VII

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«  Je pense bien que je peux vous aider » furent ses mots.

Cette phrase aussi courte soit-elle vint à l'instant où elle fut prononcée glacer le sang de Daenara. Ils regardèrent tous l'étranger d'un regard submergé d'inquiétude et de frayeur.

Pourquoi se trouvait-il encore sur cette île et de plus, à une heure pareille ? Comment se faisait-il que les sages du village n'avaient-ils pas été informés de son arrivée en ces terres ?

Tant de questions tourmentaient les personnes présentes dans ce petit rassemblement. Pourtant, la plus récurrente était celle qui impliquait la manière avec laquelle cet homme aux cheveux blond pouvait leur venir en aide.

L'étranger s'avança, regardant l'adolescente droit dans les yeux d'un air mesquin.  Il se savait vainqueur car la position dans laquelle se trouvaient ses adversaires ne leur permettait pas de décliner son offre. Il avait attendu impatiemment pendant plusieurs mois l'avenu de cet évènement : La chute du chef Ohtar était pour lui l'élément déclencheur pour donner le premier souffle de vie à son plan machiavélique. Après tout, si il avait été envoyé de force sur cette île c'était bien pour mener à bien une mission et il était impensable pour lui de rentrer à la métropole sans l'avoir accompli.

Pour cet homme au cœur aussi dur qu'une roche, les habitants de ce village n'avaient aucune idée de toutes les merveilles que possédait l'île sur laquelle ils dormaient chaque jour. Ils ne se souciaient pas de ce que l'on pouvait faire avec toutes les ressources présentes dans la terre, dans la mer, dans les mines et même dans les volcans qu'ils vénéraient comme des dieux. S'il fallait employer la manière brute pour leur forcer la main, il l'aurait fait sans hésitation peu importe les circonstances.

Vous vous en doutez bien, cette mystérieuse épidémie ne sortait pas de nulle part et notre héroïne ne tardera pas à le comprendre.

Daenara avança d'un pas, le regard toujours plongé dans ceux de l'étranger avec qui elle avait sympathisé il y a de cela quelques mois. Cependant, elle sentait se propager une atmosphère entre eux. Celle-ci n'était pas chaleureuse comme la dernière fois. Elle lui procurait un mal être incommensurable mais aussi une douleur abdominale atroce. Cette sensation ne présageait rien de bon, et elle le savait.

— Qu'est-ce que vous venez de dire ? questionna l'adolescente.

Comme si cette question était celle qu'il attendait depuis sa mise à pied sur cette île, l'étranger ne perdit pas de temps pour y répondre sentant la douce odeur de la victoire chatouiller ses narines.

— Je vois que vous êtes dans une mauvaise posture. Votre chef est sur le point de mourir sous l'effet de cette regrettable maladie qui — ô diable —est apparue mystérieusement depuis un certain temps déjà.

— Comment savez-vous tout ça et depuis quand êtes-vous ici ? rétorqua violemment le jeune Thalion.

L'homme aux cheveux dorés poussa un léger rire, passant sa main dans ses cheveux soigneusement coiffé et regarda son interlocuteur d'un air amusé.

— Il se pourrait peut-être que par le plus grand des hasards, un certain étranger soit à l'origine de tous les maux que vous endurez en ce moment, qu'en dites-vous ?

A l'entente de cette phrase, le jeune garçon s'avança fougueusement de l'étranger sous le regard distrait des trois autres et, à partir de cet instant, un premier coup fut donné. Ce coup s'accompagnait d'un cri de rage aussi roque et fort qui sonna tel un grondement de tonnerre dans les lieux. Thalion venait de par sa force admirable, donner un coup de poing à l'étranger qui avait osé profaner les terres dans lesquelles il vivait et cela depuis son enfance.

MIROIR DU MONDE: De l'autre côté du miroir.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant