Théo
Le lendemain matin, je me réveille en premier. Hier soir, j'ai fait mes valises et je les ai caché dans le dressing afin que Lucas ne les voit pas. J'attrape mon téléphone et vérifie mes notifications. Il n'y a rien de très intéressant, sauf le rappel de mon vol de ce soir, la météo de la matinée et celle du nord. Je grogne en découvrant le temps qui fait chez moi : pluie. Pourquoi à chacun de mes retours le climat n'est pas clément ? À croire que c'est fait exprès. Je soupire bruyamment. Déjà que je ne veux pas retourner là-bas, alors là, je le veux encore moins. En plus, mon quotidien va me paraître bien fade à côté de ses trois semaines passées dans le sud et je ne parle même pas de ma vie sentimentale. Me retrouver seul comme un con chez moi me remplit d'effroi, ce qui est un comble, moi qui adore ma solitude. C'est de la faute à Lucas, ça. En trois semaines, il est devenu une part importante de ma vie au point que je n'imagine plus vivre en ermite. Comme quoi, un rien peut changer un homme. Cette pensée me fait sourire avant qu'il ne disparaisse quand je me rappelle que dans seulement dix heures, je vais devoir dire au revoir à Lucas. Pourquoi tout ne pourrait pas être plus simple ? Si tel était le cas, je pourrais accepter sa proposition alléchante d'emménager avec lui à New York et de vivre notre histoire aussi longtemps que possible, mais également de trouver un nouveau travail, de connaître une nouvelle culture et surtout, de débuter une nouvelle vie loin de la France et de ses problèmes sociétaux. On dit souvent qu'on a qu'une vie et qu'il faut réaliser ses projets les plus fout tant qu'il est encore temps. C'est peut-être possible quand on a de l'argent, mais pour un gars comme moi qui peine à finir ses fins de mois, c'est de l'ordre de l'utopique.
Je me lève, m'habille et sors de la suite. Je dois allez prévenir Étienne de mon heure de départ pour qu'il organise avec ses collègues la récupération de mes bagages et surtout, pour qu'il avertisse mon chauffeur.― Bonjour, Étienne, le salué-je en arrivant au comptoir de l'accueil. C'était juste pour vous dire que j'aimerais être à l'aéroport pour dix-huit heures trente.
― Ah, c'est déjà le jour de votre départ ?
Il fait genre qu'il n'est pas au courant, mais je sais très bien que ce n'est pas vrai. Son métier requiert de connaître les clients sur le bout des doigts, mais également les départs et les arrivés.
― Eh oui.
― Si je puis me permettre, c'est vraiment dommage, monsieur. Votre présence à donner un vent de fraîcheur à ce lieu et surtout, je n'ai jamais vu monsieur Beauvois aussi heureux auparavant.
J'acquiesce, légèrement rembruni. Pourquoi il remue lui aussi le couteau dans la plaie.
― Ouais, eh bien, toute bonne chose à une fin...
― Je ressens une pointe de colère dans votre ton, monsieur. Vous n'avez pas trouvé de solution avec monsieur Beauvois ?
Je secoue la tête.
―Non. Lucas veut que je parte avec lui à New York, ou alors, ça ne le dérangerait pas d'emménager avec moi dans le Nord. Bref, vous pensez bien que c'est impossible autant l'un que l'autre.
― Excusez-moi, vous allez peut-être me prendre pour un vieux schnock, mais pourquoi cela serait impossible, monsieur ?
― Eh bien... Je ne peux pas quitter ma vie en France comme ça sur un coup de tête, pareil pour Lucas.
― En vous entendant, je n'ai pas l'impression de voir en face de moi un jeune homme de vingt-cinq ans, mais plutôt un homme de quarante-cinq ans blasé. Remuez-vous, mon petit, vous avez encore toute la vie devant vous. Et puis, ce n'est pas quand vous serez six pieds sous terre que vous pourrez faire des choses sur un coup de tête...
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Ticket-gagnant (BxB)
Algemene fictieThéo a 25 ans et travaille comme employé polyvalent dans un supermarché. Il vit une existence paisible dans une petite ville du Pas-de-Calais entre sa famille, ses amis et sa routine. Quand une de ses collègues lui donne un ticket pour tenter de ga...