𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏

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En ce jour pluvieux, je divaguais depuis maintenant un petit moment dans les rues sombres, plongée dans mes pensées, comme la plupart du temps, tout en contemplant les gouttes d'eau se poser sur les toitures des maisons longeant la ruelle.
Puis je me souvins soudainement que j'étais venue ici afin d'acheter de nouveaux tissus ainsi qu'un nouveau mètre, étant donné que j'avais malencontreusement perdu l'ancien.

Cependant la boutique dans laquelle j'avais l'habitude de me rendre, était pour je ne sais quelle raison fermée, c'est pourquoi il fallut que je fasse un détour pour essayer d'en trouver une autre. J'avais alors l'impression de tourner en rond pendant plusieurs minutes, jusqu'à ce que je vis une petite pancarte indiquant la direction de l'endroit que je cherchais.
Tout ce mal pour trouver un simple magasin, en même temps quelle idée de mettre un si petit écriteau dans un coin pareil. Enfin bref, inutile de rejeter la faute sur cette pauvre pancarte innocente, le principal était d'avoir réussi à trouver cette fichue boutique.

Je me suis donc décidée à passer le seuil de la porte avec le soulagement d'enfin entrer dans un lieu sec, car tout ce temps passé dehors avait suffit à me tremper de la tête au pied.
Heureusement que la probabilité de croiser quelqu'un qui me connaissait dans ce genre d'endroit à une heure si tardive était quasiment nulle.

Au même moment où je me dirigeais vers le rayon des tissus, la vieille vendeuse assise devant sa caisse me salua et me conseilla de ne pas prendre trop de temps car elle avait prévu de bientôt fermer.
C'est vrai que j'avais complètement oublié de surveiller l'heure, il commençait déjà à se faire vraiment tard, j'avais donc intérêt à me dépêcher de rentrer, de peur d'inquiéter ma mère.
Par précipitation, je pris un tissu en soie bleue qui me paraissait plutôt pas mal, il faut dire que je n'avais pas vraiment le temps d'aller fouiller plus loin. Mais sans m'en rendre compte j'avais saisi celui que quelqu'un, dont je n'avais même pas remarqué la présence, s'apprêtait à prendre. J'ai alors réalisé la situation et jeté un coup d'œil à ce jeune homme, il était plutôt grand et imposant, mais ce qui retenu mon attention était ses cheveux rasés sur les côtés coiffés d'une tresse, ainsi que le tatouage qu'il avait sur le crâne.

Le voyant fixer ce que j'avais entre les mains, je lui tendis le tissu en lançant un petit :

« — Désolée. »

Il leva alors les yeux vers moi, avant d'ajouter :

« — Je peux le couper en deux pour te donner l'autre bout. »

Il prit la paire de ciseaux non loin de lui et s'exécuta, mais en m'apercevant qu'il avait un peu de mal, je pris l'initiative de reprendre le tissu pour le faire moi-même.

« — Excuse j'ai pas trop l'habitude de découper ces trucs là », me confia-t-il.

« — T'en fais pas on commence tous quelque part.

— À vrai dire j'avais pas vraiment l'intention de commencer, je suis seulement venu sur demande de mon pote qui ne pouvait pas se déplacer lui-même.

— Oh je vois... » déclarais-je, ne sachant pas quoi répondre d'autre.

Après avoir terminé mon découpage, je lui ai donné sa part puis me suis dirigée vers la sortie, sans oublier de prendre le mètre qu'il me manquait et de passer par la caisse.
Je suis alors sortie de la boutique, constatant qu'il pleuvait toujours autant, et sentis tout d'un coup quelque chose au dessus de moi, j'ai donc relevé la tête et perçu un parapluie que le garçon de tout à l'heure me tendait.

« — Tiens prend-le j'ai vu que tu étais déjà assez trempée, alors ça serait bête que tu prennes froid.

— Merci c'est gentil.

— D'ailleurs il me semble que tu me dis un truc, je crois que je t'avais déjà vu tomber dans les escaliers du collège. »

La honte.
En plus de la dégaine que j'avais il fallait que quelqu'un me reconnaisse parce que je me suis ramassé la gueule, et dire que je pensais que personne ne m'avait vu ce jour-là.

« — Haha c'est marrant, déclarais-je d'un ton ironique, je ne pensais pas croiser quelqu'un du même collège ici.

— Ça m'étonne de ne jamais t'avoir vu au club de couture, t'as l'air de vachement t'y connaître.

— Ah parce qu'il y en a un ? Pourquoi on ne m'a pas prévenue plus tôt ?

— Alors toi t'es vraiment un cas, j'ai mon pote Mitsuya qui en est le président, c'est à cause de lui que je me retrouve à acheter ses affaires, essaye d'y passer je suis sûr que tu seras la bienvenue.

— Je pense que c'est ce que je ferais, en tout cas merci » terminais-je par dire avant de me diriger vers le chemin du retour.

Lorsqu'on constata qu'on prenait la même direction il me demanda :

« — Toi aussi tu habites par là ?

— Oui à environ 10 minutes d'ici.

— Je te raccompagne alors. »

J'ai acquiescé puis l'ai suivi jusqu'à destination.

« — Je te laisse c'est mon immeuble », annonçais-je tout en avançant vers la porte de celui-ci.

« — Oh tu vis ici ? J'habite dans l'immeuble juste à côté.

— Sérieux ? Je t'ai jamais croisé pourtant.

— Moi non plus figure-toi. Tu dois être trop occupée à coudre pour sortir de chez toi j'imagine.

— Le pire c'est que tu n'as pas tort...

— Haha tu me fais penser à quelqu'un !

— Ah bon qui ça ?

— Rien laisse tomber. Bon c'est pas tout mais je vais devoir y aller ! », conclu-t-il en m'adressant un signe de la main, puis je fis de même avant de pousser la porte de mon immeuble.


To be continued...

𝐏𝐚𝐬𝐬𝐢𝐨𝐧𝐚𝐭𝐞 | 𝐌𝐢𝐭𝐬𝐮𝐲𝐚 𝐱 𝐑𝐞𝐚𝐝𝐞𝐫Où les histoires vivent. Découvrez maintenant