Démente Narcisse

Chapitre 4.3

 Elles sortent sur la pelouse du lycée. Le soleil offre aux lycéens l'occasion de se poser près d'un food-truck qui vend des hot-dog format XXL.

– Comment peut-on manger des chiens ? s'offusque Lavande.

– Mais non, ce n'est pas du chien, c'est de la saucisse ! Eh, mais, tu sais ce que « dog » veut dire !

– Je me rappelle d'un passage de Willy Shakespeare en version originale, c'est comme ça qu'on dit ?

Elles sont coupées. Un autre groupe sort derrière eux, emmené par Zina et Doryan en tête.

– Non, mais cette folle me les brise ! peste Zina. C'est la première fois que j'oublie ma carte de cantine. Je n'y remettrais jamais les pieds ! Pour ce qu'ils nous servent, en plus !

– Il faut une carte pour aller à la cantine ? C'est si grand que ça ? lui demande Lavande.

Une certaine surprise envahit le groupe.

– Non, mais... ah, d'accord, elle est bonne ! s'amuse Zina.

Ils l'observent un instant. Puis, le groupe se dirige vers le food-truck.

– Lavande, on évite de parler aux gens qu'on ne connaît pas. Rappelle-toi, vaut mieux rester discrètes, lui suggère Gigi.

– Ah, oui. T'as pas chaud, comme ça ? Retire ta capuche.

Gigi se laisse faire alors que Lavande lui froisse les cheveux pour leur redonner du volume.

– Le tour est joué ! lance Lavande, sur le même ton que Gigi à la fin de ses démonstrations beauté sur son compte.

Zina les rejoint.

– Vous en voulez, les filles ?

Elle leur tend un sac avec deux sandwichs chauds.

– Mais, pourquoi ? Il ne fallait pas.

– C'est bon, ça ne coûte que 50 centimes, déclare-t-elle en fouettant l'air de ses ongles vernis d'un mimosa brillant.

– Pour ce repas... équilibré... marmonne Doryan.

Gigi étire son plus grand sourire... intérieur. Doryan a changé depuis l'année dernière. Les grandes vacances ont été l'occasion de faire tomber, enfin, son appareil dentaire, sa peau ne semble plus connaître de poussée d'acné et sa nouvelle coupe de cheveux le rend plus adulte.

– Je peux m'asseoir ?

Zina n'attend pas de réponse et se pose sur la même marche qu'elles.

– Donc, c'est toi, Lavande ?

Au lycée Emma Bovary, les nouvelles vont vite aussi. Il suffit d'une story.

– Dis, faudra que tu me donnes la marque de ton fond de teint.

– HumHUM !

La jeune adolescente sursaute, puis la scrute, ne sachant pas interpréter ce « humHUM ».

– Il est magique ! On pourrait croire que tu te balades avec un filtre sur la tête !

– HumHUM !

– C'est quoi son problème ?

Lavande observe Gigi, puis ajoute :

– Je ne suis pas en café.

Gigi mord dans son sandwich, l'air de rien.

– C'est ton truc, l'humour. Oh, j'adore ce sac vintage, tu l'as eu où ?