Paris, NY and love

La cité des fleurs

Il lui fallut tout le courage du monde pour mentir à Pierre, une nouvelle fois encore. Elle avait donné l'excuse d'une crise familiale dans la vie de sa meilleure amie Nadège, pour se rendre de toute urgence dans la capitale.

Léna avait enfilé des affaires dans un sac sans réfléchir, mais pas sans trembler. Son voyage à Paris était entouré de mystère. Elle allait revoir Luc, mais une montagne de questions pavaient le chemin de leur rencontre. Son sac était fin prêt, elle le ferma en contemplant son appartement pendant quelques secondes et respira un peu plus profondément pour se donner du courage.

Les bruits de la foule à l'aéroport étaient comme des bourdonnements à ses oreilles. Elle avait chaud, terriblement chaud. Elle s'imaginait que chaque personne lisait en elle comme dans un livre ouvert.
"Menteuse, menteuse, menteuse !" reflétaient - ils. Mais ce n'était pas l'heure de se laisser envahir par la culpabilité alors qu'elle prenait place dans l'avion d'un pas déterminé.

Elle était impatiente d'arriver à Paris et ne comprenait toujours pas quelles révélations allait-elle découvrir.  Elle avait peur d'un changement total de sa vie. Tout serait peut être différent à son arrivée.

Elle ne pouvait pas s'empêcher de trouver son départ pour la capitale un peu trop précipité. La raison, la logique et le calme dictaient sa vie, du moins c'est ce qu'elle aimait pensait d'elle-même. Tout ce qui concernait Luc Jacques Roussel était illogique, rien n'avait le moindre sens et cela l'effrayait.

C'est enfin sous les notes du premier album d'Adèle qu'elle succomba au sommeil.

Elle était arrivée bien reposée dans la capitale. La location par Air bnb était un bon choix. Elle avait traîné sa valise au milieu des pavés de Saint Germain, passait trois portes et deux cours plus loin elle avait eu accès à un duplex grandiose. Il était décoré avec soin, du contemporain avec des éléments de vintage parsemé avec soin dans l'appartement.

Elle resta figée d'administration en contemplant l'immensité d'une horloge, pièce maîtresse de la salle à manger. Celle-ci prenait toute la hauteur du duplex. Il n'y avait pas de doute, cette horloge astronomique s'inspirait du chef d'oeuvre de la Renaissance de la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg.
Il se tenait devant ses yeux tout le fonctionnement de la galaxie, alors qu'un grand vide marqué une partie de ses souvenirs.
Mais cette horloge était l'image même de l'alignement des étoiles et du fonctionnement des planètes. Si les scientifiques avaient composé des théories avec si peu d'outils, combien même pouvait-elle comprendre une partie de son existence. Peut être que le temps avait son propre calendrier, et qu'un jour tout deviendrait logique dans sa vie.

Elle eut à peine le temps de défaire ses valises alors qu'elle s'affairait actuellement dans la salle de bain.  Elle allait le revoir, cet inconnu connu de son enfance.
Un chignon bas mit la dernière note à ses préparations.  Il lui fallut d'urgence de la musique pour survivre au jetlag et pour se rendre en bus  pour atteindre la Cité des Fleurs là où elle avait rendez-vous avec Luc.

Elle décida de laisser la voix d'Adèle envahir de nouveau tout l'espace de ses pensées pendant le trajet.

Paris était magnifique comme toujours en cette fin de juillet. Elle contempla l'architecture haussmannienne et remercia en son for intérieur l'effort urbain effectué durant le premier empire. La folie de Napoléon n'avait pas brûlé Paris comme l'avait fait Néron avec Rome, mais elle l'avait embelli. Elle reconnaissait des rues qu'elle avait tant foulées, cette ville avait à présent un côté rassurant, celui du familier.

Elle descendit rue Guy Moquet pour rejoindre la cité des fleurs qui contrastée tellement avec les rues populaires des alentours. 

Elle franchit un énorme portail noir qui privatisait une rue jonchait de maisons toutes plus belles les unes que les autres.
Elle alla devant le numéro 17, contemplant la structure et le soin apporté à la maison bourgeoise qui faisait face à elle. La maison de son grand oncle était imposante, des roses blanches nacrées accueillaient les visiteurs. Elle entra et marcha jusqu'au cabanon surplombé par un lilas en fleurs de toute beauté.

Il se tenait là, de son mètre quatre vingt Luc l'attendait avec un regard doux et à la fois ému. 

- Tu es venue, dit-il.

- Je respecte la plus part de mes promesses, répondit-elle en souriant alors que le stress commença à l'envahir. 

Son regard fut attiré par le dessin d'un cœur gravé "L+L", elle s'approcha pour faire le contour de ses lettres comme pour en extraire tous les souvenirs. Rien, non rien ne lui revenait.

Luc sentit la tristesse la poignarder de toute part et se décida de se rapprocher d'elle sans la toucher.

- Regarde sous la pierre les ailes du lilas renferment des secrets et ses larmes sont des trésors pour nos yeux d'enfants.

Elle le regarda incrédule et éclata de rire.

- Luc parles - tu toujours en énigmes, comme si nous étions dans un conte pour enfant?

- Tu ne sais pas si bien dire ! répondit-il avec un sourire à en faire pâlir toutes les femmes de la terre. Allez vas-y soulèves la pierre.

Elle s'approcha, non sans attention, de cette fameuse roche recouverte de pétales de lilas. Elle la souleva et aperçu un tissu bleu marine à fleurs où il était brodé Luc et Léna.

Son cœur fit un raté, ce tissu lui était si familier mais rien, rien ne remontait à la surface. L'ombre de l'amnésie était plus forte. Mais  lorsqu'elle ouvrit délicatement le paquet, elle découvrit un livre pour enfants dont l'illustration lui rappelait bien des choses.

Elle murmura le titre avec le souffle coupé les yeux exorbitants de surprise.

- "Les extraordinaires aventures de ...." commença- t-elle par dire sans pouvoir finir sa lecture tant l'émotion la gagnait.

- ".... de Nickmune" ma chérie oui de ton amie de toujours Nickmune.

Elle se retourna les yeux pleins de larmes et vit sa gouvernante Annie tout aussi émue main dans la main avec son grand-oncle.

- Annie ! cria-t-elle.