𝓉𝒽𝒾𝓇𝓉𝑒𝑒𝓃.

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If you believe it's in my soul
I'd say all the words that I know
Just to see if it would show
That I'm trying to let you know
That I'm better off on my own

22 Février 2023, Los Angeles, États-Unis.

Aujourd'hui sonne la reprise du travail pour moi. Je dois me rendre dans le centre-ville pour faire les photos pour la couverture de mon album. Je traine des pieds jusqu'à la cuisine où Charlie est déjà en train de préparer le petit déjeuner. Je dors mal, très mal, et ce n'est pourtant pas la faute du brun qui me serre contre lui tous les soirs en fredonnant des chansons. Il faut que je me sorte Owen de la tête une bonne fois pour toute, et quoi de mieux que de s'occuper l'esprit avec la sortie imminente de mon premier album.

J'avale mon petit déjeuner d'une traite et dépose un baiser sur la joue du guitariste avant d'attraper mes clés pour descendre l'allée à toute vitesse. La voiture que mon agent m'a commandée m'attend déjà de je m'engouffre à l'intérieur en m'excusant pour mon retard. Il est encore tôt et le soleil se lève à peine sur LA. Je descends ma fenêtre pour respirer l'air frais du matin et me remettre les idées en place.

C'est une des premières fois que je me fais prendre en photo dans un studio avec des professionnels. Bien sûr il y a eu les photos de promo pour Julie and the Phantoms mais ce n'était pas pareil, j'étais toujours entourée des autres acteurs et je dois dire que Savannah m'aidait beaucoup à me détendre. On peut dire que je remarquais à peine les appareils photos tant nous rigolions. Elle me manque, il faudrait que je l'appelle.

Une fois arrivée au studio je me laisse guider par le staff dans les couloirs sombres et je passe par l'habillage, le maquillage et la coiffure pendant ce qui me semble être une éternité. Bien que mon manager ait pré-sélectionné plusieurs tenues le choix final m'appartient et je dois bien avouer que ce n'est pas une mince affaire. Après plus de deux heures de préparation je suis enfin prête, enfin en ce qui concerne mon apparence physique, car mentalement c'est autre chose.

Le photographe soupire pour la quatre-vingt-douzième fois depuis que nous avons commencé à shooter et réclame une pause, plus pour moi que pour lui. Je m'affale sur le fauteuil qui porte mon nom tandis que les maquilleuses retouchent mon visage qui doit être parfait. Je ne pense pas qu'une seule des photos que nous venons de prendre ne soit acceptable pour l'album... Je n'arrive pas à me détendre devant l'objectif malgré les conseils et la gentillesse de l'équipe qui m'encadre. J'attrape mon téléphone pour appeler Savannah à l'aide mais me ravise, si je n'arrive même pas à travailler seule je ne donne pas cher de ma carrière. Cette fois c'est à moi de soupirer.

- Alors comme ça on a du mal à se remettre dans le bain ? m'interroge une voix que je ne connais que trop bien.

Je lève les yeux vers son visage d'ange et lui adresse un sourire triste, il est encore une fois venu me sauver.  

- Qu'est-ce que tu fais là Charlie ?
- Apparemment tu n'arrives pas à te détendre alors ils ont appelé le meilleur clown qu'ils connaissent.

Il me prend dans ses bras et dépose un baiser sur mon front ce qui a le don de me détendre automatiquement.

- Prête ? me demande le brun en me tendant sa main.

Je hoche la tête en signe d'approbation, décidément, cet homme est toujours là pour me sauver.

J'ai tellement ri que j'en ai mal au ventre. Le reste de la séance est passé à toute vitesse et au vu du sourire qu'affichait le photographe quand nous sommes partis je pense qu'il y a quelques photos potables parmi toutes celles que nous avons faites. Alors que je discute avec Charlie dans la voiture il sort de l'autoroute vers une direction que je ne connais pas.

- On va où ? je lui demande alors.
- Surprise, répond-il avec un sourire malicieux.

Je me laisse guider sans poser de questions, sachant pertinemment qu'il ne sert à rien de discuter avec le guitariste quand il a une idée dans la tête. Alors que je vois les minutes défiler sur le tableau de bord Charlie s'arrête près d'un sentier et tire le frein à main. Je l'interroge du regard et il me répond :

- Descends, on va marcher un peu.

