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COLIN

De retour au bureau, je m'installai derrière mes écrans avec le sourire aux lèvres et fis craquer mes longs doigts. Mais mes pensées étaient tournées vers la jeune femme qui s'était montrée téméraire en tirant sur ma cravate pour m'embrasser et je ne vis pas mon collègue arriver avec un cappuccino dans les mains. Il posa une main sur mon épaule et je sursautai, surpris.

– Hey, qu'est-ce qui se passe ? Et ce sourire béat me dit que tu songeais à une certaine serveuse, n'est-ce pas ?

Pour toute réponse, je laissai échapper un râle de mécontentement et il s'esclaffa, amusé. Je lui fis face et le toisai d'un regard noir avant de soupirer.

– Colin, je peux comprendre que tu sois attirée par cette fille, elle est vraiment charmante alors ne te blâme pas, d'accord ?

– Non mais, de toute façon, c'est pas possible elle et moi. C'est pas le genre de femme qui souhaite prendre du plaisir uniquement pour une nuit, soufflai-je en passant mes mains derrière ma tête.

– Mec, j'ai bien vu les œillades que vous vous lanciez, ce n'est pas simplement une conquête de plus que tu aimerais mettre dans ton lit, fit Matt en souriant, ça paraît si difficile à croire ?

Je l'observai, perdu et baissai la tête dans un énième soupir. Je fermai les paupières quelques secondes avant de les rouvrir.

– Je suis jamais tombé amoureux donc j'en sais rien mais elle m'attire, ça c'est une certitude. Et puis cette voix... elle m'a envoûté, mec !

Je me levai et commençai à faire les cent pas dans la pièce.

– On... s'est embrassés, Matt. J'ai pas résisté et je lui ai donné un baiser qu'elle m'a rendu tout à l'heure quand je suis allé lui rendre sa carte bleue qu'elle avait perdue sur le siège du van, expliquai-je.

– Attends... quoi ? s'enjoua mon ami. Mais c'est une excellente nouvelle ! Qu'est-ce que tu as ressenti ?

Je réfléchis un instant et le regarde droit dans les yeux avant de lâcher :

– Je voulais plus. Bon sang ! grondai-je en levant les mains au ciel. Elle a un physique de fou, un visage rayonnant et des cordes vocales de velours !

– Mec, t'es cramé, ricana le brun, si ça matche entre vous, ne lâche pas l'affaire et fonce ! Tu n'étais pas aussi joyeux depuis un moment.

Soudain, l'atmosphère devînt pesante et de sombres pensées m'assaillirent, celle d'une enfance brisée. Des frissons me parcoururent et des nausées me submergèrent, me poussant à me rasseoir. Le graphiste m'attrapa par les épaules et plongea ses prunelles dans les miennes.

– Désolé, je ne voulais pas faire remonter de douloureux souvenirs à la surface mais je pensais à ce que j'ai dit. Cette expression que j'ai surprise en rentrant, ça faisait longtemps et crois-moi, ça te va mieux que cet air bougon que tu portes à longueur de journée.

Je lui envoyai une tape sur le pectoral et lâchai un petit rire. Il posa ma boisson à côté de la pile de dossiers à traiter et tourna les talons pour sortir. Je m'étirai et bus une gorgée avant de m'y remettre.

La journée se termina par une petite réunion à l'étage du grand patron, Ryan Carter. Nous avions appris que nous aurions sûrement plus de travail ces prochaines semaines suite à des clients assez exigeants. Je m'apprêtai à sortir lorsqu'il m'interpella attendant que tout le monde ait déserté la pièce.

– Cela risque d'être éprouvant pour vous aussi, Monsieur Spencer, mais je sais que vous serez vigilant et que vous resterez neutre.

– Ne vous inquiétez pas, même si ça concerne mon ami, je vous assure qu'il n'y aura pas de problème, Monsieur Carter.

– Je sais que je peux avoir confiance en vous, Colin et en Matt également, même si je doute qu'il soit au courant de tant de choses que vous.

– En effet donc ça ne sera pas une épine dans le pied non plus, soyez rassuré, soutins-je.

– Merci, passez une bonne soirée.

Nous nous serrâmes la main et je quittai l'office en vitesse, j'aimerais passer boire un verre pour me détendre, sans même avoir la certitude que Megan soit de service. Je me dépêchai et eu l'agréable surprise de la voir derrière le comptoir. Je m'approchai et mon sang ne fit qu'un tour, un type avait posé la main sur la sienne. Même si elle ne semblait pas sous son charme, ce simple contact avait éveillé une certaine jalousie. A leur hauteur, je m'installai sur un des hauts tabourets.

– Bonsoir Megan, susurrai-je d'une voix suave, puis-je avoir une bière, s'il te plaît ?

– Salut Colin, je termine avec Monsieur et je m'occupe de ça, fit-elle en souriant.

– Tu es rayonnante ce soir, continuai-je en m'accoudant au bar.

Elle m'offrit le plus beau sourire et un clin d'œil en plus. Le gars lui empoigna le poignet et elle fronça les sourcils.

– Monsieur, j'ai été assez patiente, veuillez retirer votre main, s'il vous plaît, demanda-t-elle sans se départir de son sourire.

– Mademoiselle, j'aimerais votre numéro de téléphone, je vous trouve ravissante, minauda-t-il, et j'aimerais avoir l'occasion de vous connaître davantage.

Je me levai et le toisai de toute ma hauteur. Il releva la tête vers moi et m'adressa un rictus mauvais.

– Colin Spencer, le leader du groupe Nightmareden qui, quant à lui, s'offre toutes les minettes chaque week-end, ricana-t-il.

– Elle vous a demandé de la lâcher, j'espère qu'elle n'aura pas à le répéter, fis-je en étant le plus menaçant possible.

Il lâcha un rire avant de se mettre sur ses pieds à son tour.

– Je n'ai pas peur de toi et je n'ai pas non plus à recevoir d'ordre de ta part.

– Messieurs, calmez-vous, tenta la jeune femme, sinon je vais devoir appeler la sécurité.

– Fais donc, ma belle, je ne ferai pas plaisir à cet individu qui prend les demoiselles comme des chiennes.

Ce fut la parole de trop et je l'empoignai par le col de sa chemise, agacé. Je vis, du coin de l'œil, Megan sursauter mais ma colère avait pris le dessus.

– Tu ne sais pas de quoi tu parles, imbécile, alors ferme-là et barre-toi d'ici avant que je ne t'en mette une, susurrai-je d'un ton glacial.

Ses lèvres se tordirent davantage mais une main se posa au creux de mes reins.

– S'il te plaît, Colin, calme-toi, ce Monsieur allait partir, déclara la barmaid en exerçant une légère pression qui me détendit immédiatement.

Sans réfléchir, je me jetai sur ses lèvres pour lui offrir un doux baiser tandis que le client partit après avoir grogné quelques paroles incompréhensibles. Elle posa ses mains sur ma poitrine et me repoussa légèrement.

– C-Colin, je suis en service et tout le monde nous regarde maintenant ! railla-t-elle en s'éloignant.

– Et alors ? Au moins, ce type est parti, souris-je, fier.

Elle leva les yeux au ciel et regagna sa place derrière le comptoir. Malgré son regard réprobateur, ses lèvres me sourirent.

– Mais merci, cet homme était vraiment lourd, admit-elle, ma première grosse difficulté depuis mon arrivée ici.

Elle rit et me servit ma bière. La soirée s'annonçait plus tranquille désormais.

[IS IT LOVE ? COLIN] Chantons à l'unissonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant