« La rue m'a tout pris. » - Djibril

19 - « J'ai des tas de potes à l'habitude. »

19 - « J'ai des tas de potes à l'habitude. Mais mon meilleur ami s'appelle solitude ! »

J'étais à fond dans l'bizz sans m'soucié des hnouchs. Si je fais ça c'est pour elle, pour moi, pour que je puisse enfin faire le deuil.

J'ai récoltais assez d'argents 'fin je pense.
Je rentre me reposer parce que j'en ai besoin, pour récupérer toute les nuits de sommeils que j'ai louper j'devrais nehess au moins cinq mois sah !

Emporter par le sommeil, bercer dans les bras de Morphée ; cette putain de sonnette ne fait que de sonner !
Faut que j'pense à la débrancher quand je dors.

J'me lève avec les yeux à moitié fermer et j'ouvre.

Jaïl - « ah frère ça fait trois heures que je sonne là ! »

Moi - « à aucun moment tu t'es dit que si j'ouvrais pas c'est que j'étais peut être occupé, nan ? »

Jaïl - « t'es jamais occupé toi »

Moi - « bah figure toi que j'dormais là hmar et tu m'a réveillé !! »

Jaïl - « bah tranquille j'cavale »

Moi - « maintenant que je suis réveillé reste là »

Il entre. On s'pose sur le canapé. Il me raconte sa vie, moi je l'écoutais à moitié, le sommeil voulait prendre le déçu mais j'resistais.

Jaïl - « oh tu m'écoutes ?! »

Moi - « hein ? Ouais ouais tekass »

Jaïl - « mmh, bon alors on y va ? »

Moi - « où ? »

Jaïl - « tu m'écoutait pas pd !! À la boxe wesh »

Moi - « euh ouais si tu veut »

Il y prend gout le petit à la boxe. J'prend des affaires de rechange et on y va.

Moi - « eh j'ai remarqué heja, jamais tu vient avec ta gova ; t'es toujours à pied, pourquoi ? »

Jaïl - « parce que l'gazoil ça coûte trop cher ! »

Moi - « ah ouais j'avais pper-za que t'était le plus gros radin du monde »

Jaïl - « n'oublie plus alors »

On arrive. Chacun fait son entrainement de son côté.

*

Mes affaires prêtes, le billet d'avion pris j'ai plus qu'à attendre demain matin.

Pourquoi un billet d'avion ? Pour aller au bled, sur la tombe de ma Yemma.

Depuis qu'elle est partie j'y ai pas étais une seule fois, son enterrement j'ai pas pu y assister, j'étais au hebs.

J'regarde l'heure sur mon téléphone : o1h30

Ça va mon départ il est pour cinq heures.
J'suis sur mon banc, j'attend. J'attend quoi ? Ou qui ? Je l'attend elle, Naïa. J'ai pris l'habitude de la voir tout les soirs, ça fait partit de ma routine, de mon train-train quotidien.

Plusieurs fois j'lui ai demandé ce qu'elle faisait dehors à cette heure là mais soit elle changé de sujet ou soit elle m'envoyé balader.
Cette fille, elle est trop mystérieuse, elle fait zehma la meuf forte mais ça se voit qu'elle est pas bien.
Je me suis renseigné sur elle mais presque personne la connait, or qu'elle habite dans la cité.

Hassoul je reste encore un peu et puis ne la voyant pas arriver je rentre.
Personne ne sait que je pars au bled même pas Jaïl, meskine il va se sentir seul.

J'ai laissé un mot à l'appart pour eux. Jaïl il a les clés, après je sais pas si il sait lire ce hmar.

*

Mes pieds posés sur le sol algérien je respire. C'est un tout autre décor que j'ai en face de moi. Je suis venu très peu en Algérie mais quand j'y suis je m'en sens revivre.
Beaucoup disent que le bled c'est beau, c'est bien mais combien veut bien y rester pour y vivre ? Très peu et moi le premier..

Pas le temps de visiter je m'en rend immédiatement sur la tombe de ma Yemma.

Son nom gravé sur du marbre, les yeux me piquent, mon corps tremble on aurait dit un psychopathe.
J'vous jure jamais j'me suis sentis aussi mal qu'à ce moment là.
Et dire qu'elle est là juste en dessous de cette tombe.. Zebi ma mère méritait pas de partir ! Elle avait à peine cinquante ans ! J'ai pas assez profiter d'elle et c'est maintenant que je m'en rend compte ! À cause de mes trafics de merde j'ai pas pu profité comme il fallait, la rue m'a privé de ma Yemma. Cette chienne !

Je m'assois par terre en face de sa tombe, j'pense à R, juste à lui parler.

Moi - « un an que t'es partit et y a que maintenant que j'viens te voir ? -rire- j'suis un lâche. Tu sait tout les jours j'pleure ta mort mais Bilel la dernière fois m'a dit que lorsque je pleurais ça te bruler. Sah j'sais pas si c'est vrai mais en aucun cas je voudrai te faire du mal même si c'est à cause de moi que tu es là dedans..
J'ai besoin de toi Yemma, besoin de sentir ton odeur, de ta présence je peut plus, sans toi je vis plus.. C'est grâce à toi que j'suis venu au monde et si j'vis jusqu'à présent c'est pour toi. Tu me manque hayati, N'Brick Yemma.. »

J'ai dû m'arrêter ici, les larmes étaient en train de prendre le dessus.
Elles ont créée un océan de larmes autour de sa tombe.

Je suis resté jusqu'à tard devant sa tombe. À dire vrai je savais pas où j'aller dormir.. Alors je suis rester près d'elle, comme je le dis souvent j'ai plus R à perdre. Les risques j'les prend les yeux fermés, j'ai pas peur de la mort.

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