Chapitre 01- Evil euphoria

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Un coup de soleil sur la tranche, la brise dans mes cheveux, de la musique qui remplit l'habitacle, et une autoroute infinie. Voilà ce à quoi j'aspirais. Voila ce à quoi se résumait mon bonheur.

Sur le siège, constituait de deux matelas superposés l'un sur l'autre, je me sentais en vie, heureuse. Réellement heureuse. Je ne m'y attendais pas, à cette bouffée d'air frais qui apportait toutes les clés du bonheur avec elle. Je crois que je n'ai jamais eu aussi mal à la mâchoire, parce que je n'ai jamais autant sourit. Je n'avais même pas besoin d'une blague, d'une action comique ou peu importe pour me décrocher un sourire. Une belle musique à la radio, un joli paysage à travers la vitre, ou juste une prise de conscience me rendait cet éclat. Prendre conscience que je suis à des kilomètres de chez moi, que pour la première fois de ma vie j'ai écouté mon cœur, mon âme et j'ai envoyé chier le monde.

Je n'ai depuis deux jours aucun contact avec les gens de l'Indiana (si ce n'est mes deux sœurs à qui j'ai fait promettre de garder le secret) parce que si je suis partie c'est pour l'oublier. Cette ville qui m'a tout enlevé. Cette prison qui m'a tant privé. Aujourd'hui j'ai un énorme sourire sur les lèvres, et mon cœur palpite de bonheur, je n'arrive plus à penser à mes démons. Peut-être qu'ils reviendront, peut-être même plus vite que je ne le pense, mais en cet instant je ne suis obséder que par trois choses.

Le soleil dorée sur ma peau, celui qui me fait sentir en vie, celui qui brûle mon corps jusqu'aux tréfonds de mon âme. La route, parfois droite parfois rocailleuses, parfois tracée d'autres fois totalement improvisée, celle qui nous mène nulle part, celle qui n'a pour destination que l'insaisissable horizon. Et enfin les quelques humains qui m'accompagnent, deux pour être précise. Catalena qui me suivra toujours dans les plus fous délires et qui me soutiendra jusqu'au bout de ma vie, celle qui dort en ce moment malgré la chaleur, malgré la musique, malgré la route rocailleuse, et Roxan que je n'aurais jamais soupçonné être avec moi en un moment pareille, mais qui s'est avéré être l'homme de la situation, et qui conduit en ce moment malgré la chaleur malgré la musique malgré la route rocailleuse.
Pourquoi on ne m'avait jamais dit qu'en dehors de ma zone de confort se trouvait un tas de moments saisissants, un tas de paysages extraordinaires, et un tas de sensations indescriptibles. Je n'ai même plus envie d'autre chose que d'être en vie. Rire à plein poumons. Sourire sans raison. Hurler à m'en déchirer les cordes vocales. Je crois qu'on appelle ça l'euphorie.

C'est beau l'euphorie.
J'aimerais qu'elle ne s'arrête jamais, comme cette camionnette qui ne cesse de rouler.

Ça ressemble à la folie. Avec tout ce qu'elle englobe, le manque de jugement, l'extravagance des sensations, l'incohérence des actions et l'absence de raison. Sauf que j'ai confiance et j'ai conscience du moment présent.

C'est beau l'Euphorie, additif. C'est comme une drogue à laquelle on goûte par curiosité et qui provoque des sensations tellement fortes que le cerveau en devient accro, puis notre métabolisme dépendant.

Mon coup de soleil me brûlait, mais je continuais tout de même de fixer le ciel à travers la vitre. Parce que le ciel infiniment bleu dépourvu de nuage c'est beau, comme une toile blanche sur laquelle on projette nos fantasmes les plus fous, nos plus belles illusions.

J'ai soif, à sentir ma gorge craqueler de sécheresse, mais je ne veux pas bouger de mon siège, je ne veux pas enlever ma tête de cette vitre tremblante qui ne cesse de me donner des petits coups sur le front. Il n'y a pas d'autres spectacles plus beaux que cette route que je ne croiserai probablement jamais à nouveau. Parfois des arbres sauvages mal taillés mal hydratée, parsemaient le paysage, parfois d'énormes rochers qui s'approchaient plus d'une falaise que d'un caillou, et parfois des voitures des humains, des habitats, la civilisation.

Nos Cœurs CendrésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant