Démente Narcisse

Chapitre 19.1

Quelques jours plus tard

Ding Dong !

Dans sa robe de fée maudite, Gigi foule le tapis jusqu'à la porte d'entrée. Zina, Doryan, Lavande, Cris, Timéo et Jasper sont là, tous déguisés, pour la soirée Halloween en ce début de vacances scolaires. Sa mère lui a donné la permission de minuit, et surtout des recommandations par dizaines pour retrouver la maison impeccable lorsqu'elle reviendra de chez sa meilleure amie.

‒ Joli ! Qui t'as maquillé ? demande Zina en rentrant.

‒ C'est moi !

‒ C'est trop beau ! Le doré dans tes cheveux, c'est canon ! Tu devrais encore les laisser pousser, ils sont trop beaux !

Zina est en loup-garou, affublée d'un pull XXL effet fourrure jaune poussin. Elle croche Doryan qui sourit à pleines dents.

‒ Salut, Gigi ! J'ai l'impression que ça fait longtemps qu'on s'est vus !

‒ Hey, Doryan. C'est vrai qu'on a pas eu l'occasion de se parler cette semaine. Faut rattraper ça !

Elle prend les sacs de boissons et bonbons qu'il lui tend.

‒ Vous pouvez poser les manteaux sur la banquette ou sur la barre d'escalier.

‒ C'est sympa chez toi. Et niveau déco, on est pas mal ! dit Zina.

Avec sa mère, Gigi a simplement ajouté des fausses toiles d'araignée dans le salon et la cuisine, égayés de mini lanternes en forme de citrouilles. Une musique de Danny Elfman s'échappe de la platine de vinyles.

‒ Vintage, j'adore !

Pour l'ambiance, Gigi a invité des connaissances de Zina et Doryan, qu'elle avait déjà croisé chez la jaune adolescente.

‒ J'ai servi plein de verres de sodas. Servez-vous ! Lavande, tu m'aides pour les plats ?

Le diadème de givre de Lavande s'affaisse alors qu'elle hoche la tête. Les deux adolescentes se retrouvent dans la cuisine.

‒ Comment tu vas ?

‒ Bien. Bien, je te jure.

‒ Pourquoi tu ne m'appelles pas ?

‒ Je n'aime pas le téléphone. Ça m'agresse.

‒ Ah...

‒ Besoin d'aide, les filles ? demande Doryan.

Gigi trouve que sa boucle d'oreille en forme de sabre le rend encore plus sexy.

‒ Tiens, j'ai blindé celui-là de chips.

Il saisit un saladier de verre plein à ras-bord et retourne dans le salon.

‒ Qu'est-ce que tu ne me dis pas ?

‒ Je... je crois que j'aimerais bien venir revivre ici.

‒ Oh... moi aussi, j'aimerais bien. Tu me manques.

Zina les rejoint. Elle a ôté son gilet.

‒ Bon, Gigi. Quoi de neuf ?

‒ J'étais certaine qu'en me dénonçant, ça changerait quelque chose pour Lavande, mais non. Rien... J'ai assumé, ma culpabilité s'est envolée, et le proviseur m'a enfin adressé un sourire quand il a vu que les cours particuliers que je donnais au sixième se passaient très bien.

‒ Et Lavande aimerait vivre ici.

‒ Tu nous as entendu ?

‒ Non, je vois bien que c'est moins sympa chez moi. Quand mes parents sont là, elle doit se cacher, rester seule. Je la dissimule dans ma chambre parfois, pour passer une soirée, mais on va finir par se faire griller...