Théo
J'aide mon père à sortir mes trois valises du coffre. Après m'avoir organisé pendant cinq mois – c'est aussi le temps qu'il a fallu pour que je reçoive mon visa américain – je peux enfin rejoindre Lucas à New York. Ces derniers mois, il n'a pas passé un jour sans que nous nous voyions par visio conférence, ce qui a été parfois compliqué à cause du décalage horaire. Heureusement, Lucas a pu venir comme prévu passer Noël chez moi. Enfin, chez mes parents puisque j'ai rendu mon appartement en octobre. Faire physiquement la connaissance de mon père et de ma mère a réussi à nous faire oublier le désastre de leur première rencontre téléphonique. En fait, quand mes parents ont compris que non, Lucas n'est pas un énième mec de passage, ils ont enfin voulu le rencontrer officiellement. Depuis, il est devenu comme leur second fils. On a aussi profité que mon amant soit là pour trinquer à ma démission étant donné que j'ai quitté mon poste peu de temps avant le réveillon du 24 décembre pour ne pas subir la pression et la masse de travail qu'il y a dans les magasins à cette période-là. De toute façon, je devais me concentrer à 100 % à la finalisation de mon expatriation. Et très franchement, je ne pensais pas que s'expatrier serait autant excitant que fatiguant moralement. En effet, il y avait tant de choses à faire et à penser à tel point que j'avais dû faire une liste avec l'aide de Lucas et mes parents qui sont toujours là pour me soutenir et m'épauler. D'ailleurs, depuis que je suis revenu vivre avec mes parents, j'économise le moindre centime au point que je vais commencer ma nouvelle vie avec un petit pactole qui me sera très utile. Par contre, il reste un point noir : je ne sais pas encore si je vais chercher du boulot où créer mon entreprise. Lucas m'a conseillé de ne pas me prendre la tête avec ça. Je l'ai suivi, car j'avais trop d'autres choses à l'esprit. Et puis, soyons réaliste : je vais avoir tout le temps à New York pour réaliser un projet pro qui tient la route.
À présent, me voilà à entrer dans l'aéroport Charles-de-Gaulle pour prendre mon vol dans moins de deux heures, direction le nouveau continent. Nous nous dirigeons directement vers le terminal qui m'intéresse et je vérifie le grand panneau des départs et des arrivés afin d'être sûr que mon avion n'a ni retard ni autre problème de dernière minute – lors de mon retour de Cannes, il avait un retour d'une heure, donc maintenant, je me méfie. Mes parents, n'ayant jamais été dans un aéroport si immense, sont perdus, du coup, je dois me débrouiller par moi-même. Heureusement, on trouve assez rapidement les comptoirs d'enregistrement. Je m'enregistre, envoie les valises dans les coulisses de l'établissement et rejoins mes parents qui attendent dans l'espace prévu à cet effet.― Voilà, c'est bon, j'ai plus qu'à m'armer de patience.
― Tu n'as rien oublié, tu es sûr ? demande ma mère.
― Certain, puis même si j'ai oublié des choses, ce n'est rien qui soit important.
― Et on pourra toujours les amener quand on le rejoindra à New York, Marie, rappelle mon père.
Ils m'ont déjà prévenu qu'ils viendront me voir durant l'été, quand ils prendront leurs congés. À ce moment-là, je serai complètement installé et j'aurai sûrement une situation professionnelle. Par contre, ils ne sont heureux pour moi à tel point qu'ils m'ont quasiment engueulé quand Lucas leur a raconté qu'il avait dû faire des pieds et des mains pour que je revienne sur mon refus. Et très franchement, ils ne paraissent pas inquiets de me voir partir à l'autre bout de l'Atlantique. Ça ne m'étonne pas, car ils sont content de voir que je ne suis pas le même chemin qu'eux, mais quand même, ils pourraient être énervant comme la plupart des parents qui n'arrêtent pas de donner des conseils à leur enfant et les mettent en garde contre tous les dangers qui existent sur cette terre. Non, les miens, c'est à peine s'ils ne sont pas impatients de me voir partir. D'ailleurs, c'est mon père qui a réservé mon billet d'avion le jour même où ils ont appris que j'ai décidé de déménager en Amérique. Ils ont même payé un dîner dans un restaurant gastronomique à toute la famille et à mes quelques amis proches pour fêter ça, en plus d'avoir annoncé la nouvelle à tous leurs collègues et m'avoir pressé dans les démarches pour constituer mon dossier de demande de visa. Je ne dois pas avoir des parents normaux....

VOUS LISEZ
Ticket-gagnant (BxB)
General FictionThéo a 25 ans et travaille comme employé polyvalent dans un supermarché. Il vit une existence paisible dans une petite ville du Pas-de-Calais entre sa famille, ses amis et sa routine. Quand une de ses collègues lui donne un ticket pour tenter de ga...