la corde. (partie 1)

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— changement d'ambiance —

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— changement d'ambiance —

la musique s'apaise
læ fil de fériste, læ trapéziste, l'artiste aux sangles et cellui à la corde retrouvent le sol (sacré)
læ danseureuse disparaît peu à peu de la scène, s'enfonçant dans les coulisses noirs
et au milieu de tout ça se dévoile une étincelle :

iel est attaché-e par un harnais qui lui serre la taille
iel monte peu à peu dans les airs
iel a des cheveux blonds splendides
les cheveux virevoltent, libres et sensibles au vent
les cheveux sont longs et tout lisses, ils tombent en cascade sur sa poitrine
iel a les cheveux révolutionnaires

iel a la rage au corps
iel a le ravage au cœur

(c'était la description de l'artiste)

d'ailleurs iel pense beaucoup
ses pensées sont tels des bouts de chairs écorchées, des blessures mal pansées

alors la foule l'entend parler :

"mais qu'iel aille se faire foutre sérieux. je suis pas assez bien pour iel c'est ça ? iel a quand même eu le culot de l'embrasser devant moi. nan mais j'y crois pas. [...]"

— remise en contexte —

l'artiste qui pense avec rage est cellui qui embrassait un-e autre pendant la scène des passages
mais apparemment læ trapéziste a piqué le cœur de cet-te majesté
quelle tristesse

— retour sur le plateau —

l'artiste sur scène est dévasté-e par la colère
iel monte de plus en plus et frôle presque la toile du chapiteau
pile au moment où son ascension s'arrête brutalement, une corde est lâchée
elle tombe du ciel, miraculeusement, inespérée
les anges existent donc vraiment ?

iel regarde la corde et l'attrape d'un mouvement sec
dans son esprit ébranlé et noyé par le poison de l'amour, les mots ne se sont pas encore tus :

"j'aimerai bien l'étrangler avec cette saleté de corde cet-te ignoble trapéziste. je veux læ voir mourir. je veux qu'iel crève dans mes bras, sous ses yeux. putain qu'est ce qu'iel me manque. je veux retrouver son amour. et pour ça, il faut qu'iel meurt, iel doit nous laisser en paix. nous avons le droit de vivre notre amour. alors je læ tuerai à la première occasion venue. je lui mettrai cette corde sous le cou et je tirerai aussi fort que je peux. son cou craquera et son poids dans mon corps se relâchera immédiatement. iel sera lourd-e et mes bras trembleront. mais ils cesseront leur mascarade quand iel viendra me prendre dans ses bras. iel viendra pleurer la mort de saon amant-e dans mes bras, sa bouche contre mon cou. je sentirai de nouveau son odeur et je n'aurai plus peur. et puis le temps passera un peu et iel sera reconnaissant-e envers moi, d'avoir tué l'entrave de notre relation. iel sera heureux-se avec moi, j'y veillerai. mais pour ça, ce-tte putain de trapéziste doit mourir."

la foule est stupéfaite
elle n'arrive même pas à avoir peur tellement la véhémence de l'artiste l'obnibule
l'artiste a une aura qui surprend, qui bouleverse et qui marque

— reprise du numéro —

iel est désormais sur la corde et se balance à la seule force de ses jambes
les pieds joints, comme un-e enfant sautant dans les flaques d'eau
iel ressemble à un animal sauvage, ses cheveux se balançant avec iel
la musique démarre, ténue et paisible
c'est un battement de cœur, régulier et stable
peu à peu la pulsation s'accélère et des basses frémissante rejoignent le cœur

— regard en dessous de la corde volante —

deux artistes effectuent des portées de main à main
iels se touchent, se caressent, s'empoignent, se serrent, s'effleurent, se frôlent, se rattrapent, se soutiennent, s'aiment
deux corps laissés à l'abandon se murmurent des choses
c'est joli, c'est même magnifique
mais le soleil est toujours haut dans le ciel

— regard qui revient sur la corde

alors la foule contemple de nouveau l'artiste qui vole avec légèreté et grâce
iel est sublime dans les braises de son cœur
iel monte de plus en plus haut et avant que quelqu'un-e ne puisse s'y préparer, effectue une figure qui fait froid dans le dos
la peur agite les corps de la foule et hérisse les poils
et elle retient son souffle encore et encore, frôlant l'apnée totale
pourquoi iel aime autant le danger ?
la musique flambe avec l'artiste et même le danger de la seconde précédente s'efface
il ne reste plus que l'adrénaline qui parcourt chaque être
tout va vite, tout semble hors du temps, dans un monde lointain où seule la liberté prime
les cœurs battent à l'unisson
c'est fort, tout tambourine
c'est presque oppressant, agressif, la musique transperce les oreilles et les corps
c'est une telle exaltation que même les sens n'ont plus aucun sens
et maintenant seul-e dans sa bulle, dans sa liberté précaire l'artiste s'enflamme et ses pensées ne sont plus qu'un ramassis de mots carbonisés :

"plus haut. fonce. encore plus vite. transperce la toile. envole toi. dégage toi de cette emprise. encore plus. toujours plus. je vole. j'ose. je ressens l'air sur mon visage. les cheveux devant les yeux. je ne vois rien et puis tant pis. pas besoin de voir pour sentir la vitesse. oh oui. la vitesse. le danger. l'adrénaline. l'extase. je vole."

et puis la musique atteint son point culminant
l'artiste s'offre une dernière figure où son corps tout entier découvre une suspension innatendue
et puis iel lâche tout
la musique s'arrête avec netteté et iel saute en poussant un cri guttural
la foule, elle, retient tant bien que mal le sursaut qui la parcourt
le noir se fait peu à peu et l'artiste touche le sol (sacré) de nouveau
tout est immobile, tout le monde se remet du choc, des émotions ressenties et des sentiments refoulés
c'est un moment silencieux, comme dans une église en deuil
les cœurs se retrouvent enfin

— rectification —

tout est immobile,
sauf la corde
qui vit encore

tout est immobile, sauf la cordequi vit encore

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