Prologue

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Léanna

Il est 19H30, j'entends Clélia klaxonner dehors. Je sors et croise vite fait mon géniteur. Je n'ai pas envie de m'arrêter, encore moins de lui parler. Je lui adresse donc un simple :

- Salut ! Je sors ce soir ! A demain !

Il n'a pas le temps de répondre. Clélia lui adresse également un "Salut" en démarrant la voiture. Il hausse les épaules et rentre dans la maison.

En peu de temps, nous sommes rendus dans une petite rue. Je ne vais jamais dans ce coin de la ville, il parait qu'il n'est pas très fréquentable. Je  regarde Clélia, avec des millions de questions qui trottent dans ma tête. Un bar dans une rue aussi glauque ! Mais qu'est ce qu'elle me fait. Clélia saisit parfaitement mon instant de panique. Et me dit :

- Ne t'inquiète pas, on va au  QG, tu vas adorer tu verras.

Depuis le temps que j'habite à Rockland, je n'avais jamais encore exploré ce coin de la ville, qui me fait soit dit en passant un peu peur. Mais avec Clélia je ne risque rien. On descend de la voiture, je marque un temps de pause. Mais Elle m'attrape par le bras, m'entrainant à sa suite. Je la suis sans pouvoir rien dire. On entre par une porte située sous une enseigne lumineuse qui ne marche qu'à moitié, qui indique un nom écrit en lettre Gothique le QG. La porte ressemble à une porte de cave. Quand nous entrons, nous descendons dans un couloir étroit à peine allumée, au fond de ce couloir un brouhaha sans nom résonne. Une fois arrivées dans la salle principale, mes yeux s'écarquillent. Clélia se retourne vers moi et me lance un « bienvenue dans la prohibition », elle sourit de toutes ses dents. Effectivement, le bar a vraiment un effet prohibition comme on pourrait le voir dans des films. Sur notre droite, il y a une salle qui ressemble à un salon privé. C'est une pièce très cocooning avec des canapés, et des loveuses pour s'asseoir, il y une magnifique table en cerisier qui sert de table de salon, cette dernière est très centrale. Le sol est en parquet. Et les murs sont dans une teinte ficelle, peut être sable ce qui finit d'apporter de la chaleur à la pièce les angles de murs laissent des briques apparentes. Je fini de tout détailler du regard, et puis soudain la main de Clélia se pose sur mon bras, je me retourne vers Elle :

- Alors que penses-tu de notre QG ?

- Vôtre QG ?

- Oui, on s'en fait notre QG avec les copains, c'est un bar qui s'est créé avec nous, on a été ces premiers clients, donc c'est un bout de chez nous. En plus, l'esprit de prohibition, ça biche.

- Oui c'est clair !

J'allais poursuivre quand soudain, mon souffle se coupe. Un homme vient d'arriver à la porte. Il détaille la pièce des yeux puis son regard croise le mien. Il me détaille à mon tour. Je perçois son œil qui frise et un sourire juste deviné. Cet homme est littéralement solaire. Il déclenche quelque chose en moi que je ne peux nier ... Chaleur, papillon dans le ventre, son regard me transperce et me donne simplement l'impression d'exister.

Nous passons la soirée à nous jauger du regard par moment, il discute avec ses amis et moi je fais de même. La soirée passe à allure grand V. Jusqu'au moment ou aux alentours de minuit, je ne discute plus et mon esprit commence à vagabonder. Soudain la pression des gens du bar m'entoure. Je ne tiens plus, je dois prendre l'air. Je souris poliment aux gens et je file prendre l'air, j'ai besoin de respirer, je m'éloigne donc et prends une petite ruelle qui mène sur les quais. J'ai le temps d'observer la mer quelques minutes puis je sursaute. Une main vient se poser dans mon dos. Je reconnais la sensation qu'il me procure quand je sens son souffle dans mon cou.

- N'aie pas peur. Ce n'est que moi.

- Moi peur, qu'est ce qui te fait croire cela.

On se toise du regard pendant quelques secondes. Il finit par reprendre la parole.

- Ça va ?

- Oui parfaitement ! je réponds de manière tranchée, ne lui laissant aucune porte à ouvrir.

- Ok, ok me dit-il en levant les mains en signe de paix. Je t'ai vu sortir précipitamment, je me demandais ce qu'il se passait.

