Chapitre 29

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UNE SOUDAINE CLAIRVOYANCE

Le père de Rim mourut quelques jours après notre retour, succombant à la Magie Noire qui s'était immiscée en lui, après dix ans de lutte pour sa vie

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Le père de Rim mourut quelques jours après notre retour, succombant à la Magie Noire qui s'était immiscée en lui, après dix ans de lutte pour sa vie. Le deuil s'était abattu sur tout le Mausolée, plongeant ses habitants dans une souffrance palpable. La tension était grandissante, les galeries semblaient plus sombres que jamais. C'était sans doute les mêmes questions lancinantes qui alourdissaient tous les esprits.

Combien se trouvaient encore entre la vie et la mort, combien ne tarderaient pas à être emportés à leur tour ? Combien encore, avant de trouver enfin un moyen de contrer le mal qui les rongeait ?

Le soir-même se tinrent les funérailles. Nous étions nombreux à nous être réunis dans la salle des miroirs, qui ne m'avait jamais parue aussi vaste. Tandis que la pièce ne cessait de se remplir, mon regard parcourait avec empressement la foule lugubre qui s'étendait sous mes yeux. Les visages étaient fermés, les regards baissés. Toutes les têtes étaient coiffées d'une couronne tressée avec les fleurs écarlates des arbres de Mahr. J'en avais moi-même revêtu une qui m'avait été donnée par Naé. Se parer de ces attributs végétaux lors de telles cérémonies était une tradition qu'ils perpétuaient depuis les premiers temps de leur communauté, m'avait-elle expliqué. C'était pour eux un moyen de se sentir au plus près de la forêt qui les avait accueillis, et de s'assurer son éternelle protection. Dans la détresse de ces temps troublés, ils se raccrochaient à cela pour ne pas céder au désespoir.

Enfin, mon regard accrocha la silhouette que je cherchais avec tant d'empressement. Postée au centre de la salle, immobile et digne, Rim gardait les yeux fixés sur le sol de pierre sous ses pieds, sans prêter la moindre attention aux Azeriths qui défilaient autour d'elle afin de lui transmettre leurs plus sincères condoléances. Elle avait troqué sa légère tunique blanche plastronnée contre une robe longue et ample recouvrant l'intégralité de sa silhouette, dont la couleur rouge foncé se confondait presque avec le teint sombre de sa peau. Elle semblait complètement étrangère à la vie qui défilait autour d'elle, comme perdue dans une réalité où seul régnait le chagrin qui s'était si brutalement abattu sur elle, l'envahissant et l'isolant de toute autre chose ayant un jour compté pour elle.

À ses côtés se tenait une femme que je devinai sans peine être sa mère, tant par leur indéniable ressemblance que par le même accablement qui transparaissait de sa personne. Elle aussi, avait le visage de quelqu'un qui venait de tout perdre. Mais son regard à elle était tourné en direction de l'imposant piédestal de pierre dressé au centre de la salle, et sur lequel trônait autrefois la silhouette massive de l'Œil du Loup. À son pied avait été placée une grande paillasse de bois recouverte de draps blancs. Et, sur ce lit improvisé, pouvait se deviner le corps sans vie de l'homme pour qui nous étions tous ici réunis.

Un profond malaise s'empara de moi en contemplant la silhouette décharnée de cet homme au teint grisâtre et aux yeux définitivement clos. Son visage portait encore les marques de la profonde et interminable souffrance qu'il avait dû endurer, durant les derniers jours de son existence. Je n'avais jamais connu le père de Rim, de son vivant, mais le Doyen nous l'avait décrit comme un homme bon et vertueux, apprécié de tous. Il avait été l'un des plus valeureux membres de la garde du Mausolée, avant de ne plus devenir que l'ombre de lui-même sous l'effet de la Magie Noire qui l'avait contaminé, plongeant sa famille dans la plus grande détresse.

LYCHÉRIA Tome 2 - Le Mausolée du LoupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant