Le calme est enfin revenu sur l'Académie de Magie d'Aladris. Les Mages Noires qui terrorisaient étudiants et enseignants croupissent désormais dans les cachots du Ministère. La vie reprend son cours. Mais pour Kaelyra, il est temps de partir.
Accom...
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Ce soir-là, ce fut tremblante et bouleversée que je rejoignis ma chambre, me laissant tomber de tout mon long sur le lit sans même attarder mon regard sur le décor qui m'entourait. Jamais je n'avais vu Gaël dans cet état. Bien au-delà de l'amertume qu'il affichait encore à mon égard, il m'avait laissé entrevoir un visage que je ne lui connaissais pas, profondément marqué par des années de souffrance en solitaire. Lui qui avait pour habitude de ne jamais laisser transparaître la moindre étincelle d'émotion, il s'était retrouvé totalement mis à nu, croulant subitement sous le poids des tourments qu'il avait sans doute toujours refoulés, sans jamais m'en laisser entrevoir ne fût-ce qu'un infime fragment. Je pouvais presque encore sentir les tremblements nerveux de sa main entre les miennes, et la vulnérabilité que j'avais perçue se dégager de lui m'avait profondément ébranlée. J'avais beau de pas comprendre ce qui avait pu le mettre dans un tel état, j'aurais souhaité pouvoir être à ses côtés en ce moment-même. Simplement être là, sans forcément chercher à le faire parler, juste pour lui rappeler qu'il n'était plus seul et qu'il pouvait se reposer sur moi autant que je me reposais sur lui. Mais il avait rejeté mon aide, et je n'avais pas le droit de lui forcer la main. Même si j'en mourais d'envie.
Je laissai échapper un soupir en songeant à l'éprouvante journée qui venait de s'écouler. Notre arrivée en ce lieu, l'accueil inattendu qui nous avait été fait, et plus que tout, la perspective de me retrouver de nouveau confrontée à Monsieur Aranyos après tout ce temps passé hors de son emprise, tout cela me retournait l'esprit, me rendait complètement atone. Je commençais sérieusement à me demander si j'avais pris la bonne décision. Ne m'étais-je pas montrée trop présomptueuse en prétendant être capable de le pousser à me livrer les informations dont j'avais besoin ? Lorsque j'avais pris conscience de sa présence entre ces murs, mon enthousiasme l'avait emporté sur la raison, mais à présent qu'il était retombé, je réalisais que je plaçais sans doute un espoir vain en cet homme sournois qui m'avait trahi et s'était servi de moi pour assouvir ses propres ambitions. Je devais me faire à l'idée qu'il ne ressortirait sans doute rien de cet échange, si toutefois échange il y avait.
Malgré tout, il était trop tard pour reculer. Après être parvenue à convaincre le Ministre en personne de me laisser lui parler, je ne pouvais pas changer d'avis subitement. Je n'avais rien à perdre à tenter ma chance, si maigre fût-elle. Toutefois, mon appréhension ne cessait de grandir à l'idée de l'accueil qu'il me réservait. Il avait sans doute beaucoup changé, après des semaines enfermé dans les prisons du Ministère. Affaibli, privé de ses pouvoirs, condamné à une existence vide et une mort certaine derrière les solides barreaux de sa cellule. Il n'avait probablement plus rien du grand et digne directeur que j'avais côtoyé pendant des mois. Mais j'avais tout de même beaucoup de mal à l'imaginer totalement dénué de cette incroyable prestance qui avait mis le monde entier à ses pieds. Serais-je capable de lui faire face sans me décomposer sous son regard de braise ? Il le faudrait bien.