Je le suis sans un mot et glisse ma main dans la sienne une fois arrivée à sa hauteur. Nous marchons dans un silence apaisant pendant vingt bonnes minutes avant que le guitariste ne se stoppe net. Je relève le regard vers lui et un grand sourire s'affiche sur son visage tandis qu'il regarde l'horizon. Je tourne la tête à mon tour et découvre un paysage à couper le souffle, nous sommes en hauteur avec vue sur une petite cascade qui serpente à travers la forêt, cet endroit est incroyable.

Je sors de mon émerveillement quelques minutes après et me tourne à nouveau vers le brun qui a fermé les yeux et profite de la caresse de l'air frais sur son visage. Il a l'air tellement apaisé. Je sais que Charlie est un amoureux de la nature, mais j'ai peu souvent eu l'occasion de le voir ainsi. On était toujours sur la route, en tournage ou à courir partout sans vraiment profiter des paysages qui s'offraient à nous. Alors que je suis toujours en train de le fixer, le guitariste affiche un sourire moqueur sur ses lèvres.

- Je sais bien que je suis irrésistible mais si tu pouvais arrêter de me reluquer deux secondes et profiter du paysage ça te ferait beaucoup de bien.

Je lui enfonce mon coude dans les côtes en rigolant et concentre mon regard sur la splendeur de la nature qui s'ouvre devant nous. Je sens Charlie presser ma main dans la sienne pour que je le suive un peu plus bas sur le sentier. L'endroit est escarpé et je dois me tenir de toutes mes forces à son bras pour ne pas tomber alors qu'il cavale, plus à l'aise que jamais. Nous nous arrêtons quelques mètres plus bas près d'un rocher où le brun m'aide à grimper et nous installons en silence bercés par le chant des oiseaux et l'eau qui s'écoule de la falaise. Je pose ma tête sur l'épaule du guitariste et respire l'air frais du mois de février. Il est encore tôt dans l'après-midi mais la température baisse vite à cette période de l'année et je serre contre moi ma doudoune préférée.

- Tu as froid ?

Je secoue la tête négativement ce qui ne l'empêche pas de passer son bras autour de mes épaules. Je souris intérieurement, je ne vois même pas pourquoi il se donne la peine d'ouvrir la bouche s'il sait déjà tout ce que je pense. Les minutes défilent dans le silence reposant et je crois que je vais m'endormir quand Charlie se lève subitement.

- Qu'est-ce qu'il y a ? je l'interroge.
- Il se fait tard, on rentre.

Il me soulève devant lui pour m'aider à remonter et nous marchons en silence jusqu'à la voiture. Je suis trop fatiguée pour me demander pourquoi nous sommes partis si précipitamment. Le brun m'ouvre la portière de la voiture et je m'engouffre à l'intérieur, attendant qu'il mette le contact pour me réchauffer. Une fois le moteur allumé je me blottis dans le siège, à peine cinq minutes plus tard je sombre dans un sommeil sans rêve.

Deux bras puissants me soulèvent et je m'y blottis, encore dans les vapes. Je suis à peine consciente de ce qu'il se passe autour de moi, je sais juste que je me suis rarement sentie aussi bien. Un souffle chaud me caresse le crâne et des lèvres se posent sur mon front. Je sens qu'on me dépose sur un lit mais les bras ne me quittent pas, me serrant plus fort encore. Je marmonne dans un demi-sommeil à l'intention du brun.

- Je t'aime Charlie, merci de prendre soin de moi comme tu le fais.

Je n'entends pas sa réponse, qui aurait sans doute achevé de me réveiller pour de bon, emportée par la fatigue accumulée depuis des mois. Pourtant, une part de mon subconscient arrive à capter cette phrase, dont je ne me souviendrai pas au réveil.

- On protège toujours les gens qu'on aime, et moi je crois bien être l'imbécile qui est tombé amoureux de toi.

𝐄𝐃𝐆𝐄 𝐎𝐅 𝐆𝐑𝐄𝐀𝐓.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant