Nos Cœurs Cendrés

Chapitre 07 - Danseuse étoile

J'aurais voulu sombrer dans l'anonymat le plus total, une invisibilité qui me débarrasserait de cette étrange sensation. 

J'ai aimé ce qui s'est passé, j'ai adoré. 

Mais j'ai l'impression qu'à ses yeux ce n'était qu'une petite aventure, des sortes de préliminaires qui me garderait à lui jusqu'au jour où il se décide de me baiser. Je suis si minable. Je n'aurais pas dû ressentir tout ça, tout ce mélange de sensation et d'émotions. J'aurais voulu voir ce même désespoir dans ses yeux, cette même avidité qui surpasserait toutes ses valeurs toutes ses convictions. Mais il n'y avait que du désir, aussi brûlant soit-il, il ne me suffisait pas. 

J'ai menti quand j'ai dit que je n'étais pas déçu, la vérité c'est que je m'attendais à plus parce que je suis comme ça, parce que j'ai tout donné dans ce baiser et je m'attendais à ce que ça soit réciproque. Ça fait mal, bordel. 

Pourquoi il a fallut que je sois moi. Je veux dire n'importe quelle personne aurait compris le message, à sa manière de parler, d'agir, de regarder  cette réputation qu'il traîne depuis si longtemps, ce gars ne s'attache pas. Aucune fille du lycée n'a essayé (ou du moins réussi) à le faire, parce qu'à ses yeux aucune fille du lycée n'en valait la peine, et j'en faisait parti. Je le hais, je le hais tellement d'être comme ça et je me hais encore plus d'être comme ça. Aussi vulnérable et assoiffé d'attention, qu'il suffit d'un stupide baiser pour m'embrasser.

_  Tu vas où par là ? M'interpella la voix de Catalena qui me sortit de mes torpeurs.
 
Je me rendis compte que j'avais un peu dévier du chemin et m'enfonçais dans des bois isolés. Il faut dire que Roxan marche assez vite et ce n'est pas mes petits pieds et mon esprit vagabond qui le rattraperaient. 

Je me joignis à ses pas et prit la bouteille de vin que je mit dans mon panier pour l'alléger. Même avec ses deux minables sac de bouffe (enfin déchets puisqu'on avait tout dévoré) madame trouvait le moyen de se plaindre. Pour le coup Roxan avait agi en vrai gentleman en nous délivrant du plus gros poids. Catalena avait prit les sac poubelle et moi le panier en osier et la nappe.
 
Catalena m'a tiré le bras pour m'arrêter dans ma marche, je m'exécutai même si ça signifiait se perdre dans ces bois sans un Roxan pour nous guider, lui qui continuait sa route ne se souciant guère de nos discussions.
 
_  Ça va qu'est-ce qui s'est passé ?
 
Elle a froncé les sourcils et a grimacé avec un air de «ça craint». J'ai souri légèrement et ait osé un regard vers Roxan pour voir s'il était assez loin et il était tellement qu'il se confondait avec les arbres.
 
_ On s'est embrassé.
 
Je n'arrive pas à croire ce que je venais de dire. C'est...fou et improbable.
 
_ Oh oui que tu l'as fait, s'exclama-t-elle avec un énorme sourire, les tympans d'Aaron l'ont bien entendu.
 
J'ai ri et levé les yeux au ciel un air exaspéré sur le visage. Pauvre Aaron il n'est pas tombé sur la fille la plus ordinaire de l'Indiana.
 
_ Mais je comprends pas il est où le problème.
 
C'est moi.
 
_ Tu connais ton ami mieux que moi tu devrais le savoir.
 
_ Ah j'ai compris ! Écoute Lyra je suis désolée de te dire ça mais si tu t'attends à une quelconque relation durable avec lui tu peux encore attendre. Et puis je crois pas qu'il soit bon pour toi, c'est mon ami mais tu l'es aussi et tu mérite mieux que lui.
 
J'entendais ce qu'elle me disais. Je savais ce qu'elle me disait, mais je ne le comprenait je n'arrivais pas à l'assimiler.
 
_ Je sais.
 
_ Si ça devait arriver je serais jamais contre, je vous shiperais à mort. Mais si c'est pour voir cette moue sur ton visage je préfère t'en dissuader dès maintenant.
 
J'ai voulu pleurer, les larmes sont montées, mais je m'en suis dissuadé et j'ai acquiescé de la tête pour reprendre la route et me replonger dans mes pensées. Elle m'a tapoté le dos de deux tapes affectifs et à reprit la marche, parce que Roxan commençait à pendre une avance considérable et il était le seule à avoir téléchargé l'itinéraire de ces bois, et bien sûr il n'y avait pas de réseau dans ce trou paumé.