Froide et distante, je rétorque :

- Comme si tu en avais quelque chose à faire, on ne se connait pas après tout.

- Ok ce n'est pas le soir, j'ai compris me dit-il avec un rictus moqueur.

Il se remet sur ses jambes et commence par tourner les talons. Non mais Léa me crie ma conscience !, Ni une, ni deux je saute sur mes pieds et je lui enquille le pas. Quand j'arrive à sa hauteur, j'attrape sa main, je bloque l'espace que quelque seconde sur un tatouage qu'il a sur le bras, une tête de mort mexicaine laissant percevoir deux visages bien distincts. Il se retourne vers moi, je lève la tête et nos regards entrent en fusion, je me perds dans ses prunelles grises exprimant le désir, la passion et une autre émotion que je n'arrive pas à décrypter. J'ai mes lèvres à quelques millimètres des siennes. Ces sourcils se froncent comme si il était emprise avec un dilemme intérieur puis je vois sa lèvre inférieure tressaillir. Le silence s'étend entre nous quand il décide le rompre :

- Que veux-tu ? Ses paroles sont prononcées dans un souffle.

Sans même réfléchir, un sourire s'étend sur mes lèvres, je remarque son regard, qui ne me laisse plus qu'un seul doute, c'est un regard traduisant parfaitement le désir que je ressens et la réciprocité. Je ne peux plus me retenir, nos lèvres se soudent dans un baisé comment dire sans précédents, je peux sentir sa passion vibrer en moi. Nos corps se répondent. Quand soudain notre étreinte s'arrête, on dirait qu'il vient de reprendre pied dans la réalité, dans sa réalité, moi pas du tout. Il m'attrape le bras, et me fait reculer d'un pas. Il me jauge en silence, son regard est devenu froid et distant, je crois qu'il vient de mettre fin à son dilemme, je ne sais pas quoi faire, je n'ai pas envie de le laisser partir et quand le silence se fait trop pesant je décide de le rompre :

- Je suis désolée, je croyais que c'est ce que tu voulais ?

Il me rétorque sur un ton froid et sans appel :

- Ne le soit pas, c'est moi je n'aurai jamais dû faire ça.

Son masque est retombé. Il me jette un dernier regard, et tourne les talons. Quand il me laisse seule dans cette ruelle, je me sens tout à coup vide, comme si une partie de moi me manquer et perdue, mais que m'arrive-t-il je ne sais pas qui il est et pourtant en partant c'est comme s'il m'avait ouvert le cœur en deux. Je n'ai pas le temps de me remettre de mes émotions qu'une pression sur mon bras me fait me retourner. J'ai envie et j'ai besoin que ce soit lui. En une fraction de seconde, je comprends qu'il n'a pas fait demi-tour, une masse sombre me colle contre le mur, mon corps est écrasé sous son poids. Je me débats comme je peux, mais il est trop fort, je sens ses ongles rentrés dans ma peau. Puis il me frappe au visage, ce qui me met K.O. Ce temps lui suffit pour me retourner contre le mur, je sentais mon visage se déformer sous la pression et la pierre qui dépassait me lacère la peau. Malgré tout, je refuse d'écarter mes jambes. Je refuse qu'il accède à mon intimité. Je suis en train de lutter, pour ma survie, le vide faisait place à la colère et à l'urgence de me sauver, je continue de me débattre en vain. Une douleur intense et aiguë me ramène alors à la réalité, je ne me sauverai pas. Cette douleur me déchire le dos le long de la colonne vertébrale, j'ai l'impression qu'elle se brise vertèbres pas vertèbres. Quand je sens une odeur ferreuse qui mes familière, je comprends qu'il a ouvert ma robe en deux et que mon dos en a fait les frais. Je sens un liquide chaud s'écouler sur mon dos, puis sur mes fesses, un goût acide s'empare alors de ma bouche. J'essaie de lutter encore mais je ne peux plus respirer, je me sens étouffer, je pleure et lorsque je sens son couteau m'ouvrir les cuisses je ne peux plus lutter. La douleur, la peur, la honte ... Je m'effondre.

Ce jour-là, il m'a brisée.

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Voici le premier bout de mon histoire. En espérant que ça vous a plu :-). N'hésitez pas à me faire vos retours.

TOME 1 // Angels Of Hell : Little Heart  [En cours de Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant