont le parfait exemple ; la figure emblématique du couple libertin de la bourgeoisie parisienne. Elle aurait rêvé se lever et prendre le petit-déjeuner avec ses parents, pendant les week-ends et avoir un échange avec eux comme n'importe quel enfant. Mais c'est une tout autre enfance à laquelle elle a eu droit.

Lena fut ballottée de gouvernantes en gouvernantes jusqu'à Annie. Ces parents étaient occupés à dormir le jour et batifoler la nuit.

Pourtant, leurs comportements ne l'empêchaient pas de continuer de croire encore en l'amour, comme les histoires qu'Annie lui racontait. Des histoires où la vie semblait être plus légère et où le sentiment amoureux rendait les gens liés pour toujours dans un sentiment sincère et pur.

Aujourd'hui la faculté représentait une chance pour elle d'accomplir une carrière par elle-même. Un moyen de laisser ses parents vivre leur vie, et de choisir la vie qu'elle souhaitait mener à présent.

Elle lança loin derrière elle, la pensée de ses parents et de cet argent de famille qui coule à flot sans sens, sans un réel amour, un attachement qu'elle désirait tant. Elle avait le sentiment profond de ne pas appartenir à ce monde et espérait en secret, que les meilleurs moments de sa vie étaient à venir.

Alors qu'elle essayait de composer son nouvel emploi du temps, avant d'effectuer les inscriptions pédagogiques, son doigt parcourut les multiples plannings qui n'en finissaient plus de remplir les murs. Perdue dans ses pensées et l'élaboration de son année, une main inconnue frôla son doigt.

Lena sursauta, surprise de ne pas avoir entendu une personne s'approcher d'elle.

Tout ce qu'elle se souvient de ce moment, c'était un regard à la fois interrogateur et percutant, la transperçant tout du long.

Paris, NY and loveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant