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COLIN ─ 

Bien qu'il fut grisant à souhait, le concert m'avait épuisé et il me tardait de rentrer à la maison. J'aidai les gars à ranger le matériel dans le van et, lors d'un de mes passages devant les vestiaires, je tendis l'oreille, soudainement attiré par une voix sensationnelle. Matt, qui ne m'avait certainement pas vu m'arrêter, me percuta de plein fouet, me poussant à lâcher un râle de mécontentement.

─ Mec, qu'est-ce que tu fous ? s'exclama Matt avant de regarder dans la même direction que moi. C'est qui ?

─ Je crois bien que c'est la nouvelle. C'est pas le style de Juanita de prendre sa douche ici et les autres sont parties.

─ Bon sang, elle a une sacrée belle voix ! Après, est-ce que tu l'écoutes juste parce qu'elle te plaît ou... Que tu aimerais l'avoir dans le groupe, par hasard ?

Je fis mine de réfléchir. Je la revis de nouveau, à m'observer au bord de la scène, les yeux verts luisant d'admiration, ses longs cheveux réunis en une longue tresse brune et ses lèvres pulpeuses qu'elle n'hésitait pas à mordre par moments. Un claquement de doigts me ramena à la réalité.

─ Excuse-moi Matt, tu disais ?

─ Tu pourrais supporter de partager la scène avec une nana ?

Il m'observa en souriant.

─ Crétin... Bien sûr mais, c'est trop tôt encore pour l'approcher.

─ Oh, Monsieur veut se faire désirer.

Il rit franchement et je le suis.

─ Peut-être bien. Puis cette façon d'avoir tenu tête à Doris tout en restant maîtresse d'elle-même... Bordel, ça m'a presque donné envie de la prendre sur la table, mec.

Mon ami, hilare, se tînt le ventre tandis que je lui donnai un coup de poing dans le bras.

─ Te fous pas de ma gueule ! Après je suis pas du genre à la mettre dans mon lit si elle veut pas, précisai-je.

─ Je ne pense pas que ce soit ce genre de nana, Colin. Enfin, elle te regardait différemment.

─ Ouais... Et je sais pas si ça doit me flatter ou pas. Après tout, je suis pas un gars qui s'attache.

Il posa une main sur mon épaule.

─ Amigo, avec ton passé, c'est normal. Mais faut pas oublier que le sexe, ça dure qu'un temps, tu finiras par te lasser.

─ Dixit celui qui n'a aucune intention de se poser ! ricanai-je en lui tapant le torse.

─ Faux, ce sont elles qui ne le souhaitent pas !

─ M'ouais !

Nous continuâmes de ranger le matériel et, alors que nous étions au van, Adam courut vers nous.

─ Les gars, vous avez entendu Megan chanter ?!

Nous nous regardâmes et, d'un regard entendu, nous acquiesçâmes de la tête.

─ Et vous ne m'avez rien dit, sympathique comme attitude, protesta-t-il avec une moue boudeuse.

─ On la connait depuis à peine quelques heures et... on est pas censés l'espionner, surtout dans les douches, ça fait pervers, souris-je.

─ Et c'est toi qui parles. T'es un peu gonflé après l'avoir vue dénudée pendant que tu prenais la tienne !

Nous éclatâmes de rire avant de nous remettre au travail. Rapidement, je me retrouvais près du van. Pendant que mon ami était au téléphone, j'attendais la serveuse et mes pensées divaguèrent. Je vis à nouveau la scène au ralenti et une douce chaleur s'installa au creux de mon bas-ventre. Je fermai les yeux et respira lentement pour calmer mes ardeurs mais sa poitrine enfermée dans ce bout de tissu à dentelle me hantait. Soudain, j'entendis la porte s'ouvrir et je rouvris les paupières. Elle était là, à fouiller dans son sac et je me raclai la gorge. Elle sursauta et posa une main sur son cœur.

─ Non mais ça ne va pas ? Tu m'as fait peur, imbécile. Ce n'est pas un endroit où attendre quelqu'un, tonna-t-elle.

Encore une fois, le fait qu'elle soit en colère m'excita comme un fou et je dû faire preuve de maîtrise de moi-même pour ne pas laisser mon désir se réveiller plus bas.

─ Je t'ai entendue chanter et je me disais que ça pourrait être pas mal pour toi de faire tes débuts sur scène.

─ Pas question, je ne suis pas faite pour ce milieu, répondit-elle en un éclair en fronçant les sourcils.

─ Comment peux-tu en être aussi sûre ? Tu comptes rester serveuse toute ta vie ?

Elle s'approcha de moi en quelques enjambées et posa un doigt sur mon torse, elle voulait sûrement être menaçante.

─ De quel droit te permets-tu de dénigrer un métier ? Tu crois être le maître du monde parce que tu as toutes ces minettes en chaleur à tes pieds ? Crois-moi, tu es loin de l'être. Et figures-toi que d'où je viens, j'étais une très bonne infirmière alors méfies-toi parce que je pourrais te mettre quelque chose dans ton verre sans que tu sois au courant.

Nous nous regardâmes en chien de faïence. Puis j'éclatai de rire.

─ Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle ! gronda-t-elle, un poil vexée.

─ Jamais personne ne m'a parlé comme ça et je dois avouer que ça m'amuse.

Je me penchai vers elle et observai à la dérobée ses lèvres pincées.

─ Tu as du cran et ça rend la situation vraiment excitante, murmurai-je sensuellement, nos visages à quelques centimètres l'un de l'autre.

Alors que j'allais poser mes lèvres sur les siennes, elle se déroba gracieusement en riant nerveusement.

─ Tu peux toujours courir, Colin. Je te l'ai dit, je ne fais pas partie de ces filles qui te baiseraient les pieds, estimes-toi heureux que je ne t'ai pas giflé parce que tu l'aurais mérité. Maintenant, si tu veux bien m'excuser, je suis fatiguée donc je rentre chez moi.

─ On peut te ramener chez toi, si tu veux.

─ Désolée mais... mes parents m'ont toujours dit de ne jamais suivre des inconnus et je vais suivre ces belles paroles.

La porte s'ouvrit une nouvelle fois derrière nous.

─ Oh, vous êtes encore là ? s'étonna Jordan. Qu'est-ce que vous faisiez ?

─ Rien du tout, s'empressa de dire la demoiselle, on discutait simplement.

─ Tu veux que je te ramène, Megan ?

─ Avec plaisir, Jordan.

Elle m'adressa un sourire en coin, fière d'elle tandis que je soupirai.

─ A la semaine prochaine, les mecs !

Ils partirent et je pus facilement observer les courbes généreuses de la jeune femme une dernière fois. Deux semaines avant notre prochaine rencontre, ça risquait d'être long. Heureusement, ce bar n'était pas loin de mon lieu de travail et je comptais bien venir lui rendre visite avant ce prochain concert.

*

La semaine avait été difficile et le week-end s'annonçait encore rempli avec notre mini-concert mais nous voulions profiter de notre soirée du vendredi. J'avais donc invité notre groupe au Heaven, où travaillait Megan, ce qui avait étonné une partie du clan mais ils n'avaient pas posé de questions même si Matt m'avait adressé un grand sourire.

Nous nous rejoignîmes devant le club pour prendre un verre. Lorsque nous rentrâmes, je l'aperçus rapidement au bar, accoudée et en train de discuter avec Jordan. 

[IS IT LOVE ? COLIN] Chantons à l'unissonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant