IX

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   Dans la grotte, l'atmosphère était maussade. Les échos amplifiaient les bruits des claquements des quelques gouttes d'eau qui tombaient sur le sol pendant que le vent frais de la nuit chuchotait de douces mélodies dans les oreilles de l'adolescente.

    L'étranger était allongé à même le sol sur un sac de couchage et tenait dans ses mains un livre. Il ne prêtait nullement attention aux choses qui l'entouraient et semblait concentrer dans sa lecture. L'ayant repéré, la jeune fille prit de derrière son dos une fléchette, la plaça discrètement dans son arc tout en visant de par son œil gauche l'étranger. Lorsqu'elle l'a lâcha, celle-ci percuta brusquement l'oreiller sur lequel l'homme à la chevelure dorée était allongé. Il sursauta.

   Ce dernier se releva en poussant un cri de frayeur. Il regardait d'un œil effrayer la personne qui selon lui avait attenté à sa vie comme s'il s'agissait du diable. Son cœur battait encore plus vite lorsqu'il vit le visage de l'adolescence. A cet instant, le visage qu'il avait toujours qualifié d'angélique depuis leur toute première rencontre n'avait plus rien de suave. Il ne laissait point transparaître une quelconque jovialité mais plutôt de la colère et de la haine. A travers les yeux de la demoiselle, l'étranger appréhendait le dégoût et le mépris. Jamais au grand jamais une personne n'avait osé le regarder de la sorte.

   — Je me dois de vous féliciter, commença-t-elle d'une voix douce, vous avez réussi à semer la panique dans mon village, et vous avez même réussi à faire tomber mon père à proprement dit. Mais sachez que moi, Daenara, fille d'Ohtar je ne suis pas encore tombée et je ne compte pas le faire un jour.

   — Que voulez-vous ? s'écria-t-il d'une voix tremblante.

   Daenara poussa un léger rire à la vue du visage effrayé de l'assassin de son peuple et répondit :

   — Trente jours.                             

   L'étranger répéta sa réponse sous forme d'interrogation et l'adolescente acquiesça.

   — Trente jours, c'est tout ce qu'il me faut pour trouver l'antidote à votre maudit poison et vous envoyer en enfer. Dans le cas où vous refuseriez, alors je me chargerais de m'occuper personnellement de vous. Je vous ferais subir des atrocités sans égal et cela jusqu'à la fin de vos jours. Vos petits camarades pourront venir à votre recherche, mais cela m'importe peu, tout ce que je souhaite c'est baigner dans votre sang et entendre vos cries de douleurs à chaque fois que je vous arracherais lentement vos ongles puis, ensuite vos doigts et par la suite, vos dents, pour continuer par vos...

   L'homme venu d'ailleurs la coupa dans son monologue et accepta sa proposition. Sous un sourire satisfait, la jeune fille quitta les lieux et laissa son interlocuteur dans l'incompréhension. Elle reprit aussitôt son chemin en courant aussi vite qu'elle pouvait le long de la place et arriva finalement devant l'entrée de la forêt nord.

   Mais une fois arrivé devant les grands arbres qui marquaient la limite entre la plage et la forêt, un nouvel obstacle lui faisait face : Thalion.

   Les deux amis se regardèrent droit dans les yeux en silence. Ils étaient tous deux aussi prêts que l'autre à employer la manière forte en cas de refus de coopération. Dans le noir, seuls leurs yeux remplis  de dévouements brillaient, ce n'était pas la première fois qu'ils se confrontaient, mais surement la dernière fois, espérait l'adolescente.

   — Laisse-moi passer Thalion, s'écria Daenara.

   — J'ai entendu ta conversation avec cette vieille folle, ce que tu comptes faire c'est de la pure folie.

   Comme si elle s'attendait à une telle réponse, elle ignora son ami et continua à avancer en sa direction.

   — Je sais que tu n'as jamais cru en ses histoires, raison pour laquelle ton comportement ne m'étonne pas, mais si tu veux un conseil, tu devrais arrêter de m'espionner.

MIROIR DU MONDE: De l'autre côté du miroir.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant