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MEGAN

J'étais assise sur l'un des hauts tabourets de la cuisine, une tasse de cappuccino à la vanille dans la main et mes pensées étaient tournées vers ce baiser que nous avions échangé avec Colin après qu'il m'ait amenée à mon domicile. Ses lèvres étaient d'une douceur incroyable et cette étreinte avait été si légère, il n'avait pas forcé la barrière de mes lèvres même si sa main s'était posée au creux de mes reins pour y mettre une petite pression. Je mis quelques secondes à réagir lorsque mon téléphone sonna.

– Allô ? m'exclamai-je dans le combiné, encore un peu perturbée.

– Mademoiselle Brooks, comment allez-vous ? questionna mon patron.

– Très bien merci, et vous ? retournai-je poliment en buvant une gorgée de boisson.

– Bien, je vous remercie. Je suis désolé de vous déranger alors que vous aviez votre matinée de libre mais Jordan est tombé malade et il me faudrait quelqu'un pour le remplacer.

– Ne vous inquiétez pas mais... je ne connais pas grand-chose au métier de barmaid, avouai-je en me grattant l'arrière de la tête.

– Vous allez apprendre et Juanita sera là en cas de besoin, nous sommes en semaine, vous ne devriez pas avoir trop de clients, me rassura-t-il et, par son ton, je devinai son sourire encourageant.

– Alors avec plaisir, j'aime beaucoup apprendre de nouvelles choses donc cette opportunité ne se refuse pas, ris-je en descendant le reste du liquide, je peux être là dans une demi-heure, est-ce que ça vous va ?

– C'est parfait, merci beaucoup Megan, vous nous sauvez la vie, je vous attends, à tout à l'heure.

– Oui, Monsieur.

Je raccrochai en souriant et déposai mon mug vide dans l'évier avant de me diriger vers la salle de bain pour y prendre une douche. Vêtue d'une robe kaki, d'un leggings noir et de mes cuissardes assorties à la robe, je me postai devant mon miroir pour attacher mes cheveux en un chignon désordonné et me maquillai d'un smoky eyes souligné d'un trait de liner sans oublier un rouge à lèvres de couleur prune. Une touche de parfum et je rejoignis le couloir pour y récupérer ma veste en cuir sombre avant de partir, verrouillant la porte derrière moi. Je me rendis à l'arrêt de tram en quelques minutes et n'attendis pas longtemps pour en avoir un qui me déposa juste devant le bar. Je le contournai pour entrer via l'arrière et fus chaleureusement accueilli par Monsieur Steward.

– Je vous en prie, entrez, Megan, me proposa-t-il alors que je frottai mes mains l'une contre l'autre, surprise par le froid.

– J'aurais dû mettre mes gants, je ne m'attendais pas à ces températures avec ce beau soleil, admis-je en riant, merci.

Il referma derrière nous et m'invita à aller me changer. J'aperçus la femme qui était là lors de mon entretien qui me gratifia d'un signe de la main accompagné d'un grand sourire. Une fois la tenue enfilée, je les rejoignis derrière le bar.

– Juanita ne devrait pas tarder, en attendant, Rosa va vous montrer les bases, me dit-il en désignant la dame que j'avais croisée plus tôt.

– D'accord, je vais observer attentivement, fis-je en lui retournant son expression joyeuse.

Elle me montra comment servir correctement une bière, utiliser facilement le doseur et son shaker pour les cocktails avant que ma comparse arrive.

– Je suis désolée pour mon retard, je me change et continue l'apprentissage de Megan, souffla Juanita en courant rapidement dans les vestiaires.

– Ne vous faites pas mal, Juanita, calmez-vous ! s'écria notre employeur avant qu'elle ait disparu. J'ai déjà un barman en moins, je ne tiens pas à en avoir un autre sur les bras.

– Chéri, tout va bien se passer, détends-toi, le rassura Rosa qui s'était présentée avant de me donner les instructions, et puis, au pire des cas, je suis là moi aussi.

