Chapitre 2

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Après des journées incessantes de marche sans presque aucun répit et dans un froid infini qui lui brûlait chaque centimètre carré de peau, Remus était enfin arrivé dans ce petit bourg dont son père lui avait parlé.

C'est là qu'il l'avait aperçue sortir des écuries. Il en était resté bouche-bée.

Il en oublia presque les crevasses qui endolorissaient ses mains, le froid polaire que l'hiver apportait sur la Bretagne qu'il sentait passer dans ses poumons comme des lames à chaque respiration qu'il prenait et la douleur qui le terrassait à chacun de ses mouvement.

Elle respirait la grandeur et la perfection. Elle avait tout de son père, le même regard, la même posture fière, le même nez fin et la même allure légèrement désinvolte.

Elle n'avait pas grand chose d'une romaine. Ses cheveux avaient étés coupés jusqu'à ses épaules lui conférant étrangement une allure de jeune chevalier Breton. Selon mon père, il fut un temps où ils étaient très longs et ondulés. Ils brillaient tel un joyau dans cet océan de toc dont était composé le village.

Je me surpris à me demander comment les espions s'y étaient pris pour ne pas la reconnaître à cette prestance qui émanait de tout son être. Comment avaient-ils pu prendre pour un vulgaire paysanne une jeune femme ayant tout d'une princesse délicate. Elle se distinguait dans chacun de ses gestes, dans la fluidité de sa démarche, dans son air franc et espiègle.

Lui-même n'avait eu besoin de la confirmation de personne, dès qu'il l'avait vue, ça avait été une évidence comme s'il ne pouvait en être autrement. Elle était sa petite sœur et elle allait l'aider à devenir un grand conquérant.

Il la suivait en espérant ne pas trop lui faire peur. Il était en général un très bon espion mais il perdait tout ses moyens face à elle et ne pouvait s'empêcher de la contempler. Elle dû se sentir visée car elle l'interrogea d'un regard insistant, ce qui le paralysa, puis s'en fut en une suite de diversions afin de le semer.

Il savait où la chercher et il devait faire vite car parmi les lettres destinées à sa mère, il en avait trouvé une venant d'Aquitaine et même si l'espionne ne se doutait de rien, elle travaillait dans l'atelier de madame Alix avec Arya. Elle courrait donc un très grand risque et il ne faudrait plus longtemps avant qu'elle ne se rende compte de son identité.

Il se dirigea à vive allure vers l'atelier de madame Alix que d'aimables villageois lui avaient indiqué.

Son coeur battait dans ses tempes au fur et à mesure qu'il se rapprochait de l'atelier en question. Il avait l'impression, à chaque pas qu'il faisait, d'être plus anxieux encore qu'avant une bataille.

Il n'avait rien à combattre... Juste un regard à affronter et quelqu'un à convaincre de suivre une personne inconnue jusqu'à un endroit inconnu.

La maisonnette était là, à quelques pas devant lui, dans quelques instants, il frapperait contre l'épaisse porte en bois massif qui le séparait de l'objet de son voyage.
Il pris une grande bouffée d'air froid et leva sa main à hauteur de son torse. Il frappa trois petits coups à intervalles réguliers et entra sans attendre la moindre réponse.

**

Il l'avait retrouvée... Il savait depuis le début qu'il devait venir la chercher à la tapisserie... Elle savait pertinemment qu'elle était perdue mais il lui restait un peu d'espoir. Elle décida donc de se comporter normalement pour ne pas éveiller ses soupçons.

Il portait tellement de peaux de bêtes superposées les unes sur les autres qu'il semblait avoir une peine immense à en supporter le poids.

En fait ce n'était pas qu'une impression. Il n'avait réellement plus assez de forces que pour faire quoi que ce soit. Ses jambes tremblaient, ses grands yeux bleus la regardaient avec un air de supplication et d'admiration comme s'il attendait quelque chose d'elle. Jamais un homme dans un tel état n'aurait pu l'amener à Demetra.

King's DayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant