14. Sans souvenir, sans cœur.

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Kirua sortit de la montagne comme une fleur qui arrive à pousser dans le béton. Il était vraiment là, c'était lui, à n'en pas douter. Gon le reconnaissait, Kirua était réellement vivant, il en avait la preuve devant lui. Les jambes de Gon bougèrent toutes seules en le voyant. Il avait oublié tout le reste. Ging, Pitô, même Kurapika et Léolio. La malédiction à la poubelle, le sacrifice de Kirua dans la benne à ordures. Plus rien n'avait d'importance pour Gon, que Kirua. Alors il se jeta sur lui.

Kirua fut très rapide, il l'évita, puis attrapa son bras, le tordit dans son dos et de son autre main, il fit pousser ses griffes et les plaça sous son cou.

– Qui es-tu ? interrogea Kirua. Et selon ta réponse, je déciderai si tu vis ou non.

Sa voix était glaciale, son ton monocorde. Gon eut l'impression qu'une chape de plomb lui tombait dans l'estomac. C'était comme s'il avait avalé des couleuvres et tout un tas de mauvaises choses en même temps. Il n'osa pas bouger, il n'osa rien dire, Kirua était en train de le menacer de mort et ne se souvenait plus de lui. Pitô n'avait pas menti. Et Gon se rendit compte à quel point il avait été naïf de croire qu'il suffirait à Kirua de le revoir pour se rappeler de lui. C'est Léolio qui parla à sa place :

– Relâche-le, Kirua, Gon est ton ami.

Kirua répondit, toujours sur le même ton :

– Je n'ai pas d'ami.

Gon eut l'impression que Kirua venait de le tuer, mais il n'avait pas bougé du tout. C'était juste ses paroles qui venaient de l'attaquer bien plus durement que s'il lui avait tranché la carotide.

– Si, murmura-t-il, tu m'as moi.

Kirua le relâcha brutalement et le poussa en avant. Il ne semblait pas vraiment furieux, simplement c'était comme s'il n'était pas atteint par ce qu'il entendait. Il avait plus l'air d'une marionnette qui exécute les gestes qu'on lui a appris, qu'un être humain libre de ses choix.

– Dégagez, dit-il, vous n'avez rien à faire ici.

– Kirua...

– Je ne sais pas comment tu connais mon nom, mais je te le répète, je n'ai pas d'ami.

Sur ces mots, il passa à côté de Gon, de Léolio et de Kurapika sans vraiment les voir, et il s'en alla. Gon voulu le poursuivre, mais Kurapika le retint par le bras :

– Il n'est pas en état de t'écouter.

Gon n'était pas non plus en état de faire ce qu'on lui conseillait. Léolio dut l'emprisonner dans ses bras pour l'empêcher de courir après le Zoldik, et même comme ça, il galéra à le maintenir en place. L'enfant se mit à crier, à pleurer et même à mordre, jusqu'à ce que Kurapika lui rappelle l'essentiel :

– Kirua est vivant.

Gon se calma immédiatement, tandis que Kurapika continuait :

– Il ne se rappelle plus de toi ni de nous, mais il est en vie. Tant qu'il vit, il y a de l'espoir, mais tu vas devoir être patient.

Gon acquiesça et Léolio le relâcha.

– Pour le moment, allons manger quelque chose et trouver un endroit où dormir.

Gon n'avait pas envie de bouger de là, mais il ne voulait pas non plus refaire une crise de nerfs. Il devait être fort, il devait être patient, comme l'avait dit Kurapika. Il accepta donc de redescendre en ville pour se sustenter et trouver un hôtel. Il reviendrait, et il réussirait à convaincre Kirua qu'il était son ami.

CaptifOù les histoires vivent. Découvrez maintenant