– Pas question, tu es mon invitée, pas une employée, trancha-t-il, enfin... Sans vouloir vous manquer de respect, Megan.

– Ne vous en faites pas, Monsieur, chacun doit connaître sa place, répondis-je avec un sourire rassurant, je ne le prends pas du tout comme un reproche.

Sa femme soupira, lassée mais continua de m'expliquer pour les différents mélanges à effectuer.

– Patron, commença Juanita, excusez-moi mais Monsieur Spencer aimerait vous voir, il est à l'arrière.

– Il ne vous a rien dit de plus ? s'enquit-il en fronçant les sourcils.

Elle secoua la tête de gauche à droite et me rejoignis.

– Merci Juanita, je m'en occupe, continuez donc sans moi.

Il nous quitta tandis que je fis quelques tests pour voir si j'avais tout mémorisé. La première bière fut un désastre mais les autres furent un succès. Des pas résonnèrent et je découvris Colin et Monsieur Stewart qui avançaient vers nous.

– Megan, c'est pour toi, m'informa-t-il en souriant.

– Pardon ? dis-je en sursautant.

Les prunelles de Colin, intenses, étaient fixées sur mon visage tandis que ses lèvres affichaient un rictus en coin. Il leva la main et j'écarquillai les yeux en découvrant mon portefeuilles dans celle-ci. Je m'essuyai les mains et, en quelques enjambées, je fus à ses côtés.

– Mais... comment se fait-il que tu aies mon étui de carte bancaire ? demandai-je, gênée.

– Hier soir, il a dû tomber de ta poche et s'écrouler sur la banquette quand tu t'es levée, dit-il en me le tendant.

– Et je ne m'en suis même pas rendu compte ! Merci beaucoup Colin.

Je l'attrapai en baissant la tête, honteuse et nos doigts se touchèrent, provoquant des frissons dans tout mon corps.

– Tu as de la chance, une personne mal-intentionnée aurait très bien pu en profiter pour l'utiliser, surtout un mec qui bosse dans l'informatique, comme moi.

Je relevai la tête et le toisai, le regard noir.

– Moi aussi j'ai d'autres cordes à mon arc, oui, continua-t-il en souriant franchement, et tellement d'autres, souffla-t-il à mon oreille.

J'entendis Rosa glousser comme une adolescente. Les joues rouges, je décidai malgré tout de jouer et attrapai sa cravate pour tirer dessus. Lorsque nos lèvres se touchèrent, se fut comme un électrochoc et mon cœur se mit à battre plus fort dans ma poitrine.

– Merci encore, Colin, maintenant... j'ai du travail.

Je ne lui laissai pas le temps de protester et me remis à côté de ma collègue, qui ne tarda pas à continuer ses explications, à mon grand soulagement. Colin nous salua avant de repartir au boulot. Une fois qu'il eut disparu, je repris mon souffle.

– Mais qu'est-ce qui me prend, bon sang, pestai-je, je suis une imbécile.

– Pourquoi donc ? M'interrogea Rosa.

Oups, j'ai pensé tout haut, remarquai-je, vous ne l'avez pas vu sur scène et avec ses groupies... je ne veux pas être une conquête de plus à ajouter à son tableau de chasse.

– Oh ça... tu sais, tu es jeune, tu dois profiter et même si ça n'est pas du sérieux, tu ne pourras pas le savoir si tu ne te lances pas.

Je soupirai. Il y avait une part de vérité là-dedans mais j'avais encore du mal suite à ma dernière relation.

– Et ne penses pas à tes ex, ceux qui t'ont fait du mal, il ne doit pas en payer le prix par leur faute.

Je laissai échapper un petit cri, surprise.

– Comment... vous lisez dans les pensées ? questionnai-je, impressionnée.

– Les regards ne mentent pas, ma belle, et il te dévorait du regard.

Je me mis à rougir, si elle l'avait remarqué, cela voulait-il dire quelque chose ? 

[IS IT LOVE ? COLIN] Chantons à l'unissonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant