15. Contradictions.

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Gon essuya ses larmes, Kirua ne s'était pas enfui après lui avoir dit « bonjour », il restait planté là. Il n'avait pas l'air intrigué ni ennuyé. Il semblait attendre quelque chose, mais Gon n'en était pas sûr.

– Pourquoi tu viens ici ? demanda finalement Kirua.

– Je te l'ai déjà dit, parce que je t'aime aussi, et que je veux te récupérer.

– Je ne comprends pas de quoi tu parles.

Gon haussa les épaules. Kirua était en train de lui parler, presque normalement, il ne le menaçait pas, il ne le frappait pas, il ne s'énervait pas. Il était juste là, à essayer de comprendre ce que lui disait le garçon.

– Tu sais, c'est du harcèlement ce que tu fais, lança Kirua.

Gon qui avait été heureux la minute d'avant, eut l'impression que le ciel lui tombait sur la tête tellement le poids dans son estomac et sur ses épaules revint, plus lourd encore. Il n'avait pas vu les choses comme ça, lui. Il pensait juste que s'il apparaissait beaucoup à Kirua celui-ci finirait par se souvenir.

– Alors arrête ça ! ordonna Kirua.

Gon s'était dit qu'il n'abandonnerait jamais pendant quelques minutes, et maintenant il savait que tout ça n'était qu'un mensonge. Il harcelait Kirua, il ne le faisait pas revenir. Si son meilleur ami lui avait dit « bonjour », c'était juste pour lui faire remarquer ça. Gon n'était pas du genre à laisser tomber, mais c'était trop.

– Je ne suis plus maudit, alors pourquoi ai-je l'impression de l'être encore plus ? demanda-t'il d'une voix blessée.

Kirua ne répondit rien.

Trop de pression. Trop de déception. Un an à essayer de retrouver Kirua, un an pour rien, pour découvrir que Kirua se sentait harcelé. Gon se sentit lâche tout à coup, il ne trouva rien d'autre à faire que fuir. Kirua regarda l'enfant partir, puis continua son chemin. Son père venait de lui donner une nouvelle mission.

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Le temps n'existait pas pour Kirua, il ne le voyait pas passer, il ne comptait pas les jours, il n'avait aucune idée de la date et il s'en fichait. Il faisait ce qu'on lui disait, il ne se posait pas de question. À part le garçon qui lui tournait autour, il n'y avait rien dans sa vie. Pas de plaisir, pas de désir. Tout était sombre, comme s'il vivait dans un tunnel sans trouver aucune sortie. Sauf qu'il ne cherchait pas en sortir. Il avait réussi à faire fuir le garçon cette fois-ci, mais Kirua pensait qu'il reviendrait.

Sauf qu'il ne revint pas.

La mouche ne tournait plus autour de lui. Les engrenages étaient à nouveau bien huilés. Plus de tâche sur le tableau.

Kirua crut que c'était exactement ce qu'il voulait. Pourquoi s'en serait-il préoccupé ?

Le temps n'existait pas pour lui, alors pourquoi tout à coup comptait-il les jours ?

Une semaine et quatre jours.

Deux semaines.

Trois semaines et deux jours.

Kirua s'arrêta devant l'arbre où l'enfant se mettait souvent, et il n'y avait personne, et Kirua resta planté là pendant des heures comme si ça pouvait le faire apparaître.

Pourquoi est-ce que quand la mouche était enfin partie, Kirua se rendait-il compte qu'elle lui manquait ?

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CaptifOù les histoires vivent. Découvrez maintenant