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MEGAN

Le temps s'arrêta l'espace d'un instant et je cessai de respirer. Il me regardait, installé sur une banquette et le sourire en coin. Une violente nausée me submergea et je tournai les talons, me précipitant derrière le bar pour m'adresser à Juanita.

« Juanita, nous avons un problème. Je... ne peux pas tout te dire car ça fait partie de mon passé et je n'ai pas envie d'en discuter mais... j'aimerais que tu t'occupes de la table vingt-trois, s'il te plaît. Je connais ce type et il me fait peur, avouai-je sincèrement.

– Quoi ? mais... Nous avons beaucoup de clients au comptoir et puis Jordan s'est absenté pour mettre le type dehors. »

Elle m'observa un instant alors que les larmes me montèrent aux yeux et elle soupira avant d'attraper un plateau.

« Je m'en occupe, tu as eu quelques cours afin d'aider derrière, je te laisse t'occuper des boissons dans ce cas.

– Merci beaucoup, je te revaudrai ça, je te le promets. »

Elle s'en aller tandis que je me chargeai des commandes du comptoir en remettant un sourire, quelque peu forcé, sur mon visage. Lorsque ma collègue revint, elle fronça les sourcils.

« Il ne veut pas avoir affaire à quelqu'un d'autre que toi. Tu veux que je prévienne le patron ? demanda t-elle en posant une main sur mon épaule.

– Non... je... vais faire un effort, merci d'avoir essayé, soufflai-je. »

Elle reprit sa place et j'attrapai le plateau à mon tour pour aller le voir. Arrivée à sa hauteur, des gouttes de sueurs perlèrent sur mon front et je déglutis avant de parler :

« Bonsoir Monsieur... que désirez-vous boire ? »

Il me toisa de la tête aux pieds avant de m'adresser un affreux sourire.

« Cet uniforme te met parfaitement en valeur. Je suis content de t'avoir retrouvée. »

Je serrai les poings, furieuse avant de cracher :

« Le plaisir n'est pas partagé ! Si tu es venu ici pour me reconquérir, tu peux repartir, je n'ai pas l'intention de me remettre avec toi. »

Je le vis, à son tour, se tendre et son expression devînt plus dure.

« Tu feras ce que je te dirai de faire. Dois-je te rappeler la promesse que tu as faite à tes parents avant qu'ils meurent ? »

Mon cœur se serra suite à ces paroles et les larmes menacèrent à nouveau de s'écouler. Soudain, les lumières s'éteignirent et les musiciens prirent place derrière leur instrument. J'en profitai pour m'enfuir et livrer la commande de mon ex. Une fois que le concert débuta et que les spots éclairèrent de nouveau la salle, Jordan m'observa et posa une main sur ma joue.

« Hey, qu'est-ce qui se passe ? s'inquiéta t-il. Juanita m'a parlé de ce client, tu veux que je le dégage ?

– Non... il n'a rien fait de mal pour l'instant alors ne faisons pas d'histoire pour rien mais il s'agit de mon ex et il essaie de me faire du chantage. »

Il m'attira contre lui sans lâcher ma saloperie d'ex des yeux. Il me caressa le dos et m'invita à le suivre dans les vestiaires. Avant, je cherchai Colin du regard et ses sourcils se froncèrent quand il capta le mien. Je lui fis un petit signe de la main avant de rejoindre mon collègue. Une fois à l'abri de la foule, je laissai libre cours à mes émotions et les perles d'eau salée dévalèrent le long de mon visage alors que mon ami m'enlaçait.

« Calme-toi, s'il tente quoique ce soit, crois-moi qu'il va rapidement le regretter. De plus... tu as ton héros pour veiller sur toi, murmura t-il à mon oreille, j'ai bien vu comment Colin réagissait en présence d'autres hommes à tes côtés et il ne laissera aucun d'eux te faire du mal.

– Je ne préfère pas qu'il se mêle de ça... ce type est un fou furieux, il... m'a battue à plusieurs reprises, m'a mis le couteau sous la gorge, etc. Je le soupçonne même d'être à l'origine de la mort de mes parents. »

Je hoquetai, en proie à une immense tristesse alors qu'il continuait de me frotter le dos dans un geste d'apaisement. Mise en confiance, je continuai :

« J'ai fait la promesse, de leur vivant, de me marier avec lui et il vient de me le rappeler alors que je ne l'aime plus, qu'il n'a cessé de me faire souffrir... Si j'ai fui à New-York, c'est aussi pour ne plus le revoir mais il m'a retrouvée. J'ai peur, Jordan.

– On ne va pas le laisser faire, crois-moi. Je vais prévenir Monsieur Steward pour qu'il renforce la sécurité, d'accord ?

– Je... merci.

– C'est la moindre des choses, il ne permettra pas à ce que l'on touche à ses employés, crois-moi. »

Il sortit son portable et composa le numéro du propriétaire que je devinais dans son bureau. Il lui expliqua la situation et raccrocha quelques minutes plus tard.

« Et voilà, détends-toi un peu maintenant et sèche-moi ces larmes, s'il te plaît. Pas que tu sois horrible mais je préfère quand tu portes ton joli sourire. »

Je lâchai un petit rire et m'excusai pour aller aux toilettes. J'en profitai également refaire mon maquillage et pris une énorme bouffée d'air avant de retourner en salle. Professionnelle et rassurée, je continuai de prendre les commandes et de les amener aux clients sous les cris hystériques, notamment quand Colin, en tant que bête de scène, fit tomber la chemise. Lors d'un moment de répit, son regard tomba sur moi et je me sentis rougir. Il esquissa un sourire et, lorsque la chanson fut terminée, il prit le micro dans la main et s'adressa au public :

« Vous êtes chauds ce soir ? »

La foule lui répondit avec grand enthousiasme et il repoussa ses longs cheveux noirs en arrière.

« La prochaine et dernière chanson s'intitule « Fighting Together », nouvelle ajoutée dernièrement à notre répertoire. En espérant qu'elle vous plaise ! »

La mélodie débuta lentement, c'était très différent des précédentes, beaucoup plus rythmées, avec des paroles explicites parlant d'amour, de passion et d'adultère. Lorsque Colin posa sa voix dessus, des frissons me parcoururent tout le corps :

« Cela faisait bien des années,

Que je ne m'étais pas senti aussi apaisé.

Un seul de tes regards assombri de désir,

Suffit à me rendre ivre de plaisir.

J'aimerais pouvoir t'approcher,

Te toucher, te caresser et te posséder.

Ce rêve, ne nous contentons pas de l'effleurer,

Bataillons ensemble pour le réaliser ! »

Nous nous observâmes intensément et j'espérais secrètement que cette chanson ait été écrite pour moi. Alors que le refrain arriva, il m'offrit un clin d'œil charmeur :

« Mon Athéna, regarde-moi,

Tous mes sens sont en émoi,

Plutôt que s'entretuer,

Ne préfères-tu pas succomber à ces baisers ?

Bataillons ensemble,

Pour que l'on s'aime et que nos corps tremblent. »

Mon cœur accéléra lorsqu'il porta une main à ses lèvres et la tendit vers moi. Je sentis mes joues rougir et mon bas-ventre s'embraser. Soudain, des doigts se fermèrent sur mon poignet et je fus tirée en arrière violemment. Quand mon regard croisa les prunelles de cette prise, je lâchai un cri : il allait me punir.

[IS IT LOVE ? COLIN] Chantons à l'unissonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant