Le calme est enfin revenu sur l'Académie de Magie d'Aladris. Les Mages Noires qui terrorisaient étudiants et enseignants croupissent désormais dans les cachots du Ministère. La vie reprend son cours. Mais pour Kaelyra, il est temps de partir.
Accom...
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En cette fin de matinée, ce fut donc ragaillardis que nous quittâmes l'enceinte du Ministère sans un regard en arrière, dignement escortés par Naé, et par trois gardes désignés par leur capitaine pour nous accompagner jusqu'à la Forêt Rouge. Si j'avais tout d'abord été réticente à cette idée, craignant que déployer de tels moyens pour retourner au Mausolée ne portât préjudice à la discrétion des Azeriths terrés aux confins de la forêt, Naé avait toutefois accepté cette aide de bonne grâce. Ce cortège avait l'avantage de mettre à notre disposition des celaris, aide incontournable pour nous aider à transporter Naya, encore trop souffrante pour se déplacer seule, et espérer rejoindre le Mausolée le plus rapidement possible pour la confier aux bons soins des Azeriths.
Alors que nous n'allions plus tarder à arriver dans les environs de la Forêt Rouge, mon regard fut attiré par un petit groupe de bûcherons en train de remonter le sentier au loin. Ils traînaient derrière eux deux imposantes charrettes qui semblaient prêtes à céder sous le poids des tronçons de bois qu'elles transportaient à leur bord, agrémentés çà et là de feuilles d'un rouge écarlate qui m'était bien familier. Tandis que mon regard s'attardait avec curiosité sur l'étrange cortège qu'ils formaient, je perçus du coin de l'œil Naé s'avancer à ma hauteur, pour voir ce qui avait ainsi attiré mon attention.
— Cela ne vous dérange pas de les voir piller la forêt ? m'enquis-je en relevant les yeux vers elle. Vous n'avez pas peur qu'ils finissent par la détruire ? Ou même par trouver le Mausolée ?
— Non, rassure-toi, me répondit-elle avec un sourire amusé. Nous apercevons régulièrement des bûcherons venir récolter du bois, et ce depuis la nuit des temps. Mais ils ne s'aventurent jamais très profondément dans la forêt, par crainte des rumeurs qui circulent toujours à son encontre. Et heureusement pour eux, et pour nous, les arbres de Mahr se régénèrent très vite. Ils ne manqueront jamais de bois pour fabriquer les baguettes qui sont si précieuses aux magiciens de ce monde. Et nous ne nous retrouverons jamais privés de notre forêt, notre protectrice, notre chez-nous.
Il y eut un instant de suspens tandis qu'elle embrassait du regard la silhouette majestueuse de la forêt qui venait d'apparaître dans notre champ de vision, déployant devant nous l'étendue écarlate de sa surface boisée dominant le paysage.
— La Forêt Rouge ne nous appartient pas, reprit-elle avec un sourire contemplatif. Même si elle nous est vitale et que nous la protégeons depuis des siècles autant qu'elle-même nous protège, elle fait partie du continent d'Aladris, par conséquent, elle appartient à tous les êtres qui foulent ces terres. Il en va de la responsabilité de chacun d'en prendre grand soin, et en retour, toutes les richesses qu'elle a à offrir peuvent profiter à tous ceux qui viennent les chercher. Malgré tout ce que nous pouvons lui faire subir, elle a résisté jusque-là, et elle résistera toujours. Elle ne s'éteindra jamais.
Nous étions finalement arrivés à l'orée de la forêt. Nous mîmes tous pied à terre, récupérant nos quelques affaires, prêts à attaquer la deuxième partie de notre périple. Seule Naya resta perchée sur le dos du celaris qui la bringuebalait depuis le début du trajet, Rim à ses pieds pour s'assurer de son équilibre. Il avait été convenu que l'animal poursuivrait la route avec nous jusqu'au Mausolée, après quoi il n'aurait sans doute aucun mal à retrouver seul son chemin vers le Ministère une fois sa liberté retrouvée. Une fois que nous fûmes prêts à reprendre la route, Naé salua respectueusement les trois gardes qui nous avaient escortés en silence, et nous les laissâmes derrière nous pour nous engager entre les arbres.
