Chapitre 10 : Dernières heures du 20 décembre

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Dans la salle, chacun s'assit à la place qu'ils avaient adopté la veille et commença à manger ce qu'il y avait dans son assiette. Personne ne se parlait. Tout le monde était très énervé, sauf Ewen et Maggie qui étaient concentrés à ne rater aucun indice qui puisse émaner des autres. Chelsea les avait rejoints à table, à la place d'Agnès. Elle semblait particulièrement angoissée. Le premier à prendre la parole fut Frédéric :

« —Demain les parents d'Agnès vont venir pour un interrogatoire. J'aimerais ne pas les croiser. Quelqu'un pourra m'avertir lorsqu'ils repartiront ?

—Je veux bien, mais à quoi ça va te servir ? demanda Nicolas.

—Tout le monde croit que c'est moi qui ai tué Agnès. Eux aussi, j'en suis certain.

—Et où vas-tu aller pendant qu'ils seront dans le manoir ? questionna Aurélie.

—Je vais me promener dans le jardin.

—Avec les journalistes ? interrogea Ewen.

—Ils ne me font pas peur, eux. Ou alors, je m'enfermerai dans ma chambre. »

Tout le monde s'était remis à parler. La salle était devenue très bruyante. Le repas fut très vite terminé et Aurélie annonça le programme du lendemain. Quand elle eut fini, tout le monde se souhaita bonne nuit, se leva de table et sortit de la salle à manger. Seules Chelsea, Aurélie et Maggie étaient restées pour débarrasser la table, sans bruit.

Éric et Louisa étaient aussitôt montés dans leur chambre, André fit de même. Léa se rendit dans la bibliothèque, et Frédéric dans la véranda à l'arrière du manoir. Il était suivi d'Ewen.

Une fois remontée dans sa chambre, Maggie ne se coucha pas aussitôt mais attendit quelques instants assise dans son lit sans réfléchir, sans penser. Elle essayait de faire le vide dans son esprit. Après plusieurs minutes, elle se leva et se rendit dans la bibliothèque, guidée par son instinct.

Dans la bibliothèque, il y avait toujours Léa qui fit tomber le livre qu'elle tenait en voyant Maggie arriver. L'adolescente s'empressa de ramasser son livre.

« —Excuse-moi, je ne voulais pas te faire peur, se justifia Maggie.

—Ce n'est rien.

—Tu lisais quoi ?

—Oh rien ! Je ne faisais que feuilleter des livres.

—Tu aimes lire ?

—Oui beaucoup. J'ai plein de livres chez moi.

—Quel genre de livres ?

—Des livres de science fiction, des romans policiers et... »

Elle s'arrêta net et leva vers Maggie un regard apeuré.

« —Quelque chose ne va pas ?

—Non. Non, tout va bien.

—On dirait que tu viens de croiser un fantôme.

—Oui, j'ai vu... le fantôme d'Agnès... Enfin j'ai cru voir... Je dois y aller, je commence à être fatiguée. Bonne nuit. »

Maggie n'eut pas le temps de souhaiter bonne nuit à l'adolescente qu'elle avait déjà quitté la bibliothèque. La jeune détective se saisit du livre que Léa venait de reposer. C'était un livre sur le surnaturel. Il se vantait d'apprendre à communiquer de différentes façons avec les esprits. Maggie n'y voyait rien d'intéressant qui pourrait l'aider mais simplement une superstition de la part de l'adolescente qui avait l'air d'être complètement déboussolée depuis la veille. Elle reposa le livre sur l'étagère où il avait visiblement sa place à en croire le trou entre deux autres livres.

Elle sortit de la pièce et allait remonter dans sa chambre mais une voix qu'elle connaissait bien l'interpella. C'était Aurélie.

« —Dis Maggie, tu as deux minutes ?

—Oui pourquoi ? »

Aurélie avait du mal à parler et ses mains tremblaient. Elle tordait ses doigts entre eux, manifestation classique du stress. Ses traits étaient tendus. De grosses cernes s'étaient creusées sous ses yeux. Elle paraissait avoir vieilli de plusieurs années en une seule journée. Maggie repensa à la maladie de son amie et son cœur se serra.

« —C'est à propos de Nicolas... hésita Aurélie.

—Oui ?

—Il aurait pu tuer Agnès.

—Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

—Il n'était pas dans le salon avant le meurtre mais peut-être pendant. Et il n'était pas non plus parti se reposer. Je l'ai vu peu de temps avant qu'il ne disparaisse et il allait très bien. En plus il n'avait pas beaucoup bu. Les explications qu'il me dit avoir données au sergent ne tiennent pas la route. Quand je le lui ai fait remarquer, il a essayé de me sortir plein d'excuses bidons et incohérentes.

—Peut-être qu'il faisait autre chose, mais ce n'est pas pour autant qu'il est le meurtrier d'Agnès. Il faut un mobile. Il te prépare peut-être une surprise.

—Il a aussi un comportement étrange ces derniers temps. »

Aurélie parlait très vite, sans regarder son amie dans les yeux. Maggie ne savait pas quoi lui répondre. Quel pouvait être le mobile de Nicolas s'il était vraiment le meurtrier ?

Après un bref moment de silence, Aurélie remercia son amie de l'avoir écoutée. Puis, les deux filles se saluèrent et se quittèrent. Aurélie monta dans sa chambre et Maggie en fit de même. Une fois installée derrière son bureau, elle sortit sa feuille de papier avec toutes les notes qu'elle avait prise pour en ajouter de nouvelles, puis elle rangea le tout. Après s'être mise en pyjama, la jeune femme s'allongea dans son lit, ferma les yeux et s'endormit rapidement.

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