Chapitre 2

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Lucas.

Le regard planté sur l'écran de mon ordinateur, j'essaie de trouver comment caser trois employés sur le planning de la semaine prochaine. Je finis par soupirer, car je ne trouve aucune solution à ce problème et que cela m'énerve, surtout que je n'aime pas gérer les plannings, tout comme aider mon père dans la gestion de son palace durant mes vacances d'été. Je vis à l'année avec ma mère à New York et je reviens en France à chaque vacance scolaire. Le souci c'est que mon paternel me donne des missions à effectuer au lieu de me laisser profiter de mes congés. Évidemment, comme je l'aide bénévolement et que je reste son fils, j'ai trois jours de congé dans la semaine et quelques gros billets à la fin de mon séjour.

Mon père n'est pas un mauvais père, loin de là, seulement il pense savoir ce qui est le mieux pour moi. D'après lui, mon bénévolat me permet de mettre en pratique ce que j'apprends à l'école de management. Ça serait une excellente idée si je mettais inscrit dans ce cursus. Or, le management et l'hôtellerie ça ne me passionne pas et surtout, j'étudie le graphisme-illustration 2D/3D dans l'espoir d'intégrer une entreprise de création de jeux vidéo après l'obtention de mon diplôme.

Ça, mon père ne le sait pas, tout comme il n'est pas au courant de ma véritable formation universitaire. Il veut me voir à la tête du palace quand il va prendre sa retraite pour que l'établissement reste dans la famille, alors je n'ai pas le cœur à lui dire la vérité. De toute façon, ma mère a essayé au moins dix fois ces six dernières années, il ne l'a jamais vraiment écouté. J'ai donc tenté une approche il y a deux ans, mais l'a encore, il a préféré faire l'autruche.

Depuis, je le laisse dans son délire de succession et je verrai sa réaction quand je lui mettrai mon diplôme sous le nez.
Je me masse le front et me motive pour terminer ce foutu planning qui me rend dingue. Quelque temps plus tard, n'ayant toujours pas trouvé de solution, je ferme les fenêtres et quitte le bureau, l'ordinateur sous le bras. Je connais quelqu'un qui peut m'aider à l'accueil.

― Bonjour, Étienne, salué-je le concierge en posant mon ordinateur sur le comptoir de l'accueil.

L'homme d'une cinquantaine d'années est le concierge de l'établissement. Il sait tout ce qui se passe dans le palace, réalise toutes les lubies des clients  et est de très bons conseils. De plus, il a l'expérience du terrain et en général, il connaît le planning de tous ses collègues.

― Bonjour, Monsieur, que me vaut le plaisir de votre venue ?

Je fais la moue volontairement. Il me connaît depuis ma naissance, mais il continue d'utiliser le vouvoiement et un titre honorifique. Pourtant, je lui répète à chaque fois de m'appeler par mon prénom. C'est plus convivial et nous serons sur un même pied d'égalité. Il faut dire que contrairement à mon père, je n'apprécie pas les règles en matière d'étiquette qu'il impose.

― C'est Lucas, Étienne. Lucas. J'aimerais que tu m'aides avec le planning des employés. Je n'arrive pas à placer Clémentine, Louis et Adam.

Tout en parlant, j'ai ouvert mon ordinateur et lancé le logiciel de la gestion des plannings.  Je tourne la machine dans sa direction et attends patiemment qu'il réfléchisse.
En cinq minutes, il réussit à trouver ce que je n'ai pas réussi en deux jours de remue-ménage. J'aurais dû venir le voir bien plus tôt.

― Merci, Étienne, tu me sauves la mise.

J'écris les prénoms des employés là où il m'a conseillé de les mettre, enregistre et ferme l'ordinateur. Puis, en voyant des clients arriver avec toute leur panoplie de valises Vuitton, je me rappelle que j'avais une question à lui poser :

― Ah, et je voulais te demander : c'est normal que la suite royale ne soit pas encore réservée par ses clients habituels ?

J'ai remarqué ça ce matin. Ça m'a surpris, car en août, une famille de riches industriels vient séjourner ici. 

Ticket-gagnant (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant