Ticket-gagnant (BxB)

Chapitre 19

Lucas

Quelques jours plus tard, alors que nous petit-déjeunons à l'un des restaurants du palace, j'en profite pour lui annoncer l'activité de la matinée. Celle de l'après-midi, je veux la garder secrète jusqu'au dernier moment.

― Ce matin, c'est visite de la ville en vespa. Tu pourras découvrir la ville autrement, comme ça.

D'accord, j'ai organisé des activités beaucoup mieux qu'elle, mais je commence à vraiment être à court d'idée. Ça fait deux jours qu'on est revenu de notre escapade en mer, deux jours que je peine à planifier nos journées. Hier, je lui ai même proposé de visiter le palais des festivals et des congrès parce que je n'avais pas eu d'autres occupations en tête. D'ailleurs, je ne sais pas ce qu'on va faire à partir de demain. C'est vraiment le noir complet.

― D'accord.

Nous finissons notre café et je l'emmène dans le garage privé de mon père parce que ce dernier est un fan inconditionnel de ces véhicules italien, synonyme de liberté, de mobilité et de convivialité. De romance, aussi, puisque la plupart des films romantiques qui se passent en Italie possède une séquence mettant en scène des amoureux sur une Vespa, souriant comme des idiots dans les rues de Rome. Puisque mon père en a une bonne dizaine, je laisse Théo choisir le modèle qu'il lui plaît. En découvrant la petite collection de mon paternel, il en reste bouche bée.

― Hé bah ça, alors... dit-il enfin après un long moment de silence.

― Ouais, mon père est un collectionneur.

― Je vois ça. J'ai un coup de cœur pour la verte.

― D'accord.

Je prends les clés accrochées sur l'établit, deux casques et je le rejoins au véhicule où il est déjà installé. Nous enfilons le casque avant de nous mettre en route. J'ai pas fait de parcours en amont, du coup je vais parcourir la ville de long en large pendant une heure ou deux.

***

À midi, je l'invite à manger une pizza dans un restaurant italien. Nous nous installons dans un coin isolé de l'établissement et attendons de commander avant de commencer une conversation. Nous disons notre choix à la jeune serveuse que je suppose être une étudiante ou une travailleuse saisonnière et dès qu'elle part, Théo me laisse perplexe en disant de but en blanc :

― Lucas, tu sais que dans cinq jours, je vais repartir dans le nord ? Bref, il faudrait qu'on parle de l'après, quoi qu'il puisse arriver.

Je refuse de penser à ça, du coup, je décide de changer de sujet.

― Tu voudras prendre un dessert ?

OK, il y a mieux comme autre sujet, mais j'en ai pas en tête. La vérité c'est que ça fait déjà une semaine que je pense à cette date fatidique où je devrais lui dire au revoir. Sept jours où j'essaie, en vain, de trouver une solution pour ne pas qu'il me quitte. Mais plus je réfléchie, plus la réalité me revient en pleine face : on vit dans deux continents différents et ce n'est pas comme si les relations à distances fonctionnent à tous les coups, au contraire. Certes, j'ai encore cinq jours pour trouver l'excellente solution qui nous satisfera tous les deux, mais comme c'est à la fois si loin et si près, j'ai très peur de devoir lui faire mes adieux sur le seuil du hall. Et ça, je ne le veux pas. J'ai jamais été autant en symbiose avec un mec, ni eu autant de points en commun et encore moins être autant amoureux. Ainsi, il est hors de question qu'on se quitte. Au pire des cas, je suis prêt à lâcher mes études et ma vie à New York pour emménager avec lui dans le Pas de calais. De toute façon, là-bas, il doit bien y avoir une faculté qui dispense mon cursus universitaire ou alors, tant pis, je chercherai du boulot. Tout ce que je veux, c'est rester près de lui. Le reste, je m'en fiche éperdument.