Chapitre 4.1

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 Lavande émerge d'un sommeil sans rêve, dérangée par le bruit de Gigi repliant les boîtes de pizza que sa mère avait monté pour la première soirée de leur invitée d'honneur.

– Bonjour, Gigi, bâille-t-elle.

– Ah, j'allais te réveiller ! Tu peux prendre la salle de bain, je t'ai trouvé des vêtements.

– D'accord, merci !

– Ton visage est aussi parfait qu'hier...

– Tu trouves ?

Elle fait la moue et replace inutilement ses boucles améthystes.

– Ah, oui, pour info, continue Gigi, j'ai mis d'autres tenues dans le baluchon blanc.

Elle désigne un sac de voyage au pied de son lit.

– C'est censé être ta valise, explique Gigi.

– Mais, tu n'en auras pas besoin ?

– Non, je ne les ai jamais portés. Du coup, ma mère ignore leur existence. C'est bon pour nous, ça !

– Ducou c'est ta deuxième mère ?

– Euh... mais non, non ! On n'a qu'une mère. Enfin, pour la majorité. Certains en ont deux. Oh, c'est pas simple. Bref, « du coup » c'est une expression pour dire « en conséquence ».

– Je te faisais une blague.

Gigi la considère un instant, le sourcil en accent circonflexe.

– Hilarant, ironise-t-elle. Tu ne le remarques sûrement pas, mais je suis stressée !

Lavande observe les vêtements que Gigi lui a mis de côté.

Au meilleur de sa forme, le compte a permis à Gigi de recevoir en cadeau plein de produits de mode, de beauté et de cuisine. C'était plutôt vers la fin, quand les sponsors se tournaient vers des comptes populaires, et que Gigi n'avait plus à rougir du nombre de ses followers.

– Heureusement qu'hier mes parents n'ont pas capté que tu as débarqué les mains vides.

– T'aurais pu dire que mes affaires étaient restées au lycée.

– Pas bête. Eh, mais tu percutes bien, parfois !

– Je percute ?

– Oui, tu réfléchis bien, tu as de bonnes remarques, quoi.

Gigi ramasse le dernier carton à pizza et l'aplatit du pied pour le faire entrer dans sa poubelle de bureau. Un gargouillis résonne.

– J'en connais une qui a faim !

Mais lorsqu'elle se retourne, elle voit que Lavande est paniquée, sa main est posée sur son ventre.

– Qu'est-ce qui m'arrive ?

Gigi éclate de rire. Voilà qu'elle réalise que Lavande n'est toujours pas allée aux toilettes.

– Viens, c'est normal. Tu as digéré et, si ce que tu manges t'apporte de l'énergie, une autre partie se transforme en déchets et doit être évacuée.

– Quoi ? Oh... ça fait mal...

Gigi l'emmène jusqu'au bout du corridor.

– Là, assied-toi ici, après avoir enlevé ton pantalon, et tu t'essuies avec ça.

Elle sort du meuble un rouleau de papier toilette. Lavande la regarde comme si elle avait prononcé la pire des sentences :

– QUOI ? Non, mais... Oh, aïe !

Démente NarcisseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant