MIROIR DU MONDE: De l'autre côté du miroir.

XI

Au milieu d'une prairie florissante, reposait une jeune fille. Endormi et insouciante, elle était allongé à même le sol, ses vêtements déchirés et déchiquetés, des plaies à en recouvrir sa peau et des mèches de cheveux entremêlés par les quelques feuilles mortes et les bouts de bois qui parsemaient la verdure.

Tandis que le soleil annonciateur d'un jour nouveau se levait, le vent soufflait et soulevait avec lui de nombreuses feuilles d'arbres. Ces feuilles d'arbres étaient accompagnées de quelques fleurs de différentes variétés. Chaque particule brillait de mille éclats et le paysage laissait place à une multitude d'espèces de végétaux. Il y en avait de toutes les couleurs et de toutes les formes imaginables.

Cependant, ces fleurs ne constituaient pas le plus extraordinaire de ces terres. Dans le ciel, volait d'étranges créatures. Certaines possédaient des pattes tel un lézard, des ailes de chauve-souris accoler à un corps comparable à celui d'une libellule. D'autres étaient tellement grands qu'on y croirait voir des dragons. Certaines de ces créatures battaient leurs ailes en suivant une trajectoire  circulaire comme s'ils avaient repéré une proie et d'autres se contentaient de passer.

Deux lunes passèrent sans que le moindre bruit étranger se fit entendre dans les environs. En effet, la nature se contentait de faire son travail. En silence, elle nourrissait les plantes et en déterrait d'autres dans le plus grand des calmes. Elle faisait soulever les feuilles, les entraînant avec le vent vers une direction inconnue, elle nourrissait de par sa bonté toutes créatures vivantes. Les herbivores trouvaient leur réconfort sur les arbres ou encore sous la terre et les carnivores dans des terriers, des grottes ou des territoires ennemis. Daenara qui était arrivé ici pour la première fois il y a deux jours était toujours à son emplacement, ne bougeait guère d'un œil comme si son esprit avait quitté son corps depuis fort longtemps.

Pourtant, il fallut bien que quelque chose vienne rompre ce silence. Et cette chose ne fut rien de plus qu'un rêve. Aussi court soit-il, il venait faire reprendre à l'adolescente conscience d'elle-même et celle-ci se réveilla en sursaut, le corps suant et le cœur battant à grande vitesse.

Dans ce rêve, la brune était aux côtés de son géniteur. Celui-ci lui prodiguait des conseils comme il l'avait toujours fait. Mais pour une raison qu'elle ignorait, cette fois-ci était différente. Elle sentait comme une légère amertume envahir son cœur lorsqu'elle repensait aux iris marron de son père et ne pouvait s'empêcher de verser malgré elle, quelques larmes. Pourquoi ces larmes coulaient-elles ? Elle l'ignorait. Tout ce qu'elle savait c'était qu'elle avait peut-être perdu quelque chose de précieux à tout jamais.

Comprenant que l'heure n'était plus aux pleurs, Daenara se releva, s'appuyant sur son bras gauche mais ressentit aussitôt une douleur indescriptible parcourir son corps accompagné de quelques frissons. Une légère grimace se fit entrevoir sur son visage au ressenti de cette douleur. Pourtant, celle-ci n'arrêta pas l'adolescente et elle entreprit de rester au sol, pliant ses deux jambes en position de méditation afin de s'asseoir.

De par sa main droite, elle caressait son bras gauche et profitait de ce moment de détente pour examiner la nature qui l'entourait. Elle ne perdit pas de temps à adopter un air émerveillé lorsque l'image de ce magnifique paysage se refléta sur ses iris.

La nature qui se présentait à elle la laissait sans voix. Ce qu'elle voyait lui donnait envie d'en voir plus. Pour elle, tout était fabuleux, même les herbes semblaient différentes de tout ce qu'elle avait pu voir jusqu'à maintenant. Malgré leur humidité, il était agréable au touché mais pas seulement ! La merveilleuse odeur qui émanait d'elles traversait les narines de l'adolescente et elle ne put s'empêcher de laisser s'échapper un léger sourire qui se transforma aussitôt en un fou rire.