Chapitre 2 - Mine de rien

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Arrivée à la cantine c'est la déception, ma confidente n'est pas là. Quant aux deux autres, ils sont déjà attablés et en train d'attaquer le dessert au moment où je m'assois près d'eux. Bon on sait jamais, peut-être que l'un des deux connait mon nouveau voisin de bureau.

– Salut les mecs ! Bonne ap !
– Merci.
– Merci. Toi aussi.
– Elle est pas là Carole aujourd'hui ?
– Nan, elle pose toujours une semaine pour la fête de la musique. Son frère fait partie d'un groupe de zicos qu'elle aide pour ce genre d'occasion.
– Ah. D'accord. Elle a dû penser m'en avoir parlé ou alors j'ai pas fait gaffe. C'est pas grave. Pendant que je vous tiens les gars, vous connaissez le petit nouveau à côté de moi ?
– Antoine ?
– Euh... si c'est le beau brun qui s'est assis ce matin à ma gauche je dirais oui. Pourquoi vous riez bêtement ?
– Antoine, ce gars-là il est arrivé bien avant moi et Carlos. J'ai jamais entendu le son de sa voix alors ça m'étonne même pas que tu l'aies jamais capté. Tu sais, la mieux placée pour t'en parler ce sera Carole. Ils se connaissaient avant de bosser ici, c'est lui qui lui à trouvé ce job.
– Bon je sais au moins son prénom c'est déjà ça. Merci les gars.

C'est de pire en pire. D'habitude je suis pas si curieuse mais c'est si intriguant. Alors maintenant que je sais que Carole connait bien cet homme ça ne fait qu'aggraver la chose. Laurène détective privé prend la relève ! Tant pis pour le déjeuner je peux pas attendre. Je vais l'appeler.

– Désolée mais je vais vous fausser compagnie. J'ai pas mal pris de retard ce matin alors je grignoterai un truc à la pause. A tout à l'heure les mecs.
– Yes, pas d'soucis Laurène.
– A plus.

Et me voilà sur la terrasse fumeur toute excitée comme une ado en composant le numéro de Carole. Répondeur... Grrrr ! Bon tant pis ça attendra demain.

Ou pas !!! Elle me rappelle !

– Caro ?
– Ouais Laurène. Excuse-moi, je viens de voir que j'avais complètement oublié de te dire que j'étais pas là cette semaine.
– Pas grave, t'inquiète pas, Eric et Carlos m'ont filé l'info tout à l'heure.
– Ah ok c'est cool. Tu m'appelais pour un truc au fait ?
– Oui mais tu me promets de pas te moquer de moi ok ?
– Si tu veux. Je me moquerai pas plus que d'habitude quoi... Allez vas-y balance !
– Je suis tombée sous le charme d'un mec ce matin au taff. Les gars m'ont dit que tu le connaissais bien alors j'ai pensé que tu pourrais m'en dire plus. Le pire c'est qu'il bosse à côté de moi depuis des semaines sans jamais l'avoir remarqué, c'est dingue.
– Antoine ?
– Oui c'est ça.
– Oublie ma grande. C'est mort.
– Mais pourquoi ? Il est gay ?
– Oh la non ! Loin de là. Mais oublie-le. Continue à faire comme s'il n'existait pas. Fais-moi confiance. Je voudrais bien t'expliquer plus en détail mais pour le moment fais ça pour moi. Laisse-le. Promis je te dirais tout dès que je rentre.
– Mais Carole ! Tu peux pas me laisser comme ça. Pitié, c'est cruel.
– Tu t'en remettras, allez vas bosser. Je dois retourner aider mon frère moi. Oublie-le c'est un ordre.
– Mais non mais.... !

Oh mais Fuc#$& ! Elle peut pas me faire ça à moi. Je vais devenir folle. C'est comme de dire à un enfant de ne pas sauter dans une flaque d'eau. C'est pire maintenant. Je dois savoir. Retournons bosser avant de se faire griller déjà.

Il n'a pas bougé d'un millimètre. Tellement silencieux et concentré que je me pardonne cette erreur de ne pas l'avoir vu plus tôt. Allez courage, sauvons ce pauvre garçon en détresse. Si je ne l'aide pas il va finir par écrire avec le moignon de sa main.

– Pardon. Je veux pas vous déranger mais tenez, j'en ai toute une boite.
– Oh. Merci. J'éviterai de le casser celui-là. C'est gentil.
– C'est rien. J'en ai assez pour tenir un siège.

Un demi-sourire gêné suivi d'un silence pesant.

– Ok, c'était pas drôle... autant pour moi. Bonne journée Antoine.

Son visage se décompose. Mais quelle C#$&... je suis !!!
Laurène tu viens de tout foutre en l'air... n'importe quoi ma fille. Voilà ce que c'est de faire la maline. Il va carrément se cacher maintenant. Tssss...

– Bonne journée. Merci pour le crayon.

Comme pour confirmer mes craintes le voilà de nouveau luttant pour écrire avec son crayon microscopique.

Finissons vite cette journée avant que je fasseencore plus de dégâts.

Le biscuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant