Chapitre 7 - If I seek, will I find you?

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Mon âme ne suffisait plus à mes fantômes. Ils s'attaquaient désormais à ce qu'il y a de plus important pour un être humain.
Ma raison.
Autrement je ne serai qu'un animal. Un fantôme errant sans objectif sans relief, comme eux.

Je n'avais plus goût à quoique ce soit. Même le retour de Catalena à la maison ne m'avait pas fait vibrer comme il se devait.
Certes j'avais pleuré, et je l'avais grondé de plus jamais me faire une telle frayeur.
Mais je ne sais pas, quelque chose n'allais pas avec moi.
Je n'arrivais plus à faire autre chose que de pleurer. Et lorsque je le faisais, c'était soit excessif (c'est-à-dire une rivière qui coule durant des heures) ou insuffisant (deux larmes qui glissent de mes yeux, mais sans ce pouvoir libérateur).

J'avais en boucle dans la tête, des idées sombres. L'envie de fuir, partir loin à la rencontre de Quelque Chose d'autre, et l'envie de m'enfermer, fuir ce Quelque Chose. Quelque chose clochait avec moi. Je ne comprenais même pas la raison de mon mal-être. Est-ce vraiment l'annonce du divorce qui m'avait autant bouleversé. Je veux dire c'était prévisible ma mère avait simplement mit les mots sur ce que je savais depuis un petit bout de temps maintenant. Même Catalena n'avait pas réussi à apporter un semblant de joie dans mon quotidien. Elle arrivait à me soutirer quelques sourires, parfois même un éclat de rire. Mais rien de plus que ça. Je ne lui reprochais rien, elle avait fait tant d'efforts que d'autres gens n'auraient pas fait. Je m'en plutot voulais à moi, de ne pas arriver à mentir, à faire semblant comme nombreuses personnes le font.

L'école, ne m'était plus d'aucun intérêt, je ramais déjà pour me faire une place sur ce banc trop étroit, entre ces enseignants dévorateurs de mon espace personnelle, et les élèves bourreaux de ma santé mentale, mais désormais rien que faire l'effort de voir d'autres personnes était une torture. Mais rester à la maison non lus n'arrangeait pas les choses.

La maison, n'était plus qu'une grande bâtisse où errent plusieurs colocataires, fade et ennuyante je n'y allais que pour «dormir» ou faire une petite apparition auprès d'eux pour hurler un «j'existe!» avant de repartir ne supportant plus les tensions dans cette foutue famille.

Les premiers jours après l'annonce de leur divorce, mes parents avaient tenté de retisser des liens, chacun à sa manière, histoire de gagner la faveur de leurs enfants et ainsi du tribunal.

Mon père nous noyait de cadeaux et de bons d'achats, en l'espace d'une semaine j'aurais pus dévaliser tout le centre commercial, si je n'avais pas perdu le goût au shopping.

De son côté, ma mère tentait de s'impliquer dans nos vies, en cherchant à en savoir plus sur nous. La seule que cela réconfortait et qui s'adonnait pleinement à cette nouvelle activité (qu'est la discussion mère fille) était Maelle et je ne pouvais pas lui en vouloir. Elle avait tant besoin de l'attention de sa maman et de sa maman tout entière, rôle que j'avais, pendant des années, tenté de remplir, en vain.

Ma mère m'avait même posé la fameuse question si cliché: «comment ça se passe avec les garçons ?»
Comme la fille modèle qu'elle a éduquée, j'ai répondu à chacune de ses questions (certes avec un semblant de mensonge, de froideur et d'ironie) comme à celle-ci où j'ai menti par un «ça se passe bien».
Qu'est que j'aurais pu dire ? Lui dire la vérité ?! Que je ne peux pas m'adresser à un garçon sans rougir et balbutier. Que je ne peux pas m'intéresser à un garçon sans le prendre pour dieu, le vénérer et m'imaginer les scénarios les plus farfelus, pour au final perdre tout intérêt parce que je l'identifie à papa. Que les seules relations qui ne m'ont pas détruite, sont celles qui se sont passées dans ma tête avec des personnages fictifs. Les autres ont tous vu en moi la fille brisée que j'étais et m'ont mutilé avec mes propres morceaux aiguisés.

Je repris mon jean par terre et le remit avant de sortir de cette maison qui avait tout d'un hôpital psychiatrique: l'enfermement, les médicaments à tous les repas, les murs blanc et fades (malgré l'ornement luxueux) et la santé mentale défaillante de toute la famille.

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