18th episode - [Lose myself in memory]

247 35 1
                                    

Droite. Gauche. Tout est noir autour de moi. C'est le vide. Un vide qui semble infini, dans lequel je tombe continuellement – sans jamais m'arrêter. Je chute sans savoir où je vais. Est-ce qu'un jour je pourrais retoucher le sol ? Ou suis-je condamnée à rester dans cette immensité sans fin ? Et s'il y a un fond, serais-je capable de me relever après le choc ?

Je me sens impuissante. Je n'arrive même pas à bouger. Une voix m'appelle – depuis le début. Mais je ne distingue pas très bien à qui elle appartient. J'ai même l'impression que ce n'est jamais la même personne.

— Réveille-toi... Réveille-toi...

Ces deux mots résonnent au plus profond de ma tête. J'aimerais pouvoir le faire. Mais c'est comme si un poids invisible m'empêchait de faire le moindre mouvement. À part mes yeux, tous mes membres sont lourds. Allongée comme si je dormais, je ne peux pas bouger d'un seul millimètre.

On dit souvent qu'après la mort, les âmes s'élèvent vers le ciel. Mais moi, je descends. Une descente aux enfers pour rejoindre Lucifer.

Enfin, celle-ci semble s'arrêter. Je suis bloquée. Je ne tombe plus, immobile sur le dos. En plein milieu de ce vide effrayant. J'ai jamais eu peur du noir, mais là j'avoue que je ne suis pas 100% à l'aise.

Puis, une lueur. Un point de clarté apparaît devant moi – contrastant avec l'obscurité absolue qui m'entourait jusqu'alors. Il grandit de plus en plus, jusqu'à même m'aveugler. Je plisse les yeux pour mieux gérer la lumière qui envahit mon environnement. Mais après avoir passé un laps de temps incalculable dans un endroit aussi sombre, celle-ci est trop forte et m'oblige donc à les fermer totalement.

Lorsque je pense avoir réussi à m'adapter complètement, je les ré-ouvre lentement. J'ai un sursaut. Tout à changé autour de moi. Je ne flotte plus dans le vide. Vu la forme du lit, le nombre de machines qui m'entourent et ces foutus murs blancs ; je ne pense pas me tromper en vous disant que je suis actuellement dans une chambre d'hôpital.

Cependant, je suis debout. Je ne suis pas la patiente. Par un élan de curiosité, je me retourne mais n'ai même pas le temps de voir quoi que ce soit qu'un homme se précipite dangereusement vers moi. Je me prépare au choc en fermant mes yeux ; mais rien. On ne s'est pas touché du tout. J'ai rêvé ? Je refais demi-tour. Non.

Il m'est passé au travers.

Je distingue à présent des pleurs. Un bébé. Et pour être plus précise, un bébé qui vient de naître – et qui pousse son premier cri sur Terre. Je m'approche un peu plus du lit. J'ai un mouvement de recul. Je ne m'attendais vraiment pas à ça. La femme allongée : c'est ma mère. Mais alors... Le bébé qui pleure... Ça ne peut être que l'un de nous deux.

Je suis du regard le maïeuticien꙳ qui porte le nouveau-né dans ses bras. Ses pas sont précipités et il se dirige vers une couveuse, où un deuxième enfant s'y trouve déjà. Et si celui-ci est bien celui auquel je pense, je viens donc d'assister à ma propre naissance. Mais cette fois... De l'extérieur ?

Nos parents nous l'ont souvent répété quand on était plus jeune, mais Keisuke et moi sommes des jumeaux prématurés. En temps « normal », les naissances sont prévues après la trente-neuvième semaine de gestation, soit neuf mois de grossesse – ou encore quarante-et-unième semaine aménorrhée. Cependant, il n'est pas forcément rare de voir des bébés naître avant que la grossesse n'arrive à ce terme.

𝑨𝒏 𝒂𝒏𝒈𝒆𝒍 𝒘𝒊𝒕𝒉 𝒂 𝒔𝒉𝒐𝒕𝒈𝒖𝒏Où les histoires vivent. Découvrez maintenant