Chapitre 4

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Léanna

En sortant du StreetRide, j'ai marché des heures pour évacuer toutes les émotions qui soudainement avaient ressurgi en croisant son regard. J'avais beau me dire que je le détestais pour ce qu'il m'avait fait, je n'arrive pas à contenir l'attraction de que j'avais pour lui. Je suis dans un sacré merdier et moi qui avait cru que je pouvais tout recommencer à zéro après un an. Clay avait réussi à me convaincre qu'il valait mieux se sentir chez soi en affrontant ses démons plutôt que d'errer de ville en ville en essayant de fuir. 

Les heures passées et de réflexion en réflexion dans les rues de Rockland j'avais fini par me retrouver devant chez Dash. Je m'assieds devant la maison sur les marches du porche. Épuisée, je suis soulagée que les larmes ne coulent plus. Sandy a déclenché une vague d'émotions que je ne suis pas encore capable de gérer. Comment peut-il me faire un tel effet... Oui je les ai sentis à nouveau ses papillons dans mon ventre... et en même temps me déclencher une telle vague de colère et de culpabilité. J'avais beau essayer d'oublier, Sandy était la seule personne qui hantait mes nuits. En même temps, est-ce que je suis prête à me laisser toucher à nouveau, à reprendre du plaisir à nouveau, peut-être à aimer à nouveau. Suis-je prête à le pardonner de m'avoir laisser ce soir là, suis-je prête à me pardonner d'avoir fui ? Je n'ai pas le temps de finir mon introspection que le bruit d'une moto, une Harley à coups sûr se fait entendre au loin. Merde ! Je me relève, trébuche, me cogne le genou contre le nez de la  marche ... aïe ! Mais la douleur n'est rien face à ma panique. Je suis pas prête à l'affronter. Je réussi à récupérer la clé dans la poche de mon blouson. Ok, allez encore un effort !  J'essaye de la mettre dans la serrure et quand j'y arrive enfin une ombre se matérialise derrière moi. Je fais volte-face prête à me défendre, mais ce n'est pas la personne à laquelle je m'attendais. Je tombe nez à nez avec Math. On se toise du regard et un silence  s'étire entre nous.

Il lève une main pour essayer de la poser sur mon bras, mais je recule, un peu terrifié je dois l'avouer, mais j'ai surtout du mal à accepter qu'on me touche. Il abaisse sa main, se racle la gorge puis me dit :

- Ne t'inquiète pas, je ne te veux pas de mal.

Sans m'en rendre compte mes poings se sont serrés et mes mâchoires se sont contractées. Quand je reprends mes esprits, je le regarde ne voyant effectivement aucune agressivité dans son regard.

- Je ... Je ... voulais juste, hum, voir si tu allais bien ? Il bafouille et cela me tire un léger sourire.

- Oui, ça va... je ... je suis désolée pour tout à l'heure ... Je heu ... je ne voulais pas te manquer de respect... Je sais comment fonctionne le monde des bikers et je n'ai pas vraiment envie d'en avoir à dos.

Il pousse un énorme soupir et se met à rire, quand il se reprend, il me sourit avec une certaine tendresse qui me fait froncer les sourcils.

- Me manquer de respect, t'es sérieuse là... Je le prendrai pour un manque de respect si ça venait d'un de mes frères ou d'une brebis, et encore ça serait vraiment pour les faire tourner en bourrique ... Mais pas de toi.

- Donc ... je poursuis en laissant ma phrase en suspens.

- Donc... je voulais voir si tu allais bien et visiblement je vois que non. Dit-il en baissant les yeux.

Je remarque alors que mon pantalon est imbibé de sang et la vue de ce spectacle me ramène soudainement à la réalité. La douleur se rappelle à mon bon souvenir. Je grimace, mon genou me fait un mal de chien. Je panique à nouveau, gênée d'être en position de faiblesse:

- Heu... je suis désolée pour ça aussi, heu... merci de t'être inquiété mais je vais rentrer histoire de ne pas mourir d'hémorragies sous le porche de Dash, ça ferait désordre ! Je souris.

L'humour est la seule arme qu'il me reste et apparemment ça fonctionne puisqu'il esquisse à nouveau un sourire. Je me retourne et finis d'ouvrir la porte. Math m'arrête dans mon élan :

- Attends, je vais le faire, je connais la maison et ça t'évitera de coller du sang partout.

- Je ... en fait ...

- Ce n'est pas une question me rétorque-t-il, en arquant un sourcil.

Il rentre et je lui emboite le pas. Il me fait signe de m'asseoir dans la cuisine, chose que je fais. Il en impose, quand même un peu, et je me sens tout d'un coup toute petite. Quand il se met face à moi, il me demande de remonter mon jean, slim bien sûr sinon ça n'aurait pas été drôle, comme il voit que je galère, il sourit et me dit :

- Chérie, je crois que tu peux enlever ton pantalon, je ne vais pas te manger, ni te sauter dessus.

- Heu, mais je peux le faire, je peux prendre soin de moi toute seule. Je tente de me défendre, histoire d'éviter la vue de mon corps abîmé.

- Ne bataille pas ! Retire-le maintenant.

Son ton est sec et glaçant donc sans discuter devant ses ordres, je m'exécute en prenant soin de ne défaire qu'une jambe de mon pantalon pour limiter la vue de mes cicatrices. Je n'ai pas envie de m'étendre sur le sujet et encore moins envie qu'il me pose des questions. Quand je fini de l'enlever, il me regarde avec un air désolé, mais ne s'éternise pas et reprend :

- Tu sais mon frère n'est pas si con qu'il en a l'air.

- Hum ... Hum je fais mine de ne pas écouter mais il poursuit et insiste.

- Si j'ai bien compris, Léa, Tu. Es. La. Fille dit-il en prenant soin de détacher chaque mot.

Je fronce les sourcils, ma question est silencieuse mais il comprend que j'attends une réponse.

- La Fille du bar, il y a un an , celle qui lui a mis le feu et qu'il a repoussé comme un débile parce qu'il rentrait dans le club et ne voulait pas imposer notre style de vie et qu'il pensait ne pas être assez bien pour personne.

Je le regarde surprise et me décompose en repensant à ce soir-là, j'étouffe un sanglot et je lui dis :

- Peu importe, de toute façon, je ne peux plus aimer, je... je... je ne peux plus être aimé.

Je passe une main lasse sur ma jambe dénudée, me remémorant les souvenirs de cette nuit là. Des larmes commencent à poindre, Math toujours agenouillé devant moi, redresse la tête et perçois mon trouble :

- Mais, tu sais, Léa , il ne t'a jamais oublié. Il m'en à parler ce soir-là et je lui ai bien évidemment dit que c'était un gros con...

Je l'interromps en levant une main pour qu'il se stoppe :

- Heu écoute tu sais c'était il y a longtemps et de toute façon, je ne peux plus être aimé.

Math n'insiste pas, mais je sens sur moi un regard inquisiteur. Notre conversation s'arrête sur mes mots. Il finit de me soigner, dans un silence de mort. Avant de partir, il me colle un bisous sur la tempe en me souhaitant une bonne nuit puis s'en va. Cette nuit-là, mon sommeil ne vient pas, la douleur à mon genou, puis les révélations de Math et enfin Sandy ... Sur les coups de 4h, j'entends Dash rentré, visiblement pas seul, j'esquisse un sourire en me disant qu'au moins un de nous deux va passer une bonne nuit.

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Voilà pour la suite, heureusement que les vacances sont là, je peux avancer un peu plus vite ;-) XoXo 

TOME 1 // Angels Of Hell : Little Heart  [En cours de Réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant