The other side... - En pause -

- Chapitre 13 -

Je le regardais un instant et lui demandai :

« Où voudriez-vous aller vous balader sous cette pluie ?
- Peu importe ! Juste se balader tous les deux... ce n'est pas souvent que tu as des jours de repos alors tu devrais en profiter...
- Rentrer chez moi me semble une meilleure idée, je peux très bien profiter de mon jour de repos en étant dans mon appart. Et puis je n'ai pas de parapluie. »

Il me montra du regard le sien et je dis dans un soupire :

« Non merci, ça ne m'intéresse pas de partager un parapluie avec vous.
- Mais pourquoi ? Ça ne va pas te tuer quand même ! dit-il dans un grand sourire. »

La dernière fois qu'il a utilisé l'expression "ça ne va pas te tuer" c'était pour que je mange avec sa cuillère.
Ce moment où j'avais l'impression qu'on était bien plus proche qu'en temps normal alors que tout compte fait nous n'étions pas en contact physique.
Cette cuillère était la seule chose qui nous séparait et qui nous rapprochait à la fois.
Et ce regard qu'il m'avait lancé... cette phrase qu'il m'a chuchoté...
Cette expression sorti de sa bouche m'inquiète maintenant.
Veut-il profiter encore un peu d'un rapprochement ?
Pas question que je le laisse faire une deuxième fois.

Je m'avançai donc sous la pluie en disant :

« Si, ça va me tuer, à votre avis, pourquoi n'ai-je pas de parapluie sinon parce que c'est un objet dangereux pour moi ? »

Il fus surpris de ma réponse mais se mit à rire joyeusement.

« Je ne te savais pas capable d'un sens de l'humour comme ça !
- Je cache bien mon jeu, c'est tout, dis-je dans un petit sourire. »

Et nous reprîmes la route vers le salon de thé tout en discutant plutôt tranquillement.
En arrivant devant mon lieu de travail, il sembla un peu perturbé.

« Vous allez bien ? Vous devriez rentrer maintenant... dis-je dans un soupire.
- J'ai dit que je te raccompagnais chez toi... tu n'habites quand même pas au salon ?
- Si vous me le permettez, je ne préférerais pas que vous sachiez où j'habite.
- Je ne suis pas non plus un tueur en série ! Ce n'est pas dangereux de me montrer où tu habites !
- Je ne sais pas ce que vous faites dans votre temps libre... vous pourriez très bien être un homme dangereux. »

Je ne plaisantais qu'à moitié en disant ça.
Je ne connais presque plus rien de lui...
Que fait-il quand il a du temps libre ?
Où aime-t-il aller ?
Quelle est sa saison préférée ?
Et sa famille ?
A-t-il encore de la famille qu'il voit ?
Ce salon... est-ce vraiment un endroit qui lui plaît autant qu'à l'époque ?
Et puis, me mentait-il quand on parlait de lui ?
J'en ai appris bien plus sur lui avec Sara dans ce trajet en voiture il y a presque dix ans qu'en discutant tout simplement avec lui.

Je n'ai plus beaucoup confiance en lui.

« Ne t'inquiète pas, et puis au pire je fermerais les yeux sur le chemin !
- Et au retour vous les ouvrirez, ça ne sert donc à rien. Je rentrerais de mon côté et vous du vôtre.
- Ça me blesse que tu ne veuilles pas que je raccompagne...
- C'est votre problème, dis-je un peu distant. »

Je ne veux pas qu'il puisse avoir de pouvoir sur moi.
Imaginons qu'il puisse venir à l'improviste chez moi, ou qu'il puisse dire à tout moment "fais attention, je sais où tu habites"...
Ah ! Non ! Ça fait bien trop peur !

« Eh bien, si c'est vraiment ce que tu souhaites, alors je vais rentrer moi aussi. »

Il semblait un peu triste.
Mais je ne dois pas avoir de pitié.
Je ne dois pas le laisser m'attendrir avec ses yeux...