Chapitre 3

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Tristan observait sa future femme, Clémence de Bretagne qui était assise à ses côtés comme à chaque dîner.

Ses manières, si élégantes soient-elles, ne l'étaient pas assez que pour détourner les regards de l'épaisseur de ses traits... Elle avait un grand et large nez qui venait gâcher la beauté que ses yeux presque beiges auraient pu apporter à son visage comme une rature sur un parchemin délicatement enluminé.

Son front était rougi sur presque la demi de sa superficie d'une tâche de vin qu'elle avait hérité de son père, feu Brieuc, roi de Bretagne qui lui-même, était d'une beauté fort subjective.

Clémence avait, sans nul doute, pris de son père quand son jeune frère, Yvain, qui était à présent sur le trône de Bretagne, avait tout pris de sa mère, dame Aenor de Galles qui, elle, était une femme tout à fait splendide.

Yvain avait le même âge que le prince de Vannes et ils s'entendaient à merveille.

Pour perdurer l'alliance ancestrale des Royaumes de Vannes et de Bretagne, dame Aenor et le roi Hervé avaient décidé, d'un commun accord, que la princesse Bretonne et le prince de Vannes s'uniraient dès que ce dernier monterait sur le trône mais même si Clémence semblait lui porter une grande admiration, il n'était tout bonnement pas capable de supporter sa compagnie.

Cela faisait presque une semaine qu'il avait envoyé Cam chercher la chef de guerre tant convoitée et celui-ci venait d'arriver à Byzance.
Il lui avait donné des directives très claires: il ne devait en aucun cas mentionner le prénom "Arya" car il ne fallait pas que ce dernier arrive aux oreilles de Demetra. Il devrait la chercher à travers le palais pour commencer en décrivant seulement ses caractéristiques physiques. Pour finir, il la lui ramènerait et il la ferait entrer dans la noblesse de Vannes avant de faire reconnaître son nom partout et de faire d'elle une héroïne!

Il était fier de son plan et entendait le mener à bien.

Dans les jours qui arriveraient, le jeune chevalier lui aurait envoyé son rapport et il savais que ce dernier était assez compétent que pour s'atteler à cette tâche pour le moins fastidieuse.

-Mon amis? l'interpella Clémence après avoir avalé sa viande.

-Oui, ma chère?

-Le bruit qui court voudrait que l'empereur Remus doive ses conquêtes à une mystérieuse guerrière...

-Où avez-vous entendu cela? demanda-t-il interloqué.

Il était fasciné de s'apercevoir à quelle vitesse les rumeurs se propageaient.

-C'est Gwenaëlle, ma femme de chambre qui m'en a parlé! Elle-même l'avait entendu de Adeline, la cuisinière qui est, comme vous le savez sans doute, toujours au courent des derniers ragots! Est-ce que ce qu'on raconte est vrai?

-Je ne penses pas qu'il soit bon pour vous de vous mêler de ce genre d'histoires...

-Je vous en pries! Pour une fois qu'il se passe quelque chose de croustillant! Tous le monde ne fera que parler de cela après demain au bal de l'hiver je ne voudrais pas leur apparaître comme une ignorante.

Tristan réprima avec beaucoup de difficulté la remarque qu'il allait lui jeter et se contenta d'assouvir sa curiosité.

-Nous même n'en savons rien, ce fut pourtant le principal sujet de plusieurs de nos réunions! Mon père, quand à lui, est persuadé que ce ne sont que foutaises et que l'empereur voulait juste se créer une histoire fantastique pour assurer une certaine propagande...

Elle eut un regard déçu.

-Quel dommage... Moi qui aurais tellement voulu croire que dans ce monde existe une femme capable de démontrer que le savoir et l'intelligence ne sont pas le monopole des hommes... Elle serait rentrée dans l'histoire...

King's DayOù les histoires vivent. Découvrez maintenant