Captif

8. Kurapika et Léolio.

Kirua fixait son bol en se demandant comment il en était arrivé là au juste. Gon, à côté de lui, mangeait avec appétit, pas le moins du monde inquiet ou méfiant. Toujours si naïf et si confiant. 

Alors qu'ils étaient en train de discuter avec Kurapika, un homme avait débarqué dans la maison de celui-ci. C'était un grand type avec des cheveux noirs et la coupe en brosse, des lunettes de soleil sur la tronche, même à l'intérieur. Il portait un costume bleu et avait commencé à parler fort :

- Bonjour Kurapika. Tu as de la visite ?

- Comme tu peux le voir.

L'homme s'était présenté immédiatement aux deux enfants.

- Je m'appelle Léolio !

Et il avait attrapé leurs mains pour les secouer très fort.

- Qu'est-ce que vous venez faire ici les enfants ? avait-il interrogé.

Kirua s'était retranché dans le silence, mais Gon avait répondu :

- On est venu demander de l'aide à Kurapika.

- Oh vraiment ? Et bien je suppose que vous êtes tombé sur la bonne personne ! Je suis sûr que Kurapika pourra vous aider.

Gon avait acquiescé tout sourire, mais Kirua avait croisé les bras. Il ne savait pas qui était ce Léolio, s'il avait accepté de confier leur problème à Kurapika, ce n'était pas le cas pour cet intrus trop bruyant. Il avait voulu partir et revenir plus tard, quand Kurapika serait prêt à les aider et quand Léolio ne serait pas là, mais l'homme était bavard et curieux et en apprenant – par Gon – qu'ils étaient seuls et vivaient à l'hôtel, il les avait invités presque de force à venir habiter avec lui et Kurapika. Parce que, selon Léolio, il ne pouvait pas laisser deux enfants seuls ainsi livrés à eux-mêmes. Kirua avait refusé, il pouvait s'occuper de lui-même tout seul, mais Gon avait accepté et remercié Léolio. Ça avait tourné en dispute entre les deux garçons, mais au final Gon avait eu gagne cause, et Kirua avait été obligé de rester avec lui.

- Tu ne manges pas ? L'interrogea Gon.

Kirua revint au moment présent et tourna les yeux vers son ami qui avait du riz sur le coin de la bouche, tellement il avait mangé vite. D'un geste agacé, il attrapa une serviette et essuya la frimousse de Gon, puis il se préoccupa de son propre bol :

- Si je mange, dit-il.

- Alors tous les deux pourquoi voyagez-vous seuls ? Où sont vos parents ? interrogea Léolio.

Kirua dévora son riz sans répondre, mais Gon était comme d'habitude trop bavard :

- On recherche mon père, on a demandé de l'aide à Kurapika.

- Et vous n'avez pas d'autres parents pour s'occuper de vous ?

Gon et Kirua échangèrent un regard et Kirua avala ce qu'il avait dans la bouche avant de dire :

- Ça va, on peut se débrouiller tous les deux.

- Mais vous êtes jeune ! Vous avez quoi ? Dix ans !

Une veine apparue sur le front de Kirua qui s'énerva :

- On a douze ans !

- C'est pas beaucoup plus, insista Léolio.

Kirua fronça les sourcils. Cet adulte commençait à lui chauffer sévère.

- On a très bien pu se débrouiller jusque-là, on peut continuer !