Chapitre 5

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Un costume digne des plus hauts membres de la cour du roi Jean avait été déposé sur le lit du jeune chevalier de Vannes. La tunique blanche brodée au col et aux manches surmonté d'une cotte pourpre aux épaules bouffantes ainsi que des sortes de bas collants...

Jamais il n'avait compris pourquoi des hommes s'embarrassaient de pareils accoutrements dans les autres royaumes... A Vannes, tout chevalier digne de ce nom portait toujours au moins son plastron ou une cotte de maille, des braies et des chausses sans toutes ces dorures inutiles dont se composait le costume que l'on avait étalé sur son lit.

Certes, le duc l'accueillait à sa table mais ce n'était point là une raison de s'accoutrer de la sorte. Il resterait dans son habit habituel ou du moins, le ferait-il laver par l'une des domestiques. Il irait prendre un bain et ferait sa toilette ce qui lui sembla largement suffisant pour ne pas passer pour un manant.

Il n'était pas habitué à tant de luxe... Sa chambre était bien plus somptueuse que n'importe laquelle des chambres de la forteresse des Ergantis dans laquelle résidait le roi lui-même à Vannes. Le lit à baldaquin et les couvertures en tissus noble ne lui rappelaient rien de familier.

La vie dans son royaume natal les préparait bien plus à la guerre et à l'inconfort que celle-ci occasionne que la vie luxueuse et paresseuse dans laquelle les nobles d'Aquitaine semblaient vivre.

Dès son plus jeune âge, le prince Tristan, lui-même, se levait à l'aube pour suivre ses cours de maniement d'arme et d'équitation.

Dans son royaume, il n'y avait ni dîners mondains, ni bals de printemps, ni d'une quelconque autre saison et l'on ne s'apprêtait pas comme des guirlandes au moindre dîner.

Cam demanda à l'une des domestiques de lui trouver une tunique ressemblante à celle qu'il avait porté durant des semaines et qui était à présent trouée et bonne à jeter, ainsi que des braies et des chausses. Il avait de sérieuses inquiétudes quant à l'extravagance de la tenue que la vieille femme jugerait bon de lui apporter. Elle revînt cependant avec des vêtements tout à fait convenables qui devaient sans doute être l'habillement d'un écuyer moyen ici en Aquitaine. Cela lui convenait à merveille. La luxure n'était pas un péché aussi tentant que l'était la gourmandise d'après lui.

Il se rendit donc sans attendre dans la salle de bain la plus proche et enleva un à un chacun de ses habits avant de se glisser dans son bain.

Alors qu'il se lavait se visage, il repensa à Arya... Il se demanda comment il était possible de vivre avec un secret aussi lourd que celui d'être un enfant illégitime. Les bâtards étaient des fils et des filles de roi encore plus mal vus que les paysans aux yeux des nobles...

Ces pauvres enfants devaient cacher qui ils étaient sous peine de se faire traquer, lyncher, brûler vifs ou encore décapiter par ces gens se disant faire la justice.

Dans le serment qu'il avait fait en devenant chevalier de Vannes, il avait du jurer fidélité et obéissance aux Dieux bons et tout puissants. Mais comment pouvait-on seulement prétendre que tuer des innocents était leur volonté? Les Dieux sont justes mais où était la justice pour la jeune Arya? Où était la justice pour les enfants rejetés par une société entière sous prétexte de leur naissance?

Il devait la retrouver car Tristan, lui, était en mesure de lui rendre la justice qu'elle méritait et il était bien le seul.

Certes, Megan était quelqu'un de merveilleux et il se ferait une joie de la présenter à son prince mais dès qu'il l'aurait déposée à Vannes, où elle souhaitait se rendre, il repartirait à la recherche de la guerrière de l'ombre et la retrouverait même s'il devait y passer des années.

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